crédit photo: Gaëlle Leroyer
Les Vulgaires Machins

Critique album: Les Vulgaires Machins – Vulgaires Machins (acoustique)

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Il n’y a pas plus vulgaire comme machin commercial qu’un best of. Alors que faire quand on est un groupe punk et qu’on souhaite revisiter 15 années de rock’n’roll, de dissidence et d’indignation face au capitalisme crade d’une société qui carbure à l’argent? Les Vulgaires Machins, eux, ont opté pour l’aventure acoustique.


Question d’être conséquent avec ses principes, le groupe a décidé, la semaine dernière, de rendre l’album disponible en téléchargement à don volontaire, au prix fixé par le fan. La version CD de l’album, avec sa pochette blanche javel imprégnée d’un logo du groupe, est tout de même trouvable sur les étagères des disquaires depuis mardi.


Il ne faut pas s’y méprendre: Les Vulgaires Machins ne se convertissent pas à la mode folk des City & Colour, Dashboard Confessional et compagnie, ni du « punk mou » des Jack’s Mannequin et autres Bright Eyes. Le quatuor québécois opte plutôt pour un exercice de style: revisiter 8 de ses chansons à la guitare sèche (et au piano!), en y ajoutant 3 titres inédits qui cadrent bien dans ce concept.


Forcément, la sélection de chansons est influencée par cette contrainte esthétique, ce qui signifie que certains titres incontournables comme La chasse est ouverte, Puits sans fond ou Compter les corps sont absents du lot. Il aurait été intéressant de voir comment ceux-ci auraient pu prendre forme dépouillés de distorsion, tout comme des chansons plus loufoques comme l’obscure Cocainomane (J’fais de la poudre).


En revanche, Les Vulgaires Machins ne se gênent pas pour revoir de vieux titres comme Les Gens de l’Occident (tiré de l’excellent Vingt-quatre quarante), Personne n’a raison et Aimer le mal qui résonnent tous très bien. Les émotions véhiculées par les voix de Guillaume Beauregard et Marie-Ève Roy y prennent leur juste place, comme sur la plus récente L’Escorte.


D’un ton à l’autre


Étrangement, l’album homonyme des Vulgaires Machins comporte quelques ruptures de ton et certains contrastes pour le moins inusités. Triple Meurtre et suicide raté paraît particulièrement cynique lorsque Guillaume superpose des propos particulièrement lourds sur une musique ouvertement bluesgrass, guitare lapsteel et tout. Prêt à tomber souffre également de cette curieuse contradiction entre la musique très country et le texte lourd de sens.


La chanson A prend quant à elle une dimension plus mélodramatique, avec un arpège de guitare et des accords de piano qui s’abattent sur le premier temps avec toute la subtilité d’une brique échappée sur un plancher de céramique.


Du côté des nouveaux morceaux, Sans remède aurait sans doute pu se retrouver telle quelle sur un futur album électrique des VM, alors que Je chante pour les sourds semble avoir été remaniée pour les besoins de la cause.



Le premier extrait Et même si, lui, n’a de place que sur cet album, et encore… Ce regard un brin nostalgique sur le chemin du groupe avec – attention – quelques pointes d’humour totalement dénuées de sarcasme amuse à la première écoute. Sa légèreté est certes inhabituelle pour les adeptes du groupe. Les Vulgaires Machins dans une boîte à chansons près de chez vous? Non merci.



Cette virgule dans la carrière du groupe comporte donc ses bons coups et ses moins bons, mais ravira sûrement les curieux qui souhaitaient depuis longtemps entendre Les Vulgaires Machins se prêter au jeu du unplugged.


Le travail suffisant dans les arrangements empêche cet « album blanc » de surpasser l’étiquette « exercice de style ». Il faut dire que les compositions des Vulgaires Machins n’ont jamais brillé par leur complexité. La réalisation, une fois de plus confiée au tandem Gus Van Go et Werner F, est aussi beaucoup trop propre pour les besoins de la cause.


Une réussite partielle qui ne surpasse certainement pas les albums originaux du groupe.


*** Revoyez notre entrevue vidéo avec le groupe!

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