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Alt-J à la Place Bell | Harmonie sonore et visuelle

Deux ans après leur dernière venue à Montréal dans le cadre du festival Osheaga, Alt-J faisait escale dans la toute nouvelle Place Bell de Laval. Et le trio britannique a réussi un concert presque parfait dans une salle tout à fait adaptée à leurs besoins techniques et sonores.


Pour les Montréalais, Laval c’est déjà trop loin. Mais la venue d’Alt-J les poussent à franchir la Rivière des Prairies pour découvrir la fraîchement inaugurée Place Bell.  Utilisée comme patinoire pour le Rocket de Laval, la Place Bell réussit le difficile pari d’être également une bonne salle de concert. Car oui, si son imposant cousin le Centre Bell est parfois critiqué (grandeur, visibilité, son…), la Place offre quant à elle une qualité visuelle et auditive plus qu’acceptable aux 8000 spectateurs. Le choix d’Alt-J pour poursuivre la série de concerts initiée par Scorpions en septembre était d’ailleurs judicieux : un groupe connu qui ne nécessite pas d’installations pharaoniques mais qui offre un son exquis comme en témoigne leur dernier LP Relaxer.

 

Un visuel de qualité

Après une première partie soutenue par la remuante Bishop Briggs, le rideau noir tombe. Face au public, trois espaces séparés par des barreaux verticaux se dévoilent. La mise en scène est simple et met en évidence les trois instruments sur lesquels le trio anglais jouera ce soir-là. Seulement, elle empêchera les interactions entre les musiciens, comme s’ils évoluaient finalement en vase clos…

Venus jouer en grande partie leur album sorti l’été dernier, Joe Newman (guitare/voix), Thom Green (batterie) et Gus Unger-Hamilton (claviers/voix) ont toutefois détonné pendant une heure et quart. Réputés pour des performances scéniques jusqu’alors parfois moyennes, les gars de Leeds ont maintenant assez d’assurance lorsqu’ils occupent les scènes.

3WW inaugure donc ce spectacle par une parfaite entame instrumentale qui laisse aux nombreux spectateurs une courte occasion de s’imprégner de l’univers particulier du trio. Tout cela, c’est avant qu’intervienne cette voix fragile, parfois vacillante, de Joe Newman. Niveau son, la patte Alt-J est bien présente avec ces subs de basse et cette pointe de réverbération à la guitare. Le visuel est quant à lui d’ors et déjà magnifique puisque les barres lumineuses blanches s’entremêlent avec d’autres orangées. D’ailleurs, le mariage de la rythmique avec les éclairages est assez majestueux et le sera tout au long du spectacle.

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Le batteur Green comme maillon fort

S’ensuivent de belles interprétations issues des trois albums sans exceptions (Something Good, Tesselate, Deadcrush) avant que les subtiles notes de Nara fassent définitivement lever la foule dans les gradins. L’interprétation est belle et si on regrettera généralement un manque de puissance et précision dans la voix de Joe Newman, Alt-J peut s’appuyer sur le génial batteur Thom Green. Parce qu’il faut le dire : ses variations rythmiques conjuguées à l’utilisation parcimonieuse des samplers sont exquises. C’est lui qui donne d’ailleurs l’impulsion nécessaire pour rendre la suivante In Cold Blood un vrai instant rock.

Puis sur Dissolve Me et surtout Matilda, Gus Unger-Hamilton peut se réjouir de voir depuis son clavier un public lavallois particulièrement enthousiaste lorsque celui-ci reprend en chœur ‘’This is from… this is from Matilda’’. Des moments solennels malheureusement gâchés par une poignée de jeunes filles plus occupées à crier sur leur vidéo Snapchat qu’écouter les harmonies chantées par le pianiste et guitariste. Dommage.

 

Une belle montée en puissance 

Malgré un ordre des chansons discutable (Nara puis In Cold Blood qui ne s’accordent pas), la seconde partie du spectacle montera en intensité et sera plus cohérente. Il y a d’abord ces grandes pièces que sont The Gospel of John Hurt ou Pleader. Pas des plus acclamées, leurs tintes de rock progressive aux ambiances variables font toutefois de ces titres des pièces centrales du set. D’ailleurs, la mise en scène du refrain de Pleader sur une intense lumière blanche se combine parfaitement aux élévations presque religieuses de la voix de Newman.

Ensuite, il y a les magnifiques Taro ou Adeline, une touchante ballade qui entraîne une marée de cellulaires à s’éclairer pour le plus grand plaisir de Gus Unger-Hamilton qui remercie dans un excellent français. Le set se termine finalement par une prestation tout en puissance de Fitzpleasure. Les décibels explosent et le public en redemande. Ce sera aux succès commerciaux Left Hand Free et Breezeblocks de clôturer ce spectacle calibré et fort esthétique sous une énième grosse participation des spectateurs.

« Please don’t go, I love you so» répète inlassablement le public. Et c’est sûrement ce qu’il voulait à la fin : ne pas voir partir ces trois gars et leur univers musical si évasif…

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