Coldplay

Critique album : Coldplay – Mylo Xyloto

Coldplay - Mylo Xyloto Coldplay Mylo Xyloto

Le nouvel album de Coldplay, Mylo Xyloto, est finalement disponible! Plusieurs membres de l’équipe de Sors-tu.ca ont eu l’occasion de jeter une oreille attentive à ce 5e disque qui suscite des opinions pour le moins… partagées!

Une fois de plus, Chris Martin et sa bande ont fait appel à Brian Eno pour contribuer à la réalisation de l’album, ainsi qu’à Rik Simpson, Markus Dravs et Daniel Green. Mylo Xyloto fait suite au très estimé et immensément populaire Viva La Vida Or Death or All His Friends (2008).

Et vous? Laissez-nous vos impressions sur le nouveau disque tant attendu de Coldplay en commentaires ci-bas!

Le point de vue de
Marc-André Mongrain

Les premiers extraits de Mylo Xyloto ont sans doute donné la frousse à bon nombre de fans de Coldplay: Paradise semble tout droit sorti des mauvais disques d’Eminem, Every Teardrop Is A Waterfall rappelle des hits dance européens des années 1980 et Princess of China vient avec un enrobage pop bonbon nouveau genre qui se marie mieux avec le style de l’invité Rihanna qu’à celui de Coldplay. On est loin des hits rock alternatifs modérés qui ont assuré le succès de Coldplay à ce jour.

Même si ces titres illustrent les extrêmes de cette aventure dans des sonorités étrangères à Coldplay, le reste de l’album n’échappe pas tout à fait à ces défauts. Mylo Xyloto souffre d’un crémage trop sucré, d’un surplus d’effets derrière la console et d’un abus d’incantations rassembleuses (« oooh » et « aaaah »). Des synthés euro-dance, des guitares à la production trop gonflée – Brian Eno tente-t-il de faire de Jonny Buckland le nouveau Edge? – Coldplay beurre tout simplement trop épais, ce qui étouffe les compositions somme toute assez solides.

En ce qui a trait au « concept » de l’album – une supposée histoire d’amour entre Mylo et Xyloto dans un monde dominé par les énergies négatives – on repassera. La trame narrative ne tient pas la route et les chansons comportent, plus que jamais, les bons vieux slogans fédérateurs vides de sens. Bon, d’accord, on ne les laissera pas faire (qui ça, au juste?) et on se réunit tous ensemble… mais ensuite quoi?

Au fond, Mylo Xyloto est une collection de chansons bien constituées, aux propos plus musicaux que profonds, qui se prend pour un album concept innovateur avec sa veste multicolore agressante. Une oeuvre obèse, finalement. Dommage parce que les titres plus intacts, notamment les jolies Up With the Birds et U.F.O. et l’entraînante Major Minus rappellent ce que Coldplay sait faire de mieux (de bonnes chansons simples), alors que notre incursion à Lollapalooza cet été démontrait le potentiel de chansons comme Hurts Like Heaven et Charlie Brown sans cette production lourde.

Le point de vue de
Marie-Kim Dupuis Brault

Après Viva la VidaMylo Xyloto apparaît à bien des égards comme la suite logique des choses pour Coldplay. En explorant des avenues plus lumineuses, plus positives, plus « joyeuses » si on peut le dire ainsi, Coldplay s’est définitivement détaché de ce qu’il produisait à l’époque des Parachutes ou A Rush of Blood to the Head. Avec Mylo Xyloto, Coldplay prend un tournant visiblement plus pop, mais ce n’est pas si désagréable à l’oreille, malgré quelques choix discutables.

Les choeurs rassembleurs et porteurs d’un genre d’espoir palpable se font nombreux sur cet opus, ce qui donne une autre dimension aux compositions du groupe, sur Every Tear Is A Waterfall notamment. Hurts Like Heaven et Charlie Brown sont des bons coups qui font bien transition entre ce qu’on pourrait qualifier de « vieux » et « nouveau » Coldplay.

Princess of China, fruit de la fameuse collaboration du quatuor britannique avec la « princesse » des Barbades Rihanna, est probablement l’extrait qui trouve le moins sa place sur un album de Coldplay. Il semble que si la chanson figurait sur le prochain effort de la chanteuse, on comprendrait mieux le rôle du groupe anglais dans la pièce. Et que dire des paroles qui manquent cruellement de profondeur…

Major Minus possède des rythmes entraînants intéressants, et des « ouh ouh » accrocheurs à la Sympathy for the Devil. Le problème c’est qu’on pourrait facilement la méprendre pour une chanson de U2.

La structure de Up With the Birds, dernière pièce de l’album, rappelle un peu celle de Death and All His Friends, qui clôturait également l’album en 2008, et nous laisse sur une note plus propre au quatuor.

Alors qu’on avait l’impression que le groupe s’était enfin trouvé sur Viva la Vida, on a maintenant l’étrange sentiment que Coldplay ne sait plus trop quelle direction prendre, ou plutôt, comment la prendre. Le groupe tente de se frotter aux grosses moutures populaires de l’industrie musicale, de « faire partie de la gang », alors qu’il en est déjà un acteur important. Nul besoin d’offrir une musique extrêmement synthétisée et d’incorporer des gros « beats » R’n’B pour être la saveur du mois quand on se nomme Coldplay.

Ceux qui ont apprécié Viva la Vida y trouveront leur compte dans Mylo Xyloto, mais pour ceux qui espéraient un retour aux sources pour Coldplay… ce ne sera pas pour cette fois-ci.

Le point de vue de Mathieu Romero

Mylo Xyloto: Premier morceau de l’album.  Coldplay veut s’assurer que chaque mélomane débute le voyage à partir d’un même point de départ: 43 secondes magiques afin de produire un impact à la toute fin.

Hurts Like Heaven: Utilisation abondante d’un « codeur de voix » (dispositif électronique qui analyse les composantes de la voix pour fabriquer un son synthétique).  Pièce qui démarre l’album à la Keep The Car Running d’Arcade Fire.

Paradise: Nouvel extrait paru le 12 septembre dernier.  Très ambitieux, car accessible pour tout le monde.  Conçu pour se trouver dans le palmarès des meilleures chansons radiophoniques.

Charlie Brown: Sans contredit, la meilleure chanson de l’album tant au niveau sonore qu’à l’écrit.  Un superbe riff de Johnny en utilisant la guitare acoustique et électrique.  Elle reflète la passion pour lutter contre la tyrannie et garder un espoir dans ce monde désespéré dans lequel nous vivons.

Us Against The World: Retour à ses racines. Une ballade en juxtaposant la guitare acoustique et l’orgue.  Les nostalgiques de Parachutes seront ravis.

M.M.I.X: Courte pièce instrumentale qui relâche une tension construite jusqu’à présent.

Every Teardrop Is a Waterfall: Premier extrait sorti le 3 juin dernier.  Très très pop.  On sort un peu des sentiers battus.  Paroles banales et mélodies répétitives. Il s’insère adéquatement dans le registre de l’album.

Major Minus: Chanson la plus rock de l’album.  Quelques parallèles avec U2 dans le choix du riff et les guitares puissantes.

U.F.O: Chanson acoustique très simple qui est bien fignolée et pensée pendant le chœur.

Princess of China: Pour la première fois, Chris chante en duo… et pas avec n »importe qui: l’icône du R&B Rihanna (en excluant Jay-Z dans Lost + qui est une pièce bonus du précédent album).  La pire de Coldplay ou la meilleure de Rihanna?  À vous de juger… Un long couplet, un refrain et un passage instrumental…. une structure pas très habituelle de Coldplay.

Up in Flames: Très touchante et controversée.  Inspirée par Philadelphia de Neil Young. Voix très aiguë de Chris par moment.  Simple, mais efficace.

A Hopeful Transmission: Dernière pause avant le dernier assaut.

Don’t Let it Break Your Heart: Structure similaire à Twisted logic. Moment de gaieté ponctué de quelques touches mélancoliques.  Il faut écouter sur une bonne chaîne stéréo pour repérer toutes les subtilités au niveau instrumental.

Up With The Birds: Morceau que plusieurs feront jouer durant des funérailles.  C’est une façon de dire adieu à ce merveilleux monde de Mylo Xyloto.  Divisé en deux, la première partie est sombre alors que la deuxième est beaucoup plus joyeuse.

Il s’agit certainement l’album le plus pop de Coldplay.  Il vient chercher toute la gamme d’émotion lorsqu’on ferme les yeux pendant ces 44 minutes d’aventure.  Les ténébreux qui faisait l’éloge de Parachutes ne se remettront pas rapidement de Mylo Xyloto.

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