Metric

Critique album | Metric – Pagans in Vegas (***½­)

Metric - Pagans in Vegas Metric Pagans in Vegas

Il est possible qu’au printemps dernier, lorsque fut dévoilé The Shade, le premier extrait tiré du nouvel album de Metric, quelques personnes aient été déboussolées par les sonorités électro de la chanson, rappelant une vieille console NES. C’est que la formation canadienne a entrepris sur Pagans in Vegas un virage électro totalement assumé, après des années à évoluer dans l’indie rock. Et bien que surprenante au premier abord, cette décision s’inscrit logiquement dans le processus du groupe. 

Dans un courriel daté du début septembre et envoyé aux amateurs du groupe, la chanteuse Emily Haines a écrit que l’appellation « indie-rock » est devenue, au fil du temps, tellement insignifiante que plus personne ne sait s’il s’agit « d’un éthos, d’un modèle d’affaires, ou d’un son de guitare ». Et c’est dans cette optique que la formation s’est tournée vers Depeche Mode, Kraftwerk, New Order et plusieurs autres pour l’inspiration. Les synthétiseurs ont toujours été présents chez Metric, mais jamais autant que sur cet album.

Cascades est un bon exemple de ce virage. Les synthés à profusion, les effets sonores, la voix de Haines filtrée électroniquement, tout est là pour se plonger dans une ambiance évoquant les années 1980. Et malgré son côté rétro, la chanson est une célébration du temps présent, avec un texte d’encouragement qui invite à profiter de la vie.

Too Bad, So Sad est une autre chanson principalement menée par la batterie et les synthétiseurs, très rythmée, qui deviendra certainement un pilier des concerts du groupe. On imagine facilement de grandes foules danser sur cette pièce et entonner les « Wou-hou! » du refrain.

La guitare de James Shaw n’est pas absente pour autant, bien au contraire. Côte à côte avec les synthés de Haines, elle ouvre Lie Lie Lie, la première chanson de l’album, et la guitare demeure omniprésente tout au long de celui-ci, bien que son rôle soit différent que sur les albums précédents. Fini le temps des Too Little Too Late où elle était l’instrument principal. La guitare est confinée ici à un rôle d’arrière-plan, mis à part sur For Kicks, où elle fournit la mélodie de départ, et sur The Governess, où la guitare acoustique et électrique accompagnent la jolie voix de Haines.

Shaw au chant et finale instrumentale

Fait rare, James Shaw se retrouve au micro pour la chanson Other Side et fait un bon travail, bien que sa voix ne soit pas très riche. Le côté monotone de son chant donne un aspect robotique à la chanson, et ça s’inscrit bien au travers des autres chansons.

L’album se conclut sur les deux pièces The Face Pt. I et The Face Pt. II, une finale instrumentale qui plaira surtout aux nostalgiques de la fameuse décennie des BMX et du Walkman, tant on dirait la trame sonore d’un film de la défunte compagnie Cannon.

Il n’y a pas deux albums identiques de Metric, et pourtant le son du groupe est reconnaissable immédiatement. Pagans in Vegas a tous les ingrédients qui ont fait le succès de la formation : la voix charmante d’Emily Haines, un sens aigu de la mélodie qui accroche, et des rythmes entraînants.

Et bien que ce disque prenne une direction légèrement différente avec son approche électronique, il s’avère un bon successeur à l’excellent Synthetica. Il s’apprivoise rapidement au fil des écoutes, et contient de nombreux vers d’oreilles. Ces chansons devraient certainement prendre leur envol en concert. Elles s’apprécient moins au niveau intellectuel et davantage au niveau du bas-ventre. Et c’est très bien ainsi.

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