Aerosmith

Critique album | Aerosmith – Music From Another Dimension

Aerosmith - Music From Another Dimension Aerosmith Music From Another Dimension

Après avoir survécu à moult disputes, problèmes de drogues et de santé, ainsi que deux années d’American Idol pour Steven Tyler, que reste-t-il d’Aerosmith en tant que band rock? Music From Another Dimension, premier album de matériel original depuis le décevant Just Push Play en 2001, répond à cette question avec un beau gros « meh »…

Premièrement, il aurait peut-être fallu aviser Aerosmith qu’en 2012, ce n’est plus nécessaire de remplir tout l’espace disponible sur un disque compact. Des 15 pistes (qui totalisent près de 70 minutes d’écoute), 4 ou 5 auraient très bien pu être retranchées (voir « À éviter » au bas de l’article) ou recyclées pour un mauvais film hollywoodien.

Mais bon, on parle tout de même de l’un des meilleurs bands rock de la planète et, bien entendu, tout n’est pas perdu. Les ingrédients sont toujours de haut calibre: le bassiste Tom Hamilton, le batteur Joey Kramer et le deuxième guitariste Brad Whitford savent toujours entretenir des rythmes boogie rock endiablés. Sans compter les deux grosses gommes d’Aerosmith, le chanteur Steven Tyler et le guitariste principal Joe Perry, qui brillent plus souvent qu’autrement dans leurs moments de gloire soigneusement établis.

L’art délicat de réveiller les morts

C’est au niveau des compositions que ça brille moins. Dès la première écoute, on remarque que le groupe tente désespérément de ressusciter son glorieux passé, comme en témoigne notamment les couplets de Legendary Child, qui évoquent Walk This Way de manière si évidente que Aerosmith pourrait se poursuivre lui-même pour « auto-plagiat ».

Évidemment, Aerosmith respecte son bon vieux quota de ballades, des chansons qui n’arrivent pas à la cheville des classiques de Get A Grip. L’épouvantable Can’t Stop Lovin’ You est une tentative éhontée de séduire le public carburant aux radios commerciales américaines avec un duo avec la star du country Carrie Underwood. Le résultat, vous le devinerez, dégage une certain odeur d’opportunisme.

Malgré les efforts louables en ce sens, What Could Have Been Love ne remplacera certainement pas Always de Bon Jovi dans les mariages. La mélodramatique Another Last Goodbye – qui se trouve, elle, en clôture de l’album – tente bien de varier l’approche habituelle d’Aerosmith en matière de ballade, mais ne réussit pas.

À ce chapitre, Closer et We All Fall Down (signée Diane Warren) paraissent moins affectées, malgré les cordes larmoyantes du refrain de cette dernière.

Aerosmith réussit tout de même à atteindre la cible à l’occasion, comme sur la dynamique Street Jesus, qui s’étire malheureusement trop longtemps (près de 7 minutes du même riff) avec une fausse ardeur. Un peu comme un vieil homme au lit sous l’effet de la petite pilule bleue.

Même chose pour Out Go The Lights, qui s’arrête même vers les 4:15… avant de recommencer pour près de 3 autres minutes de la même maudite chose. C’est comme si la chanson avait pris une pause, l’instant de récupérer son souffle sur le banc de parc avant de reprendre le jogging.

Ce qui demeure le plus efficace, ce sont les bons vieux boogie rock teintés de blues, comme Lover Alot.

Les deux chansons écrites et chantées par le guitariste Joe Perry, soit Something et Freedom Fighter, qui rappelle étrangement ZZ Top, figurent aussi parmi les plus pertinentes et singulières. On se demande quasiment si ce dernier ne serait pas mieux servi de se contenter de faire cavalier seul, même si sa voix n’est pas aussi dynamique et distincte que celle, incomparable, de Steven Tyler.

À ce point-ci, on ne demande plus à Aerosmith de réinventer le hard rock, mais un minimum d’originalité et de conviction aurait été apprécié… surtout après 11 ans.

* À écouter: Street Jesus, Something, Closer, Freedom Fighter, Lover Alot

* À éviter: Can’t Stop Lovin’ You, What Could Have Been Love, Luv XXX, Oh Yeah

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