crédit photo: Philippe Richelet
Julien Sagot

Critique album: Julien Sagot – Piano Mal

Julien Sagot - Piano Mal Julien Sagot Piano Mal

Percussionniste et tête folle de Karkwa, Julien Sagot se paie un album solo où il s’aventure hors de l’univers rock de son groupe. Des plus convaincantes, l’aventure onirique de Piano Mal nous transporte dans l’imaginaire d’un artiste, un vrai, qui explore avec sang froid le vertige de l’art instinctif.

Audacieuse décision que de mettre Le Trucifié au début de l’album. Ce premier titre est un conte sans queue ni tête sur un enchaînement de 4 accords à la guitare acoustique. Peu à peu interviennent quelques accords de guitare électrique Morriconesques, ainsi que des voix ralenties et hantées. L’intensité monte et le tout culmine en une finale endiablée où Sagot mitraille une caisse claire et quelques cymbales.

Curieux choix pour une première impression, mais fort ingénieux: l’auditeur comprend d’emblée qu’il vaut mieux lâcher prise et se laisser mener par la barque de Sagot, qu’il maîtrise même en zigzaguant.

Le voyage se fait de nuit, sur un fleuve sinueux et les rives laissent entendre des bruits difficiles à identifier. L’ami Simon Angell (Patrick Watson, Thus:Owls) y est pour beaucoup. Tout l’album est brillamment décoré par des arrangements dignes du souci des détails de Karkwa et de Patrick Watson, justement.

C’est pourtant pour la réalisation que l’on donne crédit à Angell, on le remarque d’ailleurs à la prise de son. Leif Vollebekk aurait quant à lui prêté main forte aux arrangements, d’où la forte saveur folk qui tapisse les compositions. Contrairement à ce qu’on pourrait croire en raison du titre, les guitares acoustiques prédominent sur le piano.

 

Audacieux sans être farouche

Sagot, lui, raconte, dicte, chuchote et chante des textes surréalistes qui évoquent des images inquiétantes, étranges, tordues, mais parfois belles aussi.

En dépit de tous ces éléments déconcertants, Piano Mal n’a pourtant rien d’un album farouche. Ou si peu. La chanson titre, la comique Une vieille taupe, le rock abrasif de Le Temps des vendanges et la jolie Palissade s’apprécient sans le moindre effort.

L’auditeur ne trouve pas ses repères habituels, mais le voyage singulier que nous propose Sagot est à la portée de tout mélomane le moindrement ouvert.

Événements à venir

Vos commentaires