Critique album | Eman x Vlooper – XXL

Eman x Vlooper - XXL Eman x Vlooper XXL

Ça ne fait qu’une semaine que le premier album complet des collaborateurs de longue date Eman et Vlooper est sorti et déjà on crie à la révolution. Mais innove-t-il tant que ça, ce XXL ? Comparé à la vision qu’apporte le groupe principal des gars, Alaclair Ensemble, peut-être pas. Comparé à ce qui se fait dans le rap québ’ pur et dur, mets-en.

En fait, c’est surtout ça qui frappe à l’écoute de l’album : c’est un record de rap.

Pas de postrigodon, pas de post-rap, pas de piu piu, ni d’aucun autre néologisme musical. De rap.

Pour le prouver hors de tout doute, le duo est allé jusqu’à signer avec les disques 7ième Ciel (maison de disque qui représente habituellement les figures pas mal plus traditionnelles de la scène hip hop québécoise, genre Manu Militari, Dramatik, Koriass).

Quand on y pense, c’est logique. Eman a toujours été, autant dans Accrophone que dans Movèzerbe que dans Alaclair, le véritable MC de la gang.

Mais malgré ce pied à terre dans le rap québ’, pis malgré un « Entouré de problèmes, pogné au centre » glisser entre deux rimes sur Les Pauvres, on est loin en calvâsse d’un album de Sans Pression. Surtout grâce aux productions de Vlooper, pleines autant de références au hip hop et R&B des années 90 (clairement audibles sur Dookie et M.A.D), que de clins d’œil aux sons plus contemporains.

D’ailleurs y’a une couple de sonorités récurrentes sur XXL qui sont clairement inspirées d’albums comme Yeezus. Oui, on utilise trop souvent Kanye West comme comparaison à tout ce qui ressemble à du rap ces temps-cites, mais là c’est inévitable. Les sons de cuivre ultra distortionnés à la Hudson Mohawke (Tirer des Moves), les refrains à la jamaïcaine (TOUT’NOU). Pas le choix.

Mais c’est sur les pièces où les gars font leur propre truc, sur ces pièces où c’est dur d’identifier les influences tant ça ressemble à rien d’autre, que c’est le plus brillant.

Exemple Mantra, avec son beat sombre et ses paroles complètement abstraites, limite surréalistes tellement Eman passe d’une idée à l’autre sans aucun lien.

Exemple DANS LE VIDE, avec Ariane Moffatt, qui est une petite perle de pop, de R&B, de trap. C’est la pièce la plus accessible de l’album, la plus standard, à cause du chant de Moffatt et de la présence du fameux autotune, mais au final ça colle à merveille.

En gros, là, y’a pas une mauvaise chanson sur cet album-là.

La seule faiblesse qu’on peut pointer, c’est que toutes les pièces ont à peu près la même ambiance. Pour ceux qui aiment d’Alaclair leur tendance à passer d’un gros beat pesant à une ballade sirupeuse en passant par une gigue, vous allez être déçu de voir qu’ici on reste toujours dans un registre lent et enfumé.

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