Alabama Shakes à Toronto | Performance sans fautes, mais une salle peu appropriée

La formation soul Alabama Shakes était de passage mercredi soir au Air Canada Centre de Toronto pour promouvoir son plus récent album, Sound & Color, lancé au printemps dernier. Dans un aréna qui était loin d’être plein, mais devant un public très enthousiaste, le groupe a offert une prestation pratiquement parfaite, mais qui ne semblait pas vraiment adaptée à ce genre de salle.

Nous avions gardé le souvenir d’un spectacle plutôt rock ‘n’ roll de leur passage à Echo Beach (un site en plein air de Toronto) en juin 2013. Mais puisque le nouvel album est majoritairement lent, sensuel et davantage soul que rock, c’est à ce genre de spectacle auquel la foule a eu droit mercredi soir. Et ça semblait un peu trop intimiste pour l’endroit.

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Photo par Stephen McGill / Sidewalk Hustle. Plus de photos par ici : http://bit.ly/1KBKtKF

Devant un simple rideau où ont été projetés au cours du spectacle quelques designs abstraits, Brittany Howard a fait son entrée, suivie des autres musiciens, sous de chaleureux applaudissements. Vêtue d’une longue robe fleurie, elle a mené le groupe dans une superbe performance de Future People. Trois choristes accompagnaient le groupe, ainsi qu’un claviériste/percussionniste. Hang Loose et Dunes ont immédiatement suivi, au grand plaisir des amateurs.

Appréciation discrète

Bien que seuls quelques petits groupes éparpillés se levaient debout et dansaient dans les sections assises,  et que le reste du public est resté plutôt sage tout au long de la soirée, on pouvait sentir une réelle appréciation de la part du public. Brittany Howard a fait preuve d’un talent immense, atteignant toutes les notes présentes sur les deux albums de la jeune formation et chantant avec une voix monumentale, se méritant ainsi les applaudissements des gens à chaque chanson.

Certains titres ont semblé être joués plus lentement que les enregistrements, notamment I Found You. Peut-être n’était-ce qu’une impression, mais le début du spectacle – les trente premières minutes – ont paru plus mollassonnes que le reste.

Heartbreaker fut un excellent moment de la soirée. Le groupe s’est montré extrêmement précis dans son exécution : les roulements de la batterie, les arrêts et reprises de la musique, etc.  Il y avait une bonne communication non verbale sur scène, et ça se traduisait dans les performances qui étaient d’une très grande justesse.

Brittany Howard a laissé sa guitare électrique un moment pour chanter la très jolie Joe, supportée par la basse de Zac Cockrell, la batterie de Steve Johnson et l’orgue de Ben Tanner. Performance vocale sublime, et l’un des plus beaux moments de la soirée.

 

Peu de place à la folie

Ceci dit, les sentiments qui nous habitaient au cours de la soirée nous portaient à croire que ce spectacle doit être exactement le même d’une ville à l’autre, une copie conforme sans la moindre surprise. Une machine parfaitement huilée et rodée, et qui ne déroge jamais des versions enregistrées, qui ne s’adonne jamais à l’improvisation, à laquelle il manque un grain de folie.

Et la salle, l’aréna, n’étant pas un lieu de spectacle idéal en soi, avec un son correct sans plus, ne semblait pas appropriée pour ce type de concert intimiste, voire sensuel. Comme si une partie de l’énergie qui provenait de la scène se perdait dans la trop grande salle dont certaines sections étaient à moitié vides. Le spectacle était superbe, mais ça ne faisait pas tout à fait vibrer.

Ce qui n’a pas empêché certaines personnes de sortir les briquets pendant This Feeling, que Howard a présentée en disant que les paroles reflétaient ce qu’elle ressentait sur cette scène à ce moment-là.

Le spectacle a repris un peu de rythme avec l’excellente Always Alright, qui fut suivie par la très populaire Hold On, que la salle entière a entonnée.

L’énergie est retombée un peu pendant Gemini, mais le jeu de guitare de Howard s’est avéré électrisant, combiné à sa performance vocale sans fautes, où la chanteuse était accompagnée du choriste masculin. Et que dire du jeu d’orgue – génial.

Au rappel, le groupe a joué Sound & Color, pour enchaîner ensuite avec You Ain’t Alone, pendant laquelle le groupe a une fois de plus démontré sa maîtrise musicale et sa synchronisation lors des arrêts répétés durant la pièce. La batterie, la basse, les guitares, le clavier – il y a une synergie chez ces musiciens qui se traduit sur scène en une forme de magie.

Le spectacle s’est conclu avec la douce Over My Head, pendant laquelle Brittany Howard a un peu dansé. Elle a affirmé avant la chanson qu’elle n’était pas très douée pour parler en public, « mais par contre je peux chanter pour vous ». Oh que oui, pour chanter, ça, elle le peut! Et la chanteuse a semblé grandement apprécier l’énergie de la foule tout au long de la soirée.

Une salle moins grande, plus remplie, ou un lieu extérieur plus électrisant aurait probablement été plus approprié pour ce spectacle, mais au niveau de la performance il n’y a rien à redire : Alabama Shakes fait preuve d’une immense maîtrise de sa musique, et le talent de chanteuse de Brittany Howard est époustouflant.

 

July Talk

Lorsqu’il est question d’un spectacle des Torontois July Talk, le mot d’ordre est « imprévisibilité ». On ne sait jamais à quoi s’attendre de la part de Peter Dreimanis, guitariste et chanteur du groupe, et surtout de Leah Fay, chanteuse et experte en espiègleries. La jeune femme, vêtue d’une jupe blanche et d’un t-shirt noir, n’a cessé de faire aller ses jolies jambes et de danser et de sauter et de se jeter par terre tout au long de la prestation.

Photo par Stephen McGill / Sidewalk Hustle. Plus de photos par ici : http://bit.ly/1KBKtKF

Photo par Stephen McGill / Sidewalk Hustle. Plus de photos par ici : http://bit.ly/1KBKtKF

« Ceci est un rêve qui se réalise pour nous » a révélé Dreimanis, visiblement heureux d’être sur cette scène, avant de lancer la formation dans d’énergiques prestations des chansons du premier album homonyme, telles que Guns & Ammunition et Summer Dress, ainsi que des pièces tirées du EP For Your Bloodshot Eyes Only, comme Blood + Honey et Gentleman, au cours de laquelle Leah Fay a semblé (de notre point de vue) monter sur les épaules de certains membres du public dans les premières rangées du parterre.

Le groupe semblait trop petit sur cette grande scène, mais l’énergie qui se dégage de July Talk est toujours contagieuse. Au fil des ans nous les avons vus dans un tout petit bar où il n’y avait que quelques dizaines de personnes, ainsi que dans des festivals et des salles de diverses tailles, et le groupe livre toujours la marchandise avec force et brio, ce qui fut le cas encore mercredi soir.

Paper Girl fut très bien reçue et chantée par une bonne partie du public, et nous avons très hâte d’entendre le deuxième album (que le groupe enregistre présentement), car les nouvelles chansons qui ont été présentées sont très prometteuses, dont une en particulier, The Night, qui possède un rythme dansant, presque disco, très entraînant.

Malgré le son pourri, qui nous a semblé pire que celui d’Alabama Shakes, la prestation s’est avérée dans l’ensemble plus jouissive, dû en partie au degré d’imprévisibilité de Leah Fay et au simple plaisir que procure la musique de ce groupe électrisant et original.

Liste des chansons – Alabama Shakes

1.Future People
2. Hang Loose
3. Dunes
4. Rise to the Sun
5. I Found You
6. Guess Who
7. Heartbreaker
8. Joe
9. Miss You
10. Shoegaze
11. The Greatest
12. Gimme All Your Love
13. This Feeling
14. On Your Way
15. Always Alright
16. Hold On
17. Don’t Wanna Fight
18. Gemini

Rappel

19. Sound & Color
20. You Ain’t Alone
21. Over My Head

 

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