Bjork

Bluesfest d’Ottawa 2013 – Jour 9 | Bjork, Stars, Half Moon Run, Death Grips et Austra

Tout un menu pour l’avant-dernier jour de l’édition 2013 du Bluesfest d’Ottawa avec Half Moon Run en après-midi, ainsi qu’Austra, Death Grips, Stars et une rare visite de Bjork sur les Plaines Lebreton. La fée scandinave était toute en voix et en a fait voir de toutes les couleurs avec sa prestation un peu exigeante, mais pleine de joyeuse folie et de liberté.

Il n’y avait que deux musiciens sur scène avec la grande dame de la pop d’avant-garde islandaise : un percussionniste et joueur de marimba, ainsi qu’un bidouilleur claviériste, qui activait les pistes pré-enregistrées et manipulait à distance (par une interface MIDI) les orgues baroques inventés expressément pour Biophilia, le plus récent album de Bjork.

Photo de courtoisie, par Mark Horton.

Photo de courtoisie, par Mark Horton.

Deux musiciens, qui redéfinissent le concept du multi-tâche, mais aussi une chorale islandaise de 14 voix féminines nommée Graduale Nobili. Il n’en fallait pas plus pour éblouir.

Une fois les 16 complices sur scène, Bjork est arrivée comme une diva sous un tonnerre d’applaudissement, robe excentrique sur le dos et imposante crinière orangée sur le ciboulot.

Le côté un peu space de Bjork dominait la première moitié du spectacle, à commencer par la nouvel-âgeuse Cosmogony en ouverture. La musique dépouillée permettait d’apprécier pleinement la voix unique de Bjork, avec ce timbre clair et ces mélodies qui survolent si librement la musique.

À part l’incontournable Hunter (presque identique à la version endisquée en 1997, sur le chef d’oeuvre trip-hop Homogenic), les premiers titres proviennent tous du plus récent album : Thunderbolt (où l’on sort la fameuse bobine Tesla musicale, suspendue du plafond, pour la première fois), Moon et Crystalline, avec sa finale drum’n’bass déchaînée. 

Ces nouveaux titres traitent de l’humain et de son rapport à la géologie, l’écologie et l’astronomie. Tout au long du concert, les cinq écrans diffusent toutes sortes d’éléments visuels en lien avec ces thématiques : des planètes, la lune, un aperçu du jeu / application iPad de Biophilia, d’étranges étoiles de mer, des failles qui se creusent, des éruptions volcaniques. Toutes sortes de choses mais jamais la chanteuse, privant ainsi les gens situés loin derrière l’immense foule de bien voir la tenue excentrique de Bjork, ses mouvements gracieux et ses petites mises en scène.  Parfois, les écrans ne diffusaient carrément rien du tout…

Photo de courtoisie, par Mark Horton.

Photo de courtoisie, par Mark Horton.

C’était un peu dans l’esprit du contrôle de l’image de Bjork. Les photographes professionnels n’avaient pas accès à l’enclave devant la scène, et un message sur l’écran principal avertissait les fans, avant le concert, de ne pas photographier le concert, parce que « ça distrait Bjork ».

Heureusement, cette stipulation a eu l’effet escompté puisque Bjork semblait bien à l’aise dans sa bulle, mais communiquait bien sa magie avec le public. Pas beaucoup d’interventions, mis à part quelques « merci (beaucoup)!  » (étrangement, toujours en français), mais son approche était tout de même très inclusive.

Et peu à peu, l’art contemplatif proposé par Bjork faisait place à des titres plus dynamiques, voire même décadents.  La jolie Joga suivait, avant un remix très intéressant de Possibly Maybe (avec le retour de la bobine Tesla), l’excellente Pagan Poetry et une autre version remixée, de Hyper Ballad cette fois.

Au-devant de la foule, ça dansait de plus en plus, à mesure que s’intensifiait la prestation, montée en crescendo.

La finale n’allait pas décevoir : intense Pluto, puis Náttúra, folie totale, avec flammes rouges et étincelles sur scène, évoquant une éruption volcanique.

À ce point-ci, la foule exige un rappel et Bjork a répondu avec son appel électro-punk à la libération : la déliquescente hymne à la rébellion Declare Independance.

Étant donné l’immensité du répertoire de Bjork, on aurait aimé entendre plusieurs autres titres : BacheloretteAll Is Full of LoveHuman Behaviour, Isobel, Venus As A Boy, Army of me, bien sûr… Mais la grille de chansons offerte par Bjork respectait une certaine esthétique et une construction idéale, menant vers une finale à couper le souffle.

Et ne serait-ce que pour vivre le privilège d’entendre Bjork chanter en personne, l’expérience aura été hautement satisfaisante.

 

Half Moon Run, Death Grips et Stars en journée

Il n’y avait pas que Bjork à la programmation en ce samedi chaud, chaud, chaud.

Photo par GjM Photography.

Half Moon Run – Photo par GjM Photography.

Half Moon Run a su réunir une foule décente malgré leur case horaire ingrate : 15h.  Sous une chaleur suffocante, Devon Portielje semblait particulièrement heureux de se produire sur la grande scène du Bluesfest. Le groupe s’est formé à Montréal, mais Portielje, doit-on le rappeler, est originaire d’Ottawa. « J’ai grandi ici et année après année, je fréquentais ce festival, alors c’est vraiment un honneur d’y jouer cette année. »

Half Moon Run a joué tout le contenu de son premier album Dark Eyes, ainsi que quelques nouveaux titres, dont un slow blues rappelant presque Led Zeppelin, au rappel.

Toujours aussi solides, les trois compères (et leur musicien accompagnateur occasionnel) interprètent leur chanson avec beaucoup d’assurance, mais c’est au niveau du charisme que la bande a le plus progressé.

Plus tard, Austra a aussi fait bonne figure avec sa sympathique prestation, vers l’heure du souper. Le groupe électro-pop torontois a proposé plusieurs nouvelles chansons du nouveau disque Olympia. La chanteuse Katie Stelmanis prend de l’assurance d’année en année, mais continue de surinterpréter ses chansons, multipliant les grands gestes dramatiques et poussant sa voix au-delà de ses capacités. Dans l’ensemble, tout de même appréciable.

Photo par GjM Photography

Death Grips – Photo par GjM Photography

Juste avant, sur la grande scène, l’excentrique Mykki Blanco se donnait en spectacle pour une toute petite foule. Intrigant à regarder, on se tanne assez vite de son freak show : il se lance partout, saute sur la table du DJ, enfile une crinoline jaune serein, saute, se couche sur le moniteur en adoptant une pose suggestive, se roule parterre… Mais hélas, son rap est pauvre et la musique de son DJ difficile à cerner. Peut-être qu’en salle, la magie passe mieux.

Dans le même genre de formule, mais avec 300% plus de testostérone, Death Grips donne un bien meilleur show. On comprend que dalle de ce que rappe MC Ride (encore moins que sur disque), mais sa présence de scène en impose, et la musique industrielle-presque-punk contrôlée par le DJ Andy Morin décape les tympans.

On aurait bien aimé un petit « oumf » de plus avec la présence d’une vraie batterie sur scène, mais Zach Hill n’était pas présent pour compléter la formule trio que Death Grips propose généralement en show.

Photo par GjM Photography

Stars – Photo par GjM Photography

Tout juste avant Bjork, Stars mettait la table avec son habituelle énergie sur scène. Torquil Campbell et Amy Millan font toujours une aussi bonne paire, au chant comme à l’animation de foule.

Campbell a pris le temps de souligner toute son admiration pour Bjork, avec qui il avait « l’honneur de partager un même terrain. Si quelqu’un de son entourage – son chef cuisinier ou son moine personnel, peu importe – peut lui faire le message, j’en serais honoré! « .

Stars a proposé plusieurs chansons du nouvel album The North, mais aussi les bons vieux classiques Ageless BeautyWe Don’t Want Your Body, l’émouvante Your Ex-Lover is Dead, Dead Hearts et l’entraînante Take Me To The Riot. Une valeur sûre en spectacle, ces Torontois.

Photos en vrac
par GjM Photography

Half Moon Run

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Death Grips

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Stars

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Austra

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Grille de chansons

1. Cosmogony
2. Hunter
3. Thunderbolt
4. Moon
5. Crystalline
6. Hidden Place
7. Heirloom
8. Unravel
9. Joga
10. Possibly Maybe
11. Pagan Poetry
12. Mutual Core
13. Hyper Ballad
14. Pluto
15. Náttúra

Rappel
Declare Independance

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