Danny Brown

Critique | Action Bronson et Danny Brown au Théâtre Telus de Montréal

Pas de coups de feux, ni d’émeutes ou d’arrestations : le Théâtre Telus était méconnaissable mercredi soir à l’occasion du programme double avec Action Bronson et Danny Brown, judicieusement intitulé 2 High 2 Die Tour. Très courtes, les performances ont tout de même été hautement intenses, à l’image de ces deux génies princiers du hip-hop américain.

Attendu en première-première partie, le duo hardcore punk mongol Trash Talk a fait faux bond au public montréalais. « Ils ont fait trop de marde la dernière fois », de dire le #connoisseur de beats montréalais Tommy Kruise, présent dans la foule avec une longue débarbouillette blanche en-dessous de la casquette.

À 21:58 tapant, une musique electro-house-teen-pop vibre beaucoup trop fort dans le Telus. « C’est plaaaaaate! Bouuuuuu! » réplique du tac au tac notre Kruise national. Puis, le tout se change brutalement en chanson de George Michael, alors que Bronson fait résonner sa voix tendre. Vêtu d’un long trench-coat vert et de sa barbe rousse, l’illustre boule hip-hop new-yorkaise se fait acclamer par la foule. Sans playback, ni MC-choriste, il enchaîne Alligator et Red Dot Music qui suscitent des réactions animées, dont le pitchage de mains dans les airs et – surtout – l’allumage de joints.

 

Le respect des femmes

Heureux de l’accueil, Bronson passe à l’action en mettant les points sur les i – pour ne pas dire les poings sur les yeules. « I respect all women ! », scande-t-il presque furieusement, en réaction aux dires d’un certain site qui qualifiait récemment ses paroles de dégradantes pour les femmes.

Il décide ensuite de se déplacer, en un temps record, de la scène vers la mezzanine. Les flash de caméra se font aller impétueusement, et tout le monde se met à crier « ACTION ! ACTION ! ACTION !  » à répétition. Le rappeur a l’air d’un lutteur prêt à sauter dans l’arène pour casser des chaises. Là-haut, il entame The Symbol. À ce moment bien précis, toute la foule remarque que le gardien de sécurité proche de la scène désertée ressemble à César le dresseur de chiens.

À son retour, Bronson se lance dans le hit Bird on a Wire, exécutant même la part gymnaste à Riff Raff. Il passe un joint à la foule. « Va faire un tour dehors 15 minutes. Tu as trop pris de drogues », conseille César à une spectatrice absente mentalement.

 

Brown, le miracle

Une demi-heure d’entracte plus tard, Danny Brown confirme l’impossible : il a bel et bien passé la frontière malgré son passé douteux. Accompagné d’un garçon emo aux platines qui adore les basses très saturées, le miracle de Detroit entonne ODB et Witit. La foule ne se contient plus.  « I’m the black Brad Pitt. Let’s go », dit-il, avant d’entamer sa reprise de Black Brad Pitt – chanson qui lui va à merveille puisqu’il est resplendissant avec sa tenue brune dégueulasse.

L’ambiance tourne ensuite en mode « body surfing » alors que surgissent les mélodies débauchées de Radio Song et Dip. Puis, la drogue atteint son paroxysme alors que culminent Blunt After Blunt et Kush Coma. Toujours aussi intense dans sa livraison, Danny nous fait le bonheur d’osciller entre ses deux voix : la nasillarde désagréable et l’agressive brutale.  Après 50 minutes de folie, il quitte la scène sans faire de rappels puisque ce n’est plus cool d’en faire depuis 2008.

4 minutes 22 secondes après la fin, le personnel du Telus nous invite à circuler avec insistance. « Ça sonnait vraiment bien à cause du soundman. Big up à lui », confie le photographe notoire Le Pigeon dans le vif du moment. « Deux rappeurs qui performent sans vocals en arrière, ça vaut cher », résume Tommy Kruise, visiblement comblé par son expérience.

Vos commentaires