Critique album | Loud Lary Ajust – Blue Volvo

Loud Lary Ajust - Blue Volvo Loud Lary Ajust Blue Volvo

Mardi soir, dans un garage sur Marie-Anne, se rassemblaient les porte-étendards de la folle jeunesse montréalaise. Quand ils n’étaient pas en train de se faire tatouer le logo de Loud Lary Ajust  dans un coin de l’atelier mécanique, les membres de l’assistance fixaient la vieille Volvo bleue sur laquelle étaient montés Loud et Lary pour jouer quelques vers de leur tout nouvel album Blue Volvo.

Le moins qu’on puisse dire c’est que les gars savent créer un buzz autour d’un lancement. Qui fut le lancement d’album le plus plaisant depuis un sacré boute, d’ailleurs.

Mais autre chose qui justifie l’engouement autour de Blue Volvo est le fait qu’il marque le tout premier effort du groupe sur étiquette Audiogram. Et ça, ça fait ben peur aux fans qui craignent le traditionnel « ils ont un gros contrat donc c’est des sell-out. »

Bonne nouvelle, gang, la pression d’une grande maison de disque n’a en rien adouci l’écriture de Loud et Lary. Les références aux drogues fusent toujours, les envies autodestructrices placardent encore l’album.

En fait, l’unique endroit où l’influence d’Audiogram se fait sentir est dans le namedropping, qui fait désormais l’étalage des Jean Leloup, Daniel Bélanger et autres artistes signés chez la boîte.

Ce qui ne veut pas dire que le son du groupe n’a pas changé. Ou plutôt évolué.

La nouveauté la plus frappante est l’apparition de productions qui s’éloignent de la tangente trap que semblait avoir prise le groupe et se rapproche plutôt du R&B des années 90 (écoutez Van Gogh et Blue Volvo). La véritable force de l’album repose d’ailleurs sur l’éventail des instrumentaux qu’A-Justice apporte sur la table, avec l’aide sporadique de Ruffsound et Kaytranada.

Étrangement, on retrouve aussi sur l’album des sonorités qui se rapprochent d’un rap québ’ plus standard, style que le trio semble pourtant haïr profondément. Exemple en cause, Mort Lente, dont le refrain commence paradoxalement par « Que le rap québ’ étouffe ».

Mais c’est contrebalancé par l’originalité de titres comme Automne, Personne, Tiens mon drink ou XOXO.

Autre surprise, les gars chantent (Rien ne va plus, Hôtel Hell), pis ça fonctionne à merveille.

Là où il n’y a pas de surprise par contre, c’est dans la liste des thèmes récurrents à travers les dix pièces de Blue Volvo : Intoxications en tout genre, étalage de prouesses financières et jeunes filles.

En gros, du cash, de la dope pis des bitches. Pis du linge.

Ça fait partie des personnages, mais c’est tout de même contradictoire d’entendre Loud et Lary répéter sans cesse à quel point ils sont au-dessus du rap traditionnel alors qu’ils perpétuent en même temps un des plus gros clichés du genre.

Évidemment, le tout est parsemé d’introspection et de moments plus sombres, mais c’est souvent enseveli sous une couche de lignes vides qui nous font décrocher, genre :

« 9mm, tchk-tchk / Fuck it j’vais en tuer un / Brûler un, fumer un, torturer un / En exhumer un pour ensuite en retuer un. »

« Mon piss game est ugly / I squeeze it out my dick like it’s fucking Silly Putty. »

Mais reste que l’album vient prouver le point qu’il se passe quelque chose de vraiment intéressant en marge d’une scène musicale québécoise qui autrement ne ferait que devenir de plus en plus beige.

 

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