Critique Album | Angel Haze – Dirty Gold

Angel Haze - Dirty Gold Angel Haze Dirty Gold

Intrigante étoile filante dans le ciel du R&B et de la pop rappée, la jeune américaine Angel Haze dépose (bien avant la date prévue par Island et Republic Records, mais bien après ses intentions personnelles) un premier album complet qui répond plus ou moins aux attentes créées par son EP Reservation, libéré gratuitement sur le web en 2012.

« My identity is the music. Everything that you need to know about me is in the music. My home is the music. It’s where I originate, it’s where I fall apart, it’s where I come to life ».

Cette phrase, Angel Haze l’a incluse comme un témoignage au sujet de l’absence de ses origines multiethniques dans ses textes, dans l’introduction de sa chanson A Tribe Called Red, produite par le groupe ottavien du même nom. Comme pour souligner l’évidence : cet album sera très personnel, introspectif, imbibé du vécu de la jeune dame.

À la première écoute, cette tendance mélodramatique à traiter ses chansons comme un journal intime, pleines de slogans sur le dépassement, la confiance en soi et tout le tralala, tout ça peut agacer. Sans compter que maintes starlettes du même genre musical ont exploité ce filon intemporel sans fin.

Heureusement, Angel Haze n’a pas un vécu banal, ce qui donne du jus à ses confessions musicales. De racines afro-américaines et amérindiennes, Raykeea Angel Wilson a grandi dans une communauté religieuse recluse (voire une secte) jusqu’à l’âge de 16 ans, et lorsqu’on écoute au-delà des maladresses lyriques d’Angel Haze, on retrouve bien quelques double-sens plutôt rafraîchissants. Son petit côté frondeur lui vient sans doute de cet affranchissement.

En fait, c’est surtout sa dégaine qui impressionne. Son aplomb en fait une redoutable rappeuse, qui mord dans les mots et maîtrise un débit rapide sans tourner les coins ronds. L’oreille la moindrement attentive captera l’essentiel de ses textes, souvent lourds et maladroits, mais le jeune âge de la chanteuse (22 ans) y est aussi sans doute pour beaucoup. Elle a beaucoup de choses à dire, et n’hésite pas à tartiner épais, ce qui n’est pas nécessairement un défaut si horrible sur un premier album.

Musicalement, des titres comme Echelon (It’s My Way), Deep Sea Diver et la susmentionnée A Tribe Called Red démontrent une volonté d’amener l’auditeur dans un univers musical assez personnel et créatif. Hélas, les ballades cheesy, comme Battle Cry (qui sonne comme une collaboration entre Nicki Minaj et P!nk) ou Planes Fly tirent l’album vers le bas.

Dirty Gold n’est pas sans charme pour autant. On s’attendait simplement à davantage de la part de la jeune prodige.

 

À écouter : Echelon (It’s My Way), A Tribe Called Red, Deep Sea Diver, Black Dahlia.

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