Young The Giant

Bluesfest d’Ottawa – Jour 10 : Young The Giant, Our Lady Peace et Hey Rosetta!

Vendredi 13 juillet 2012 – Plaines LeBreton (Bluesfest d’Ottawa)

Après les Plaines d’Abraham jeudi, c’était au tour des Plaines LeBreton de recevoir la visite de Our Lady Peace en ce vendredi 13 particulièrement trépidant au Bluesfest d’Ottawa. Qui plus est, Ottawa recevait la visite de Hey Rosetta! une journée plus tôt que Québec et détenait l’exclusivité sur la présence de Young The Giant, d’ici Osheaga!

Quelle belle soirée de rock avec ces trois excellents groupes!

Chouchous du Bluesfest d’Ottawa, la formation terre-neuvienne/labradorienne Hey Rosetta! lançait les festivités sous le chaud soleil plombant, à 18h. Jamais, à date cette année, n’avons-nous constaté une foule aussi dense lors de cette plage horaire ingrate!

Tim Baker, de Hey Rosetta! - Photo par Greg Matthews

Visiblement en grande forme, les six musiciens ont offert avec beaucoup de grâce et une énergie contagieuse leur musique indie rock rehaussée par la présence d’un violon (Kinley Dowling) et d’un violoncelle (Romesh Thavanathan).

La relecture de Red Heart (« une vieille chanson vêtue d’une nouvelle robe », comme l’indiquait si bien le chanteur Tim Baker en introduction) apportait une seconde vision fascinante de cet excellent titre. Hey Rosetta! a également interprété, avec beaucoup de coeur, Welcome, jolie chanson qui joue fréquemment sur les ondes ottaviennes et « que le défunt Jack Layton utilisait souvent comme ralliement lors de sa campagne ».

La finale du concert laissait un drôle d’arrière-goût: après avoir interprété New Goodbye (qui concluait très bien la prestation avec sa finale chorale à la Arcade Fire), des techniciens ont avisé le groupe que leur temps était écoulé, alors que la foule était en liesse et semblait prête à en prendre encore une autre heure. Dans un geste un peu maladroit, Baker a remercié le public… et mentionné qu’il aurait volontiers pris la demande spéciale d’un spectateur de première rangée (jouer A Thousand Suns), mais qu’il manquait de temps.

Confus, les autres membres de Hey Rosetta! ont retraité à l’arrière-scène en même temps que Baker; les fans, eux, ont scandé le nom du groupe avec intensité pendant une bonne dizaine de minutes avant que les techniciens de scène ne viennent débrancher les instruments, sous une pluie de huées. Victimes de leur popularité (et d’une plage horaire trop courte), les Terre-Neuviens!

 

Our Lady Peace et Young The Giant

À 20h, la foule était encore plus compacte pour la prestation de Our Lady Peace, dont la popularité est pratiquement remontée au niveau des belles années de Clumsy (1997) et Happiness… Is Not A Fish That You Catch (1999).  Surtout auprès des jeunes femmes vingtenaires, semblerait-il.

Our Lady Peace - Photo par Greg Matthews

Il faut dire qu’à partir des années 2000, Our Lady Peace a progressivement évolué vers un son moins post-grunge ou « rock alternatif » (comme on le disait à l’époque), davantage pop rock. Mais le groupe ne renie pas son passé et propose une grille de chansons bien équilibrée entre les différentes variantes de son approche musicale.

La principale constante: la voix de Raine Maida, ce mélange de timbre rauque qui attaque la mélodie de front et de chant en fausset. Tout au long de la prestation, il tient la note: avec fougue pour One Man Army et Superman’s Dead, douceur pour Innocent et Clumsy. Mais à la toute fin, il n’est plus capable d’atteindre les notes aiguës de Starseed, qu’un jeune Raine assaillait avec audace il y a presque 20 ans déjà.

Normal, mais on comprend moins pourquoi, en clôture du spectacle, il avait le même problème avec 4am, pourtant beaucoup moins exigeante sur le plan vocal.

Dommage parce qu’on se disait justement que Our Lady Peace pouvait encore compter sur tous ses atouts des belles années, même si son matériel récent est moins marquant qu’avant le nouveau millénaire.

Sameer Gadhia, de Young The Giant - Photo par Greg Matthews

Puis, en toute fin de soirée, Young The Giant livrait une prestation tout feu tout flamme sur la scène de la rivière.

Et le groupe californien y mettait toute la gomme: éclairages hallucinants, intensité dans le volume et une énergie qui débordait de partout. Le charismatique chanteur moustachu Sameer Gadhia y donnait toute son âme, s’abandonnant totalement dans la musique, comme s’il s’agissait du plus grand moment de sa carrière, sans trébucher sur la moindre fausse note.

Les compositions, qui ne bénéficient pas d’une réalisation assez audacieuse pour vraiment briller sur disque, prenaient du souffle sur scène. Les dynamiques étaient maîtrisées, ce qui élargissait de beaucoup la palette d’émotions suscitées. On avait l’impression de découvrir Young The Giant sous son vrai jour, allant bien au-delà des contraintes du gros contrat de disque avec Warner Music.

Le groupe en a profité aussi pour balancer trois nouvelles chansons à la foule: l’excellente Shake My Hand au rythme léger, à l’air flottant mais qui subit des explosions de guitares et de voix insoupçonnées, ainsi que la plus conventionnelle mais très entraînante Teachers et la ballade Camera (avec Gadhia au clavier). Ces nouveaux titres feront partie d’un deuxième disque de Young The Giant, dont la sortie serait prévue pour le printemps 2013, apparemment.

Appartment et 12 Fingers sont ressorties du lot en début de prestation, mais la finale nous réservait le meilleur. Le groupe a eu l’ingénieuse idée d’interpréter St. Walker et Islands, en ordre inversé du disque et fusionnées, sans interruption donc. La montée d’intensité était tout à fait réussie.

Évidemment, le groupe n’allait pas quitter Ottawa sans jouer My Body, avec son refrain racoleur mais oh-combien-efficace. Inutile de dire que le public s’en est trouvé comblé.

Photos en vrac
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