Carmina Burana (Les Grands Ballets)

Carmina Burana et Stabat MATER à la Place des Arts | À l’unisson

La Salle Wilfrid-Pelletier accueillait une double programmation jeudi soir lors de la première du spectacle Carmina Burana par Les Grands Ballets. Avec plus de 100 artistes réunis sur scène, alliant l’orchestre, les danseurs, une chorale et des solistes, ils ont interprété collectivement la fameuse cantate Carmina Burana de l’Allemand Carl Off, ainsi que Stabat MATER du compositeur baroque italien Pergolèse.

La soirée commençait donc avec une interprétation moderne de Stabat MATER où se mêlaient symbolisme, danse contemporaine et de nombreux tableaux créés par les mouvements des nombreux danseurs sur scène. Contrairement à un ballet où une histoire classique est illustrée au fil du spectacle, on peut penser au Lac des Cygnes ou à La Belle au Bois Dormant, ces morceaux étaient chorégraphiés en fonction de la musique et ce qu’elle évoque.

Le chorégraphe roumain Edward Clug s’est chargé de cette tâche avec brio. Stabat MATER, pièce composée au XVIIIème siècle par Pergolèse, raconte la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils, Jésus-Christ. Sans entrer dans un délire d’icônes et de représentations religieuses, les choix chorégraphiques ont tout de même été faits dans le but de raconter certaines parties de cette histoire.

Photo par Sasha Onyshchenko

Les femmes étaient vêtues de robes crèmes presque diaphanes qui volaient au gré de leurs mouvements, ce qui contrastait magnifiquement avec les habits noirs bien ajustés des hommes. Même si le tout n’était pas orienté vers les portées acrobatiques ou les mouvements que le public considérerait généralement comme impressionnants, la chorégraphie épatait par les déplacements fluides et les interactions entre l’ensemble des danseurs.

Les chanteuses solistes Kimy McLaren et Maude Brunet ont assuré une performance forte, menant la partie vocale de cette partie du spectacle avec brio.

Il faut mettre une chose au clair, ceci n’était pas un ballet à proprement parler, dans le sens où c’était de la danse contemporaine, donc pas de pointes, ni de tutus, ce qui n’enlève absolument rien au spectacle, bien sûr. Des mouvements originaux, saccadés, jouant avec la géométrie du corps, ont mené à l’illustration d’un accouchement (le p’tit Jésus) et même une crucifixion. De longs bancs blancs étaient disposés sur les côtés de la scène et, une fois levé à la verticale, l’un de ces bancs a servi de croix à l’un des danseurs. Pas de panique, il a été attaché gentiment avec du ruban adhésif et non des clous.

Après cette pièce brillamment montée, les danseurs ont salué le public et c’est le clou du spectacle qui attendait les spectateurs après l’entracte…

Photo par Sasha Onyshchenko

 

Carmina Burana

Même si Carmina Burana ne sonne pas de cloches à vos oreilles, la chanson O Fortuna!, qui fait partie de cette cantate, vous est certainement familière. Inspirée de textes liturgiques du XIIème et XIIIème siècle, l’oeuvre a été interprétée par une chorale, un orchestre, plusieurs chanteurs solistes et bien sûr, les danseurs. Le tout était brillamment mis en scène, puisqu’aucun des éléments, le danse, le chant ou la musique, ne s’éclipsaient entre eux, ils se complétaient tout en gardant le public constamment captivé.

Le noir et le rouge teintaient les tuniques de tous les danseurs, mais une différence géométrique séparaient les hommes des femmes. Ce contraste aidait à la création d’illusions d’optique savamment créées par les accoutrements et les mouvements tantôt saccadés, tantôt fluides des danseurs qui s’imbriquaient également les uns avec les autres.

* Photo par Sasha Onyshchenko.

Ces costumes sont tombés peu à peu, mettant les danseurs à nu (presque littéralement, puisqu’ils ne portaient que des maillots beiges), rehaussant d’autant plus cette impression de fusion des corps avec des pas où chaque artiste s’imbriquait l’un dans l’autre pour former des rangs, des cercles, des masses humaines qui virevoltaient à travers la scène.

* Photo par Sasha Onyshchenko.

Carmina Burana soulève une panoplie de thèmes larges, certes, mais qui se réunissent bien dans une telle envolée dramatique : le destin, l’impuissance humaine, l’incertitude etc. La roue de la destinée était donc représentée à l’aide d’une immense structure en forme de cercle qui montait et descendait du plafond au fil de la représentation.

Même si le public était bien silencieux, il était tout de même possible d’entendre quelques petits reniflements d’émotion devant une telle intensité. C’était un peu comme être dans une église avec des gens quasi-nus qui dansent de façon diaboliquement belle. Il sera difficile d’oublier une soirée où un tel 3 en 1 artistique (une chorale et des solistes, des danseurs et un orchestre, tous extrêmement talentueux), a été offert au public sur un plateau d’argent.

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