Abigail Lapell

Abigail Lapell à la Casa Del Popolo | Folk de belle facture

C’est dans la confinée Casa Del Popolo, toujours aussi scintillante sous son plafond d’argent, qu’Abigail Lapell a dévoilé son récent album Hide Nor Hair. Un moment folk de belle facture de la part de cette artiste tout droit venue de Toronto qui a eu le mérite d’apaiser les mœurs du quotidien en proposant une musique sincère digne des grands standards du genre.

Presque cinq années après la sortie de son remarqué premier opus Great Survivor, Abigail Lapell a profité de sa venue à la Casa del Popolo pour présenter mardi soir son nouveau disque Hide Nor Hair au public montréalais. Produit par Chris Stringer, qui a notamment collaboré avec Timber Timbre et Ohbijou, ce nouvel album de la multi-instrumentiste torontoise dévoile dix titres de pur folk composés avec justesse puisque l’on y trouve à la fois des ballades paisibles jouées au piano ou à la guitare mais aussi des collaborations plus rythmées où se mêlent violon, basse et batterie. Restait maintenant à savoir comment l’artiste allait présenter son subtil mélange dans cette mythique salle toujours à l’affût d’artistes émergeants de la scène locale et internationale.

C’est donc face à une demi-douzaine de tables occupées et quelques personnes assises au sol qu’Abigail Lapell s’installe seule sur scène après la délectable performance du duo Chesley Walsh, puis celle émouvante de Partytime. Robe à fleurs et Gibson à la main, elle a le sourire aux lèvres malgré la faible assistance ce soir-là. Mais ça ne semble pas la déranger. Très à l’aise, elle côtoie ce public attentif comme elle le ferait dans un café du coin, conférant à la Casa cette singulière magie de proposer de l’authenticité pure par sa programmation souvent audacieuse.

abigail-02-grand

Intimiste et sincère, la performance de l’Ontarienne s’avère souvent mélancolique puisque son timbre de voix nous fait voyager, s’imaginant sans peine autour d’un feu de camp sur les berges d’un lac du Grand Ouest. Le récital de son dernier album est une réussite malgré certains défauts techniques de sa guitare qui faussent la performance. C’est notamment par Diamond Girl qu’on s’introduit dans l’univers d’Abigail Lapell. Un monde de douceur auquel on s’attache progressivement, attendant même avec impatience les prochaines chansons qui seront jouées. Certains ferment même les yeux, comme pour s’évader du quotidien en se laissant transporter par ce flot incessant d’harmonies joyeuses.

Rare sont d’ailleurs les moments où la chanteuse s’enflamme sur son instrument à cordes puisqu’à l’exception des rythmées Night Bird and Morning Bird et Murder City, le répertoire s’exprime avec finesse au gré des vocalises de cette compositrice hors-paire qui se surpasse même sur la fabuleuse Indigo Blue.

La musique folk que l’on connaît depuis l’avènement de talents tels que Dylan ou Mitchell a connu évidemment des évolutions variées dans sa manière d’être exprimée. Il y a eu par exemple des manières contemporaines de l’aborder comme l’a démontré Bon Iver sur son récent 22, A Million. Mais à l’image du concert d’Abigail Lapell, le mariage classique que l’on affectionne toujours autant semble intemporel puisque bien souvent, une simple guitare affublée d’une voix enchanteresse suffit pour dégager chez l’auditeur des émotions fortes. Et pour beaucoup, ce fût le cas à la Casa ce soir-là.

Site officiel de l’artiste : www.abigaillapell.com

Vos commentaires