Refused

Coachella 2012 | Les retours de Refused et Pulp en Amérique!

L’historique édition 2012 du festival Coachella était lancée hier, au Empire Polo Field d’Indio, en Californie. La première soirée aura été marquée par les retours épatants de deux formations européeennes dont le culte n’a cessé de croître depuis leurs années actives, dans la décennie 1990: le groupe punk hardcore suédois Refused et la bande brit-pop Pulp.

Refused

On dit souvent que la fibre rebelle s’assagit avec l’âge. Visiblement, les cinq gars de Refused n’ont pas eu le mémo. Il faut dire que les incitations à la révolution anti-capitalisme que Refused confectionnait sous forme de chansons hardcore jusqu’en 1998 trouvent une résonnance renouvelée en 2012…

Des milliers de fans s’étaient massés près de la scène Outdoor vers 23h15 afin de constater ce que donne un retour en selle de Refused qui, rappelons-le, s’était séparé peu après la parution du désormais mythique The Shape of Punk to Come, sans contredit un classique en son genre.

Véritable bête de scène et « frontman » hors pair, Dennis Lyxzén a donné le ton dès son entrée sur scène et n’a jamais ralenti la cadence. Son chant, ses cris, ses interventions: tout était parfait, inspirant et exaltant.

Dès le départ, ses quatre compères l’ont suivi dans une interprétation féroce de la chanson titre de l’album de 1998. La sono impeccable permettait aux guitares et à la basse de former un front commun et de charger avec une violence inouïe, alors que le batteur David Sandström tenait (voire menait) la cadence démentielle des ingénieuses bombes de Refused.

Le groupe a interprété la plupart des grands titres de The Shape of Punk To Come (Liberation Frequency, Deadly Rhythm, Summer Holiday vs Punk Routine, New Noise) ainsi que les trois premiers titres du précédent de 1996, Songs to Fan the Flames of Discontent (Rather Be Dead, Coup D’État et Hook, Line and Sinker) et le b-side Circle Pit (qui prenait tout son sens avec le volcanique ouragan humain qu’il a créé devant la scène!).  

Les cinq hommes se sont pointés sur scène en chics types, reconnaissants envers la foule qui acclamait à tout rompre son retour et envers les organisateurs de Coachella qui ont su les convaincre de se réunir. Mais malgré les beaux habits propres, la gentillesse et la gratitude démontrées sur scène, les Suédois ont su brasser la cage, éveiller les consciences et livrer un spectacle d’une intensité qui ébranle.

Un retour en grande forme pour Refused, qui sera d’ailleurs de passage au Métropolis, à Montréal, le 21 juillet prochain. Ce sera sans doute l’un des concerts à ne pas manquer cet été.

Grilles de chansons

  1. The Shape of Punk To Come
  2. The Refused Party Programme
  3. Liberation Frequency
  4. Rather Be Dead
  5. Coup d’État
  6. Summer Holiday vs Punk Routine
  7. Deadly Rhythm
  8. Hook, Line and Sinker
  9. Circle Pit
  10. Refused Are Fucking Dead
  11. Worms of the Senses / Faculties of the Skull
  12. New Noise
  13. Tannhäuser/Derrivé

Pulp

Plus tôt en soirée, c’était au tour de Jarvis Cocker et son groupe Pulp de renouer avec le public nord-américain pour la première fois en 13 ans.

À l’aube de la cinquantaine, le grand chanteur frêle au complet cravate et à la bouille sympathiquement britannique ne fait pas son âge et sait toujours fasciner une foule en adoptant des poses suggestives et en traversant la scène au galop. Son charisme n’a pas pâli d’une miette et son chant mi-crooner mi-chanteur rockeur, tient encore la route lorsque vient le temps d’interpréter ses perles de chansons au sujet des classes sociales et de la copulation.

Les dynamiques Disco 2000 et Do You Remember the First Time? ont visé dans le mille, tout comme l’épique This Is Hardcore. Cerise sur le gâteau, Pulp a entonné le classique Common People avant de quitter la foule avec un arrière-goût de revenez-y.

Visiblement, Pulp peut encore voler le show et son retour n’a rien d’un opportunisme déplacé. Le groupe anglais trouve encore sa pertinence et défend à merveille l’excellent matériel à sa discographie. Croisons les doigts pour qu’ils décident de visiter le Québec un de ces quatres.

Grille de chansons:

  1. Do You Remember the First Time?
  2. Mis-Shapes
  3. Babies
  4. Disco 2000
  5. Sorted for E’s & Wizz
  6. F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E.
  7. The Fear
  8. This Is Hardcore
  9. Sunrise
  10. Common People

En bref:

  • Possiblement une première dans l’histoire de Coachella: il a plu, venté et fait froid (autour de 10-12 degrés en plein jour) au festival reconnu pour être invariablement aride et caniculaire (Coachella étant, après tout, une vallée dans le désert de la Californie). À observer tous ces jeunes gens grelottants et ces punchos imperméables, on se serait cru à Glastonbury…
  • Le groupe indie rock oklahomain Other Lives continue de faire bonne impression, après avoir charmé plusieurs villes en première partie de la présente tournée américaine de Radiohead. Les compositions délicates de Jesse Tabish, son intense interprétation vocale et les arrangements luxuriants de la bande créent de jolis moments de belle musique raffinée.
  • Arctic Monkeys a réuni une foule monstre vers l’heure du souper pour une autre de ses prestations très réussies, amalgamant plusieurs titres de ses 4 albums. Du bon rock britannique rythmé qui ne semble pas s’essouffler.
  • La formation indie rock de San Francisco, Girls, a également livré la marchandise avec une belle prestation toute en nuances. Le chanteur, guitariste et principal compositeur Christopher Owens et son bassiste Chet « JR » White étaient accompagné de 4 musiciens et 3 choristes féminines pour l’occasion.
  • On ne peut pas en dire autant du groupe de Manchester WU LYF qui n’a pas su communiquer ses chansons (déjà pas évidentes à la première écoute) adéquatement au public, qui manquait Madness ou un bout du spectacle de Arctic Monkeys pour les voir à l’oeuvre. Une basse désaccordée a causé une dissonnance fort dérangeante pendant deux pièces et le moment venu d’ajuster l’instrument, c’était trop tard (et trop long). Les gens quittaient pour aller découvrir autre chose…
  • On avait entendu de belles choses au sujet du groupe canadien The Sheepdogs et la curiosité nous a poussé à aller vérifier en personne lors de leur prestation à Coachella en début d’après-midi. Belle énergie, bonne complicité entre les musiciens et soucis du détail dans l’interprétation, The Sheepdogs s’acquitte fort bien de sa tâche, bien que son blues-rock très sixties soit, justement, un peu fidèle aux méthodes d’il y a trente-cinq ans.
  • Pas totalement convaincu de la prestation de The Black Keys en tête d’affiche sur la scène principale. Quelque part entre les prestations plus intimes du duo, où l’énergie coulait à flot, et sa nouvelle approche afin d’en faire un spectacle fédérateur et relativement pop, Carney et Auerbach n’ont pas encore trouvé leur zone de confort. Espérons que ce sera le cas rendu en août, pour Osheaga!

Consultez également notre compte-rendu des shows de The Black Keys et The Sheepdogs.

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