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CityFolk 2015 – Jour 5 | Wilco, Built To Spill, Passenger et Lucinda Williams

L’année du renouveau pour le CityFolk se concluait sur une bonne note, dimanche soir, au Parc Lansdowne à Ottawa. Avec Wilco en tête d’affiche, ainsi que l’excellent band rock Built To Spill, le charmeur britannique Passenger et la vétéran chanteuse country-rock Lucinda Williams, il y en avait pour tous les goûts.


À notre arrivée, vers 17h45, la chanteuse louisianaise Lucinda Williams s’affairait à montrer que le rock n’a pas d’âge. La vétéran de 62 ans, qui compte plus de 35 ans de carrière, détient 11 albums à son actif ; une discographie qui butine du blues-rock au country, en passant par le folk Americana et le rock’n’roll pur et dur (elle a d’ailleurs conclu sa prestation avec une reprise bien classique de Rockin’ In The Free World). Cette variété était bien représentée par la prestation de la grande dame, qui est d’ailleurs bien entourée par des musiciens de haut calibre.

On ne peut pas en dire autant de Mike Rosenger, alias Passenger… Pas que ses musiciens soient mauvais. C’est qu’il n’en a pas.

Seul sur scène avec sa guitare acoustique et son accent charmeur, Passenger propose un mélange d’interventions comiques et de « chansons dépressives », comme il aime bien le dire.  Son chant maniéré sème les cris féminins… et les récolte. On ne peut pas dire que le matériel de Passenger soit très original, mais ça demeure diablement efficace pour son public cible, comme en témoigne l’immense succès de son fameux single Let Her Go.

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Built To Spill

À l’intérieur de l’établissement agricole nommé « RavenLaw Stage », il semblait clair que l’inimitable Doug Martsch et son groupe Built To Spill n’emprunteraient pas l’approche racoleuse de Passenger, bien au contraire.  La formation de l’Idaho propose un indie rock puissant et original depuis le milieu des années 1990 et ne s’essouffle pas, comme on peut le constater sur Untethered Moon, le huitième album que le groupe lançait en avril dernier.

On dirait que chaque chanson de Built To Spill présentée sur scène se termine comme une fin de show. C’est le résultat d’une attaque à trois guitares sans merci, un bombardement en règle généralement marqué par un solo de Martsch. De beaux moments d’intensité, notamment à la fin de You Were Right et Carry A Zero, toutes deux tirées de l’excellent Keep It Like A Secret (1999).

Même les chansons plus douces et unilatérales comme Made-Up Dreams ou Velvet Waltz bénéficient d’une finale en feux d’artifice. Assez époustouflant.

Cerise sur le gâteau, la troupe termine avec une reprise, mais pas n’importe laquelle : How Soon Is Now de The Smiths, assez fidèle à l’original à l’exception, vous l’aurez deviné, d’une finale de guitares étirée.

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Wilco

De retour à l’extérieur, Jeff Tweedy et sa bande concluaient la programmation de la scène principale en interprétant leur nouvel album, l’excellent Star Wars, en intégral. « That was Star Wars, our latest album. It was free, and now it’s not anymore », lança Tweedy de manière laconique.

En effet, le nouvel album de Wilco a été disponible en téléchargement gratuit sur le site web du groupe en août dernier, comme un cheveu sur la soupe, mais pour une période limitée qui est maintenant expirée.

La foule présente ne semblait pas très familière avec ces nouvelles chansons, et écoutait d’une oreille respectueuse, sans manifester un surplus d’intérêt.

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Quand Wilco est passé aux choses sérieuses, toutefois, ça s’est dégêné. Dès les premières notes de Forget The Flowers, extrait de 1996, certains fans de la première heure ont laissé entendre un cri d’approbation. C’était parti : la foule allait embarquer à bord du navire Wilco, qui navigue les eaux du rock, du folk et du country avec assurance.

Ils ont vu neiger, les gars de Wilco. Neuf albums en 20 ans de carrière. Pas que de l’excellence, mais tout de même, ils ont donné naissance à des petits chefs d’oeuvre de songwriting, comme l’ensemble de l’album Yankee Hotel Foxtrot, véritable bijou du début des années 2000.

Ils en joueront forcément quelques extraits, dont le trio Heavy Metal Drummer, 
I’m The Man Who Loves You et Jesus, etc, coup sur coup. « Here’s one we got toooons of requests for on our website », de dire Tweedy avant cette dernière. Pas surprenant. Quelle chanson !

Une belle prestation intense, d’une grande qualité musicale de la part de Wilco. Seul bémol : le couvre-feu qui sévit à 22h (c’est si tôt), causant l’absence d’un rappel. La prestation a tout de même duré 90 minutes, sans temps mort.

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Grille de chansons (Wilco)

  1. (début de Star Wars en intégral) EKG
  2. More…
  3. Random Name Generator
  4. The Joke Explained
  5. You Satellite
  6. Taste the Ceiling
  7. Pickled Ginger
  8. Where Do I Begin
  9. Cold Slope
  10. King of You
  11. Magnetized
  12. (début du matériel précédent)  Forget The Flowers
  13. Handshake Drugs
  14. Art of Almost
  15. I’m Always In Love
  16. Box Full Of Letters
  17. Heavy Metal Drummer
  18. I’m The Man Who Loves You
  19. Jesus, etc.
  20. Born Alone
  21. Impossible Germany
  22. Late Greats

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Verdict du nouvel emplacement

C’était une année de grands changements pour le Festival Folk d’Ottawa, qui portait pour la première fois le nouveau sobriquet de CityFolk, et déménageait ses pénates au Parc Lansdowne.

Le petit côté hippie, accentué par l’ancien site au Parc Hog’s Back, genre de forêt légèrement en retrait du centre-ville, fait place à un visage résolument plus urbain.

Le site est maintenant situé aux abords du Stade TD, nouvellement rénové cette année. Tout autour, il n’y a plus seulement que l’Aberdeen Pavillion et le « Horticulture Building », mais aussi tout un petit village commercial modernisé, un cinéma Cineplex V.I.P., des restos semi-haut de gamme, voire même une tour à condos neufs de l’autre côté de la rue, où pour la modique somme d’un bras et une jambe, on peut se procurer un 3 et demi avec le choix d’une douche en verre élégante et d’un comptoir en mélamine.

C’est un environnement qui contraste avec le passé plus humble du festival, et ça suit la tendance du Bluesfest d’Ottawa, festival géré par les mêmes organisateurs grosso modo, et qui a trouvé son créneau hors du sacro-saint blues et de la mentalité de petit festival.

Le CityFolk pourrait bien s’affranchir de la sorte, mais il sera important de bien le distinguer, justement du Bluesfest, afin de ne pas en faire un mini-Bluesfest deux mois plus tard.

Et il s’est fait grand cas des problèmes de circulation automobile et de stationnement sur semaine. Mais avec tous les commentaires négatifs à cet effet sur la page Facebook du festival, pas besoin d’en rajouter…

Ce sera intéressant de voir ce que les organisateurs apporteront comme modifications pour l’An 2 de cette nouvelle aventure. Pour l’instant, disons que ça augure bien : le site est beau, peut accueillir une bonne grosseur de foule, et profite plutôt bien des deux édifices à sa portée pour ajouter à l’expérience.

À l’an prochain !

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