CMIM : Compte-rendu de la 3ème demi-finale

Troisième série des demies-finales du Concours International de Montréal. Avec des programmes un peu plus audacieux qu’hier et malgré quelques cafouillages, les jeunes pianistes ont tous les trois su ravir le public de la Salle Bourgie.

Le français Nathanaël Gouin a commencé avec des sonorités très contrastées et des couleurs superbes. Mais sa Sonate en Mi majeur, op.109 de Beethoven pêchait parfois par des voix secondaires trop mélangées. Ce qui est d’autant plus dommage en regard de la très belle conduite de la première voix durant tout le morceau. L’Andante de la Sonate n°2 en sol dièse mineur (« Sonate-Fantaisie », op.19) de Scriabine a souffert du même inconfort, mais le jeune pianiste a ensuite dévoilé un presto extraordinaire, riche de contrastes et de virtuosité. Son interprétation de la pièce imposée d’André Mathieu, Laurentienne n°2 en do dièse mineur était très délicate, emplie de sentiments. Enfin, la Sonate n°3 en si mineur (op.58) de Chopin qui a conclu le programme de Nathanaël Gouin a dévoilé, une fois passée le premier mouvement chaotique, une très belle sensibilité artistique, avec des couleurs magnifiques notamment dans les deux derniers mouvements.

Zoltán Fejérvári, hongrois, a ensuite fait une arrivée remarquée sur les Improvizációk magyar parasztdalokra de Béla Bartók (Op.20 BB 83). Si on a tout de suite été impressionnés par la maitrise de la pièce dont faisait preuve le pianiste, qui ne semblait éprouver aucune difficulté et prenait grand plaisir à jouer, on a tout de même regretté des intonations parfois très dures, qui vont bien avec la musique de Bartók mais qui manquent de subtilité dans d’autres répertoires. L’interprétation de la Laurentienne n°2 a été exceptionnelle, l’interprète ayant trouvé le juste milieu entre la rigueur technique que demande la pièce et sa délicatesse, sans qu’il ne verse jamais ni dans le scolaire ni dans la surinterprétation. Si les accents durs ont persisté dans 1. X. 1905 « Z ulice » (sonate en mi bémol mineur) de Leos Janacek, le pianiste a cependant balayé toutes les craintes avec la douceur et la grâce de son Humoreske en Si bémol majeur (op.20) de Schumann. Fejérvári y a abandonné son ton solennel pour un retour à toute sa sensibilité, sans que cela ne trouble jamais la solidité de son jeu. Des applaudissements très nourris ont salué sa performance, et nombreux sont les personnes qui souhaitent revoir ce pianiste lors des finales.

Le pianiste italien Stefano Andreatta a conclu cette troisième série avec un programme tout en finesse. On a regretté quelque peu la dureté de ses nuances forte, notamment dans les deux premières pièces, Drei Romanzen (op. 28) de Schumann et la Sonate en fa dièse mineur (op. 25 n°5) de Clementi. L’interprétation du Clementi était assez personnelle, très romantique et avec des nuances piano vraiment expressives. En revanche, la pièce imposée manquait un peu de travail : si elle était parfaite au niveau de la technique, elle est restée très scolaire, sèche et manquait d’expressivité. Avec une force tranquille, Stefan Andratta a conclu son programme sur une superbe Sonate n°2 en si bémol mineur (op.35) de Chopin.

Les trois pianistes de cette série ont été particulièrement talentueux, pour le plaisir du public et du jury. On souhaite que les quelques soucis auxquels ils ont parfois du faire face ne leur coûte pas trop cher pour la suite du concours.

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