Camille

Critique album: Camille – Ilo Veyou

Camille - Ilo Veyou Camille Ilo Veyou

L’excentrique chanteuse française Camille poursuit son exploration des limites de la chanson pop avec Ilo Veyou, un petit bijou d’album foisonnant d’instrumentations acoustiques riches et de titres a capella qui caressent doucement l’oreille en plus de titiller l’imagination.

Reine et maîtresse au coeur de l’album, la voix de Camille resplendit, séduit, étonne aussi. Les adeptes le savent: pour Camille, la voix n’est pas que porteuse de mots, c’est un instrument aux multiples facultés, battant le rythme, s’accompagnant elle-même, circulant d’une octave à l’autre avec une aise qui paraît presque truquée.

On sentait déjà sur son précédent Music Hole (2008) que l’artiste a étudié l’art du beatbox et du chant de gorge inuit et se les sont appropriés. Cette expertise refait surface, de façon plus subtile et modérée, pour servir des chansons mieux structurées.

Même lorsqu’elle chante, Camille donne autant dans la variété des tons dans ses propos (de l’humour à la poésie, en passant par la dérision) que celle des tons de voix qui évoquent plusieurs influences d’autres chanteuses. Elle emploie la voix de gamine à la Kate Bush sur Mars Is No Fun, le chant de ménestrel sur la jolie Le Berger, le roulement de R rappelant Piaf sur la comique et irrévérencieuse valse La France, un peu de Tori Amos dans la dynamique My Man is Married But No Me et nous rappelle les premiers disques de Jewel sur la ballade folk Wet Boy.

L’instrumentation donne parfois beaucoup de punch: violons, clarinette, tuba, guitare acoustique interviennent lorsqu’il le faut, sans jamais prendre les devants ou faire ombrage à la voix de Camille.

 

Un souffle maternel

Conçu lors de la grossesse de l’artiste,  Ilo Veyou – le titre est en fait un jeu de disposition des lettres de la phrase « I Love You » – est si intime par moments qu’il nous donne parfois l’impression de flotter en son sein.  Comment d’autre pourrions-nous entendre sa voix avec autant de proximité?

Des titres comme She Was, Wet Boy et Le Banquet renforcent cette impression, même s’il est plutôt question de difficultés amoureuses. Les titres a capella, presque chuchottés ou racontés, sont également prenants d’intériorité.

L’album contient aussi quelques titres plus ludiques dont Mars is no fun, la courte comptine Message et la drôlette La France, qui allègent l’album, contribuent à le rendre plus lumineux.

Touchant, sincère et relativement imprévisible, Ilo Veyou rassemble les meilleurs aspects des expériences antérieures de Camille pour former son album le plus accessible à date, sans tomber dans la facilité. Admirable.

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