Beyond Creation

Beyond Creation (avec Obscura, Revocation et Rivers of Nihil) à Munich | Une première européenne

Beyond Creation a entrepris sa toute première tournée européenne le 20 octobre dernier. Le groupe de Montréal arpente présentement les routes des vieux pays en compagnie de Rivers of Nihil, de Revocation et d’Obscura. Une affiche alléchante pour tous les amateurs de tech-death. Premier arrêt pour inaugurer cette importante étape dans le parcours des Montréalais: Munich.

Les risques des tournées internationales

La soirée a malheureusement débuté dans l’ombre d’un nuage de malchance. Rivers of Nihil, groupe de Pennsylvanie, a ouvert le bal, mais les contraintes de temps ne leur ont permis que de jouer deux pièces. Le groupe arrivait en Allemagne le jour même, et leur avion a atterri à Frankfurt avec du retard. Avec le temps que ça a pris pour arriver à Munich, les musiciens n’ont eu le temps que de sortir leurs guitares et de jouer pendant moins de 10 minutes.

– « C’était malade! »
– « Je sais! »

Beyond Creation a cependant remis les choses en place. Pour leur premier concert à vie en Europe, nos Montréalais se sont retrouvés devant une salle pleine à craquer. L’audience s’est montrée réceptive à leur musique, les applaudissements, les nombreuses devil’s horns et le constant headbanging en sont la preuve.

Les publics québécois et allemand sont différents dans leur façon de montrer leur appréciation d’un concert, et l’absence de mosh-pit en Allemagne (en Bavière, du moins) n’est en rien négative. Les Québécois sont plus émotifs, plus impulsifs. Ça ne prend généralement que quelques minutes pour que le pit bouillonne dans la belle province. Les Allemands sont plus pragmatiques. Ils écoutent et analysent davantage la musique. Si les Québécois attendent impatiemment les premières notes pour lancer la danse infernale, les Allemands attendent d’être convaincus que ça en vaille la peine. Pas de panique, donc, devant la tranquillité bavaroise.

Plusieurs personnes dans la salle semblaient connaître la totalité de leur discographie si on en croit leur réaction pendant les pièces Coexistence, Earthborn Evolution et Theatricial Delirium. Il y avait quelque chose de satisfaisant à se trouver là, au milieu d’un public allemand qui crie et qui se brasse la crinière pendant qu’un groupe du Québec y joue pour la première fois. Et après leur performance, alors que les gens sortaient de la salle en disant « C’était malade! » (dans leur bavarois d’origine), c’est avec une fierté certaine qu’on leur a répondu « Je sais! ».

Un autre signe que tout s’est bien passé pour nos Montréalais? Il y avait foule devant leur table de merch après leur prestation. Et il y avait toujours des gens lorsque Revocation a commencé à jouer. Le concert à Munich a donc été un excellent début pour leur tournée, et une magnifique entrée sur le marché européen.

 

L’appel des tech-death nerds

Fort dans leur nouvel album Great Is Our Sin, Revocation, originaire de Boston, a lancé l’appel aux tech-death nerds de ce monde. C’est du moins l’expression que David Davidson, chanteur de la formation, a utilisé. Et ils y ont répondu, si on croit la foule qui s’entassait devant la scène avant même que les musiciens n’aient commencé à faire vibrer la salle.

Le brassage de cheveux entrepris pendant Beyond Creation s’est poursuivi avec force avec Revocation. Le groupe a bien équilibré la liste des chansons qu’ils ont jouées, alternant entre la nouveauté (Crumbling Imperium et Profanum Vulgus par exemple) et la nostalgie des albums précédents (Scorched Earth Policy, Witch Trials).

Ça a été 40 minutes de métal joué avec une précision chirurgicale. Le tout s’est terminé avec un tête-à-tête entre Davidson et un jeune homme, embarqué sur les épaules d’un autre, alors que ce dernier agitait les bras devant le chanteur et guitariste au rythme des dernières notes. On aurait dit qu’ils étaient seuls au monde.

L’habitude de la saveur locale

La fin de Revocation a semblé signifier la fin de la soirée pour plusieurs métalleux. La salle s’était vidée un peu alors que la tête d’affiche Obscura a monté sur scène. On peut expliquer ces départs par le contraste entre la nouveauté de Rivers of Nihil, de Beyond Creation et de Revocation à Munich et le territoire connu qu’est Obscura pour les Munichois.

Le groupe est originaire de Landshut et de Munich, le public bavarois a donc l’habitude de le voir. Et lorsqu’il ne joue pas avec Obscura, Steffen Kummerer se retrouve sur scène avec Thulcandra, ou avec les tournées de Death to All. Les Bavarois le connaissent bien, et ont l’habitude de le voir. On ne peut pas en dire autant des trois groupes nord-américains qui ont précédé. L’effet de la rareté s’est donc fait sentir pendant la soirée.

Le nouvel album d’Obscura, Akroasis, était bien entendu à l’honneur pendant leur performance. La pièce éponyme était sur la liste, tout comme Sermon of the Seven Suns, Ten Sepiroth et Fractal Dimension. Le groupe a toutefois pigé dans la totalité de sa discographie, avec Incarnated et Centric Flow par exemple, au plus grand plaisir de la foule. Munich a peut-être l’habitude de les voir, mais ça n’empêche en rien qu’un rappel était de mise, et c’est avec Ocean Gateways que la soirée s’est achevée.

C’était donc une soirée de qualité, avec de la musique tight. Le public a semblé apprécié chacun des groupes (même si c’était plutôt court pour Rivers of Nihil), mais l’étoile du match est remise à Beyond Creation, ne serait-ce que pour la bouffée de fierté qu’ils m’ont procurée en jouant pour la première fois en Europe.

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