Jenny Lewis

Critique album | Jenny Lewis – The Voyager

Jenny Lewis - The Voyager Jenny Lewis The Voyager

Le titre du nouvel album de Jenny Lewis, The Voyager,  fait référence au chemin de croix entrepris par l’artiste depuis la séparation de son groupe Rilo Kiley, le décès de son père, et de ses efforts acharnés pour remettre de l’ordre dans sa vie ainsi que dans sa tête au fil des 4 dernières années. Ce qui ne fut pas de tout repos. Musicalement, ça donne un disque aux textes francs et directs, mais sur une musique malheureusement un peu trop convenue. 

Si ses premiers disques – Rabbit Fur Coat en 2006 avec les Watson Twins, et Acid Tongue en 2008 – ont établi Lewis comme une artiste aux couleurs uniques, ce nouvel album laisse quelque peu à désirer en termes d’originalité. Sa musique alterne constamment entre la pop et le rock, nous présentant des pièces aux rythmes enjoués et aux mélodies faciles à fredonner, presque toutes agrémentées de solos de guitare un peu démodés, mais très bien exécutés. La voix de la chanteuse et actrice est à la fois déterminée et fragile, interprétant des textes hantés par le doute et la trahison, entre autres. On sent très clairement la peine ressentie par l’artiste.

Par contre, en surface, ses chansons sont légères. On a l’impression d’écouter un petit disque paresseux d’été, parfait pour faire jouer lors d’une réception sur votre terrasse près de la piscine hors terre. Et ce serait très bien venant de n’importe quel autre artiste, mais avec le passé de Lewis au sein de Rilo Kiley ou en solo, on est en droit de s’attendre à quelque chose d’un peu plus mordant et qui sort de l’ordinaire.

Le premier extrait radio, Just One Of The Guys, a été réalisé par Beck et cela s’entend, dans le polissage du son et le raffinement en général dont bénéficie la pièce. Le vidéoclip qui accompagne la chanson, mettant en vedette Kristen Stewart et Anne Hathaway, entre autres, est plutôt intéressant, et le texte de la chanson (à propos de l’horloge biologique) offre un fort contraste avec le ton léger de la musique.

Mais les moments les plus intéressants de l’album furent réalisés par Ryan Adams et le compagnon de Lewis, Johnathan Rice, avec lequel elle avait lancé un disque très ensoleillé en 2010 sous le nom Jenny & Johnny.   Ces moments sont ceux qui « rockent » davantage, dont She’s Not Me (enregistrée live en studio avec tous les musiciens), un air Tom Petty-esque au fort potentiel commercial. On pense également à Slippery Slopes, une chanson langoureuse sur un fond de guitares très 90’s, ou encore à la dynamique Love U Forever qui, hormis le titre stupide à la Prince, s’avère une excellente chanson pop.

Les fans de Jenny Lewis ne seront probablement pas déçus de ce disque. C’est très bien écrit, interprété et réalisé. Les chansons ont toutes le potentiel de jouer à la radio et d’obtenir un grand succès. La voix de Lewis est plus assurée que jamais. Mais il manque un petit quelque chose. C’est certes très alléchant, mais un brin trop confortable.

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