András Schiff

András Schiff à la Maison Symphonique | Tour de magie avec l’OSM

András Schiff, musicien hongrois né à Budapest en 1953, est tout simplement l’un des plus grands pianistes du monde. Il est connu en particulier pour ses interprétations de Bach. Après avoir collaboré avec de nombreux orchestres et chefs, il se consacre aujourd’hui au récital solo, à la direction d’orchestre et à la direction à partir de son instrument. Sa présence au Canada est rare, nous sommes donc très chanceux d’avoir pu en profiter !

András Schiff, apparition/disparition

La soirée s’ouvre sur le Concerto pour clavier en ré majeur de Haydn. Très attendu, András Schiff arrive, et va s’asseoir devant le piano. Son interprétation, pleine de sonorités qui semblent taillées dans la roche, donne une impression de perfection magistrale. Nous voilà plongés dans le monde extraordinaire d’un pianiste dont la chorégraphie est irréprochable. Il semble savoir, comme personne, comment raviver l’atmosphère qui devait régner au 18e siècle, lorsque ces concertos furent créés et joués. Même son habit, très étudié, reflète sa volonté d’enfiler jusqu’au bout le costume du musicien prodige d’une autre époque.

András Schiff et l’OSM, photo par Antoine Saito

Le concerto commence par un vivace enjoué avec les instruments à cordes, puis les instruments à vent sont rejoints par le piano. Le deuxième mouvement est un adagio, plein d’ornementations et d’harmonies, très mozartien, suivi par le fameux rondo all’Ungarese, qui a rendu la pièce si populaire. Le public viennois raffolait d’inspirations « turques », ce qui poussait les musiciens à s’inspirer de thèmes musicaux de l’Europe de l’Est, en l’occurrence, la Croatie. C’était une pratique répandue puisque Haydn recourut aux mêmes inspirations dans le rondo final de son Trio pour piano en sol majeur.

András Schiff enchaîne alors sur le Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur, op. 19, première pièce jouée par Beethoven devant public en 1795. Cette œuvre qui s’inspire de Haydn et de Mozart laisse pourtant transparaître ce que Beethoven deviendra, par son sens dramatique et son art du contraste. András Schiff y brille encore. À la fin de la première partie, il offre au public un bis. Ensuite, après avoir essayé sans succès de donner le bouquet qu’il a reçu à une musicienne du premier rang, il se retire.

András Schiff et l’OSM, photo par Antoine Saito

Thomas Le Duc-Moreau, jeune chef assistant à l’OSM

Quelle surprise de ne pas revoir András Schiff au début de la deuxième partie, alors qu’il était censé la diriger jusqu’à mercredi. Que s’est-il passé ? Nous ne le saurons pas, mais cet événement a le mérite de faire monter sur scène Thomas Le Duc-Moreau, jeune chef assistant à l’OSM. L’orchestre symphonique joue alors deux pièces : l’Ouverture tragique (qui remplace la Suite de danses de Béla Bartók) et Variation sur un thème de Haydn de Brahms. Ayant apparemment eu peu de temps pour répéter ces pièces, l’interprétation a pu paraître un peu rigide, offrant un contraste assez saisissant avec la première partie. Pourtant, ces deux pièces venaient clore le programme de façon intéressante: le Brahms offrait un rappel de la première partie. D’abord écrite pour deux pianos, elle fut un tournant dans la carrière de Brahms. Créée pour un concert à la Philharmonie de Vienne en novembre 1873, elle a été ce qui a fait disparaître ses inhibitions par rapport à l’écriture pour orchestre. Sa Première Symphonie paraîtra en 1876, et sera suivie de trois autres au cours des dix ans subséquents.

Ainsi, nous garderons le souvenir d’un concert brillant, un peu abîmé par la disparition du principal protagoniste en deuxième partie. L’exécution de celle-ci, sans doute organisée à la dernière minute, n’a pas vraiment convaincu.

Thomas Le Duc-Moreau et l’OSM, photo par Antoine Saito

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