Orchestre Métropolitain

Bruckner par l’Orchestre Métropolitain | Début de saison impeccable

La 5ème symphonie de Brcukner venait clôturer hier soir l’intégrale brucknérienne commencée par Yannick Nézet-Séguin et son orchestre presque dix ans plus tôt. Retour sur un concert époustouflant.

Un début de soirée prometteur

« On dit souvent qu’il y a les musiciens d’un côté et le chef d’orchestre de l’autre, mais la vérité c’est que le chef n’est rien sans ses musiciens. Ce prix, il est pour l’orchestre », a déclaré Yannick Nézet-Séguin après avoir reçu le prix Oskar Morawetz en tout début de soirée. La décision de lui remettre cet honneur, qui récompense un.e musicien.ne ou chef.fe d’orchestre canadien qui fait rayonner la musique classique à l’international, a été unanime.

L’Orchestre Métropolitain nous a offert ensuite, en guise d’apéritif, la burlesque pour piano et orchestre en ré mineur de Richard Strauss. Une petite pièce d’une vingtaine de minutes où l’on a déjà pu apprécier quelques grands tuttis d’orchestre. La pianiste Angela Cheng, malgré un début parfois brouillon, a ensuite placé de très belles couleurs dans son interprétation, notamment dans ses nuances piano qui résonnaient de concert avec les musiciens de l’orchestre.
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Le monument de Bruckner

Après l’entracte, nous avons pu entendre la « Fantastique », la 5ème des neuf symphonies composées par Bruckner, en si bémol majeur (WAB 105). Malgré quelques mots du chef à propos de l’enregistrement du concert, et donc sur la nécessité d’écouter les soixante-quinze minutes de musique dans le plus grand silence, le public de la Maison Symphonique, malheureusement enrhumé, a comblé le calme entre les mouvements par d’originales quintes de toux.

Mais si l’on peut rire de ce genre de défaut propre à n’importe quel concert de musique classique à Montréal dès qu’il fait un peu froid dehors, on ne peut qu’être élogieux sur ce qui a été joué hier soir. L’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin ont mené avec brio la 5ème symphonie de Bruckner, la rendant puissante et majestueuse.

La soirée a donné au mot « Ensemble » ses lettres de noblesse. Le premier mouvement, qui commence par quelques pizzicati joués à l’unisson, s’est écouté dans le plus grand silence. Bruckner superpose les voix sur la partition, et Nézet-Séguin les conduit toutes. Il ne lâche jamais ni les violoncelles criant de romantisme, ni les cuivres majestueux qui ont joué tout en contraste et en nuances.

L’entrée des bois sur le second mouvement, superbement supportés par les cordes qui s’occupaient des nuances, a donné un éclairage très particulier à la symphonie. La tonalité ré mineur, à la fois délicate et optimiste, a illuminé les soli de flûte, de hautbois et de clarinette. Arrive ensuite la montée en puissance de l’orchestre, sur les ostinati impeccables des cordes. Pas un instrument ne déborde sur un autre, l’orchestre se fait et se défait au fil des voix, pour nous mener vers un troisième mouvement étincelant. Une explosion de voix, majestueuse, qui sort d’un accelerando que Nézet-Séguin conduit de bout en bout. Le maestro est partout en même temps, il danse sur son estrade pour communiquer avec l’orchestre, hypnotique par sa force tranquille. Les changements de tempo et de mesure sont très fluides, à peine audibles.

Avec le quatrième mouvement, l’Orchestre Métropolitain remplit l’espace sonore de la Maison Symphonique, démontrant in situ ce qu’entendait le maestro lorsqu’il parlait d’un « édifice monumental ». La cathédrale sonore imaginée par Bruckner, construite par l’orchestre et dirigée par Yannick Nézet-Séguin résonne comme une symphonie de l’espoir, à la fois grandiose et pourtant désespérément humaine, rendue possible par l’ajout voix par voix des pupitres d’orchestre.

La soirée se termine sur un tutti passionné, interminable et qui laisse place à un deuxième concert, celui de la standing ovation du public, épuisé mais ravi par la longue pièce de Bruckner. Sur scène, Yannick Nézet-Séguin remercie ses musiciens et ses solistes, puis accepte avec un immense sourire les applaudissements qu’il mérite. Le début de la saison 2017-2018 de l’Orchestre Métropolitain n’est pas seulement prometteur, il est inoubliable.
La 5ème symphonie de Bruckner par l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin sera donnée une dernière fois samedi 8 septembre à Pointe-Claire. La soirée a été enregistrée par ATMA Classique.

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