Daft Punk

Critique album | Daft Punk – Random Access Memories

Daft Punk - Random Access Memories Daft Punk Random Access Memories

Petit chef d’oeuvre de mise en marché, le nouveau Daft Punk – attendu comme le Saint-Graal de l’électro-house s’avère finalement emballant par moments, mais beaucoup trop long et inégal pour relever l’impossible défi de ne pas décevoir après tout ce brouhaha. 
 

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Admettons-le : la savoureusement Jackson-esque  Get Lucky laissait entrevoir de belles choses, avec la chic (jeu de mot intentionnel) guitare de Nile Rodger et le chant de Pharrell Williams. Et surtout, ce groove des belles années. Parfait ver d’oreille, simple, efficace. La chanson du printemps 2013, sans aucun doute.

Au compte-goutte, les informations surgissaient, laissant poindre une oeuvre organique, trempée dans le disco-funk des années 1970-1980 avec l’honorable volonté de ramener un brin d’humanité à la musique populaire, qui carbure à l’adrénaline saturée et à la surproduction depuis trop longtemps.

« Give Life Back to Music », comme l’indique le titre de la toute première pièce, résolument disco.

Une première expérience de studio, donc, pour les Français Thomas Bangalter et Guy-Man de Homem Christo, qui ont préféré laisser de côté les échantillonnages et la musique par ordinateur à la faveur d’une expérience en studio avec de vrais musiciens et de vrais instruments. Des intentions surprenantes pour un duo électro qui avait contribué à façonner la musique house telle qu’on la connaît aujourd’hui.

 

Trop d’humains chez les robots?

Outre Pharrell et Nile, Daft Punk a pu compter sur l’apport du roi du disco italien Giorgio Moroder (la biographique Giorgio By Moroder), de Julian Casablancas de The Strokes (Instant Crush), du fameux Swan du Phantom of the Paradise de Brian De Palma, Paul Williams (Touch), de Todd Edwards (Fragments of Time), de Chilly Gonzales qu’ils ont fait jouer au piano pendant des heures pour capter des bribes (Within) et de Panda Bear d’Animal Collective (Doin’ it Right).

Beaucoup d’invités. Beaucoup de voix aussi, ce qui aura sans doute un effet rébarbatif sur les fans de la première heure, même si le vocodeur se fait aller plus souvent qu’autrement.

L’album est foisonnant, imaginatif, à cheval entre la nostalgie et la modernité, et suscite la curiosité. Il sollicite au moins autant l’intellect que le bassin, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose (à moins que vous soyez propriétaire d’une boîte de nuit).

Certaines expérimentations sont audacieuses et admirables : Giorgio By Moroder et Contact, surtout. Les chansons plus simples sont souvent les meilleures : Get Lucky, Fragments of Time, Lose Yourself to Dance.

Plusieurs titres plus mous s’intègrent malheureusement au lot : The Game of Love, qui rappelle étrangement les navets érotiques Emmanuelle, ou encore, la fromagée Within. D’autres (Instant CrushDoin’ It Right, Beyond) sont tout simplement ennuyantes.

À la fin de cette folle aventure de 74 minutes en dents de scie, des sons puisés de la mission Apollo 17 (!) s’agencent à un sample de guitare rock (The Sherbs, apparemment) sur Contact, un crescendo final qui évoque, on le suppose, le retour de Daft Punk dans le cosmos. Ou quelque chose du genre.

Au fond, la démarche est plus riche que le résultat, ce qui fait de Random Access Memories un album plus intéressant comme sujet de conversation que comme oeuvre musicale dans son ensemble.

Ce n’est certainement pas à défaut d’avoir visé le chef d’oeuvre ou de s’être assis sur leurs lauriers. Mais parfois, quand on vise trop haut, le résultat s’avère décevant sans être désastreux. Et pour les adeptes du vintage, il y a suffisamment de quoi se régaler.

 

À écouter : Giorgio By Moroder, Get Lucky, Contact, Fragments of Time.

À éviter : The Game of Love, Within, Doin’ It Right, Beyond.

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