Burning The Oppressor

Burning The Oppressor, Daedalean Complex et invités | Soirée éclectique et électrique!

C’est lors d’une des dernières belles journées de l’été 2017 qu’un petit nombre d’adeptes de métallurgie musicale ont convergé au Piranha Bar, pour un spectacle assez diversifié. Dans une ambiance de franche camaraderie propice aux shows metal, samedi soir se sont produits Enime, Dischord, Daedalean Complex et Burning The Oppressor. Retour sur une soirée éclectique et électrique!

Enime : Vigoureux début

Influencé par Exodus, Anthrax et Metallica, ce groupe de Montréal a un album à son actif, intitulé Demon Inside. Il ouvre le spectacle devant un public de marbre, d’une trentaine de personnes. C’est tellement silencieux qu’on entend un groupe de gens parler de leur « veillée-d’hier-à-soir »…

Peu original, Enime convainc toutefois par son efficacité et sa performance énergique – surtout le guitariste à la Flying V! Le batteur, Rob Zombie réincarné, est très alerte et vigoureux. Certains passages rapellent un Pantera sur le « speed », avec en plus la voix de Wednesday 13. Les chants sont assez variés et bien menés, mais le chanteur porte malencontreusement un chandail arborant sa propre marque, ce qui fait un peu amateur…

Bref, Enime a su préparer la soirée, dans les limites du possible.

Dischord : Dévotion pure et simple

Provenant de Moncton (NB), ce groupe s’autoproclame comme étant « technical darkened death/thrash metal » (wow!). Avec plus d’une décennie d’activité (deux albums studio, un album live, un EP), Dischord a joué plus de 300 spectacles, avec entre autres Behemoth, The Black Dahlia Murder et Cryptopsy.

Les trois blondinets et le batteur rouquin en mettent plein la gueule – c’est pesant! À la deuxième chanson, le public s’active enfin. Un petit « trash » naît à partir de l’énergie déployée par Dischord. Les deux guitaristes « shreddent » comme pas possible, donnant au groupe un son profond, bestial. Un de ceux-ci démontre d’ailleurs une technique de « tapping » réellement impressionnante! Le chanteur est très talentueux et versatile. Toutefois, le « boost » des ses solos de guitare est un peu trop fort, ce qui rend l’expérience un peu désgréable…

D’ailleurs, ces gars adorent Cattle Decapitation, et ça paraît. Des influences black metal se font ressentir aussi, certaines compositions faisant penser au défunt groupe féminin grec Astarte. La longue chanson instrumentale « Les Ténèbres » commence avec du « clean » et on apprécie pouvoir respirer un peu – l’air devenait un peu trop vicié, saturé. Accompagné de lignes de basse langoureuses, ce passage semble contenir toute la pureté du monde, avant d’exploser avec brutalité à nouveau.

À retenir de Dischord : la dévotion, pure et simple. Quatre gars en tournée qui ont fait dix heures de route vers la métropole, pour jouer devant un trop petit public.

Daedalean Complex : Le vent dans les voiles

« Montréal, montre-nous tes cornes! » Daedalean Complex, de Québec, entame sa prestation et on comprend qu’on a affaire à des professionnels. Fondé par David Habon en 2007, le groupe se décrit comme étant du « death metal mélodique avec des accents industriels et symphoniques ». Par contre, le côté industriel n’est plus réellement présent – il l’était davantage sur le premier opus du groupe, « A rose for the dead », paru en 2011. Ils sont lancé trois autres album studio, en 2008, 2013 et également cette année.

Avec des surnoms comme Daedalus, Idrys, Sinehertz et Cipher, on ne peut qu’être absorbé dans leur univers particulier. Lindsay Schoolcraft, clavériste de Cradle of Filth, fait d’ailleurs partie du groupe en tant que chanteuse, mais elle n’était pas présente hier. À noter que que les personnages de scène auraient été encore plus convaincants, si le côté visuel aurait été plus marqué (maquillage). Ça semble un aspect assez important, si on se fie aux photos du groupe.

Daedalean Complex a subi beaucoup de changements de personnel depuis sa naissance. Les deux seuls membres originaux sont le chanteur et le batteur. Ce soir, ils présentent leur nouveau bassiste (session) et leurs deux nouveaux guitaristes. Le chanteur est un excellent « frontman » – il rapelle un Dani Filth un peu plus posé, et son « growl » est parfait. Le maigrichon batteur aux cheveux rouges est très « tight » (et très « triggé »!…). Le talentueux bassiste au large sourire fait des « backs vocals » terriblement efficaces. Par moments, les « power-ballads» amoureusement ficellées font penser à du Rhapsody of Fire – un power metal un peu plus sombre et élégant.

Daedalean Complex hisse ses immenses voiles noires, qui se déploient sous un ciel éclairé par la lune. On se réfugie, le temps d’un répit, sous ces épais tissus soyeux et réconfortants. Le public participe de plus en plus activement à ces péripéties en haute mer, qui possèdent un itinéraire bien tracé. Mais on voit bien que le lac sur lequel Daedalean Complex navigue est bien trop petit pour eux – l’équipage est fin prêt à aborder des terres maintes fois plus généreuses!

Burning the Oppressor : Énergie primitive et spirituelle

Existant depuis 2012, ce groupe de death/groove/metal mélodique a partagé la scène avec des groupes comme Skeletonwitch, Mass Hysteria, Anonymus, et BARF, parmi d’autres. Burning The Oppressor a sorti trois albums, leur plus récent étant Bloodshed, paru en avril dernier. Ce groupe, qui affectionne les « breakdowns », les dissonances et aussi le « djent », fait premièrement penser au groupe Insurrection, de Gatineau. Plus généralement, il entretient aussi des ressemblances avec Slipknot, ou même Strapping Young Lad, avec tous ces riffs « groovy », joués sur la grosse corde.

Après la chanson d’ouverture, il y a un problème avec le micro, et le chanteur s’éternise un peu trop longtemps avec le « soundman »… Mais rapidement, il reprend le contrôle, et c’est dans un ambiance bon-enfant que les plaisantins enragés livrent leur marchandise, compacte et massive.

D’ailleurs, une belle chimie règne entre les membres, qui sont très énergiques. Ce groupe est vraiment flexible, tant dans leurs mouvements autant que dans leur esprit. Comme des experts, ils nous transmettent une matière dense, brute, mais aussi étrangement élastique et malléable. Cette dernière nous donne de la force – un pouvoir incommensurable brûle maintenant nos mains avides de connaître la suite. On s’enduit de cette matière qui nous transforme, appréciant le transfert de cette énergie primitive et spirituelle.

Somme toute, cette soirée fut une belle réalisation des Productions Octavia, qui soulignaient d’ailleurs leur premier anniversaire. L’organisateur a su réunir un public, intime certes, mais qui aime le metal à la base, peu importe les variations… Comme quoi ce type de musique est toujours aussi unificateur.

* Photo en entête de l’article par Simon Langevin.

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