Celine Dion

Céline Dion au Centre Bell vu par notre métalleux

Note de la rédaction : Quand notre métalleux en résidence, Bruno Maniacci, a proposé de couvrir le show de Céline Dion au Centre Bell, on s’est dit que ça donnerait sans doute lieu à un regard un peu plus, hum, disons frais sur l’événement, un contre-poids aux sempiternelles compte-rendus complaisants à l’endroit de notre intouchable diva nationale. On rend donc la parole au fan de Céline le plus insoupçonné de l’équipe, mais avant toute chose, voici des belles photos…

 


 

Point de vue de métalleux sur Céliiiiine

Si on m’avait dit un jour que j’irais voir Céline Dion. Un nom si mythique, iconique, de notoriété presque interplanétaire. Si des extra-terrestres tapent « chanteuse terrestre » dans leur Google, pas mal sûr que Céline apparaît dans les premiers noms. Et si tu dis « Québec » à un français moyen, il y a une chance sur trois qu’il te réponde « Céline Dion » (les deux autres réponses étant « caribou » et « tabernacle », pardonnez l’ignorance du Français moyen). Mais c’est juste dire le poids de l’identité culturelle que peut représenter la chanteuse à travers le monde.

Prélude

Voici le grand jour enfin. Et l’attente était longue puisque les spectacles de septembre et octobre ont été reportés. Une chance d’un côté parce que j’aurais manqué Nashville Pussy, un des meilleurs groupes de rock’n’roll de l’Amérique. Mais Céline est de retour, des Amériques aussi d’ailleurs, et elle nous remercie de l’avoir attendue, et s’excuse encore. Elle insistera sur l’importance de présenter ce spectacle à Montréal, que Las Vegas c’est bien beau mais voilà.

Alors à quoi ressemble un public montréalais de Céline Dion en 2019 ? Un peu âgé mais pas tant, beaucoup sont venus en famille. Beaucoup de femmes. Un public propre et bien habillé, qui ne dépasse pas sur les bords, et qui sent bon, contrairement à un concert de Slayer. C’est agréable. J’ai définitivement l’air d’un pouilleux et mon chandail Destroyer 666 fait impression. Peut-être pas une bonne, mais une impression.

On découvre la grande scène à plateformes, digne des années 80 et de Iron Maiden. Céline devrait la louer à Scorpions la prochaine fois qu’ils viendront pour leur huitième tournée d’adieu.

Pour chauffer la salle pas de première partie mais un DJ. C’est ça la musique en 2019. Un DJ. Les caméras se promènent sur la foule pour faire apparaître les meilleurs danseurs sur les écrans géants. Mais contrairement à un concert de Steel Panther où des filles montrent leur poitrine quand elles sont filmées, ce sont des monsieur qui montrent leurs… bedaines. Et mesdames, leur fierté. Étrange.

 

L’apparition

Enfin, les lumières s’éteignent. Une vidéo de la chanteuse apparaît sur les écrans. Le Centre Bell hurle sa vie. La foule est définitivement à dominante féminine, la fréquence de l’ovation le confirme. Ce genre d’artiste éternelle, que tu vois partout à la radio, à la télé, dans les journaux, depuis que tu es petit. J’ai un petit frisson dans ces secondes interminables qui précédent l’entrée sur scène. Je n’ai pas eu cette sensation depuis que j’ai vu Michael Jackson au Parc des Princes en 97. Juste avant de poser les yeux sur une personne tellement connue que tu te demandes si elle est réelle. Et hop, une plateforme monte au milieu de la scène, la voici ! Le Centre Bell hurle de plus belle.

Robe à paillettes rouges, escarpins rouges, cheveux blonds au carré : la vraie Céline apparaît sous nos yeux, radieuse, et va nous enchanter pendant deux heures. Alors que la première chanson la voyait seule sur scène, la deuxième pièce voit l’écran immense se lever dans les airs et dévoiler peu à peu l’orchestre. Vous ne le verrez pas sur les photos, mon photographe s’est fit viré après la première chanson parce qu’il portait une passe de Offspring, ce punk-là.

On voit le groupe enfin, pas moins de 17 musiciens. Je ne sais pas s’ils voyagent dans le même bus en tournée mais ça doit faire des sacrés afters. Quatre dans la section cordes, trois dans la section cuivres, un pianiste, un claviériste, un batteur, un percussionniste, un bassiste, deux guitaristes et trois choristes, des chanteurs « professionnels » comme les présentera Céline avec humour. Elle est marrante Céline en fait, et c’est un bel équilibre avec la profondeur émotionnelle et la dramaturgie de ses interprétations.

Elle nous explique que c’est le premier spectacle où elle s’implique autant dans la conception, parce qu’avant elle avait un partenaire, et qu’elle espère qu’il est fier d’elle là-haut. En tout cas elle s’est bien débrouillée parce que le visuel scénique est époustouflant, des écrans animés aux effets de lumières jusque sur les enceintes, on en prend plein la vue pendant deux heures. Comme l’animation de l’espace avec la lune et météorites pendant Courage, vraiment planant.

Et plein les oreilles aussi. Parce que oui il faut le dire : quelle voix. Toute une voix, je suis certain que Bruce Dickinson lui-même le dirait. Tout en puissance et en élégance, dans des envolées lyriques qui subjuguent une foule en admiration. Le maquillage brillant joue peut-être, mais on dirait qu’après chaque chanson Céline va s’effondrer en larmes. Mais de joie. Elle semble émue par l’accueil grandiose du public montréalais, et surtout reconnaissante de tout cet amour. Humble, drôle, passionnée, douce, explosive : cette femme rayonne.

Encore une reprise, You’re The Voice, une chanson australienne qu’elle affectionne, où le guitariste avec le look le plus rock nous gratifie d’un solo de…flûte (en fait le kilt présageait la touche celtique).  En tout cas Céline fait le signe du diable, si si, je l’ai vu à plusieurs reprises, elle semble vouloir dire au public qu’il rock avec les « ohoh » qu’elle essaye de lui faire chanter. Un peu de guitares encore avec la chanson blues, Stratocaster et Dobro sont de sorties, puis voilà Ziggy, un garçon pas comme les autres.

Des chansons du nouvel album sont présentées, Courage et Imperfections, et c’est plus par formalité parce que ça reste en dessous du reste. De la pop moderne qui lui va moins bien, ça manque cruellement de Goldman ou Plamondon là-derrière. Heureusement qu’il y a la reprise All By Myself au milieu avec le passage où Céline chante a capella en tenant les milliers de personnes au bout de ses lèvres, magnifique.

Interlude classique avec une vidéo de Céline qui fait du ballet avec un beau jeune homme, les gens applaudissent, alors que sur scène le quatuor à cordes arrache son noble moment de gloire. Le pianiste commence S’il Suffisait d’Aimer, mais Céline l’arrête parce qu’elle aimerait boire un coup, et le fait recommencer en s’excusant, débordant encore d’amour et de gentillesse.

Encore des reprises, encore en anglais

La scène s’illumine dans des couleurs kitsch bleu et rose fluo qui nous transportent dans les années 80 alors que Céline apparaît en combinaison argentée à paillettes. Let’s Dance. Pourquoi pas. Puis Another One Bites The Dust. Ok , pas mal aussi, le thème joué au violoncelle marche bien, et cette violoncelliste vêtue de noir jusqu’à l’instrument noir pourrait jouer dans Apocalyptica.

Mais un medley. Sérieusement ? Comme si la chanteuse manquait de chansons à son répertoire? Pourquoi jouer la nostalgie facile mais insipide d’un medley Top 40? Comme si on n’avait pas déjà assez de tous ces groupes hommages qui polluent la créativité et empoisonnent la relève musicale. Si même Céline Dion abuse des reprises, où va le monde. Mais elle a l’air de s’éclater, et son énergie est communicative.

Et aussi, pourquoi tant de titres en anglais, chez elle au Québec? On ne peut pas dire que le choix manque dans la carrière d’une des plus grandes chanteuses francophones de tous les temps. Destin ? Prières Païennes ? Je Sais Pas ? On ne Change pas? Pas sur que l’OQLF approuverait la grille de chansons. Parce que en anglais je n’ai pas compris tous les mots, je n’ai pas compris, merci.

 

Une finale qui sublime le tout

Les lumières s’éteignent à nouveau. Cette fois ci, une vidéo de Céline dans l’eau. Le rappel ? Facile, Titanic ! Si tu étais un gars ado quand ce film est sorti tu dois aussi le détester puisque toutes les filles de ton âge ne s’intéressaient plus aux garçons mais seulement à Leonardo Di Carpaccio. Certes, ça reste une bonne chanson. Céline apparaît vêtue d’un genre de robe de mariée, mais super fluffy, un nuage de velours à froufrous, en sorte d’ours polaire à plumes, vegan ou pas, ça à l’air doux et confortable.

Mais alors là, vient le pont de la chanson. Des petites lumières, comme des lucioles, apparaissent en ligne derrière la chanteuse, et s’élèvent dans les airs. Drones, magie, je ne sais pas ce que c’est, j’ai vu bien des spectacles mais jamais ça. Les petites lucioles sont maintenant alignées dans les airs, puis elles tournent au bleu et reviennent en nuage au-dessus de Céline au moment où elle nous emporte dans la magnifique envolée lyrique « There’s nooothing I feaaaar ». Ok j’avoue j’ai eu des frissons et j’ai failli pleurer.

« Ce soir j’ai chanté l’amour, le drame, le courage et l’espoir. Laissez-moi vous dire un dernier mot. Je vous aime. »

Et la chanteuse de conclure avec le classique des classiques Pour Que Tu M’aimes Encore. Somptueux, vraiment. Quelle classe, quelle élégance, quelle femme. On n’en fait plus beaucoup des chanteuses de ce calibre-là. Merci Céline.

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