Critique album | Natalie Maines – Mother

Natalie Maines - Mother Natalie Maines Mother

Chanter la pièce Mother de Roger Waters, tirée de l’emblématique The Wall, requiert de quiconque une immense paire de couilles. Et s’il y a une femme qui possède cette paire, c’est Natalie Maines.

Son franc-parler en tant que meneuse du groupe country les Dixie Chicks est bien connu et lui a valu son lot de malheurs il y a une dizaine d’années. Ceci a bien été documenté dans le film Shut Up and Sing. Aujourd’hui, sept ans depuis le dernier album des « chicks », Maines est enfin de retour, et en solo, avec un album rock intitulé d’après la pièce de Waters, Mother.

En compagnie de Ben Harper à la coréalisation, Natalie Maines a concocté un disque d’une grande beauté qui met de l’avant sa voix – et quelle voix magnifique! – mais plus important encore, ses émotions. Le disque s’ouvre sur une magnifique chanson d’Eddie Vedder, Without You, qui immédiatement nous rappelle tout ce qu’on a aimé chez Maines il y a tant d’années : sa voix, son assurance, sa sensibilité à fleur de peau. De surcroît, cet album nous invite à entrer dans un univers moins torturé qu’on l’aurait cru.

Puisqu’elle nous avait laissés sur Not Ready To Make Nice en 2006, et qu’elle n’a jamais caché son dédain et sa colère envers le monde du country des dernières années, on était en droit de craindre un album rempli de ressentiment. Au contraire, Mother s’avère très lumineux. On la sent sereine dans Free Life. Tout comme on la sent très vulnérable sur la reprise de Lover, You Shouln’t Come Over de Jeff Buckley, où ses racines country laissent poindre le bout de leur nez.

Ceci dit, le rock sied très bien à Maines, comme le prouve l’entraînante Trained, écrite par Ben Harper qui partage également le chant avec elle sur la pièce. L’album est parsemé de guitares solides qui appuient le chant nuancé de Maines. Elle a toujours eu un petit côté punk dans la voix ainsi que l’attitude, et elle aurait avantage à pousser ceci encore plus loin à l’avenir.

On retrouve une seule pièce écrite à l’origine pour (et par) les trois Dixie Chicks : Come Cryin’ To Me. On regrette l’absence des voix des sœurs Marty Maguire et Emily Robison et surtout de la façon qu’elles ont toujours eues de s’agencer de manière sublime à celle de Maines. Telle quelle, la pièce est un peu banale, et les chœurs de remplacement ne font pas le poids.

Par contre, il y a bien peu de choses négatives à dire à propos de ce disque tout en finesse. Natalie Maines a toujours été une chanteuse solide et elle le prouve à nouveau ici. Si la mièvrerie des Court Yard Hounds – le projet des deux sœurs Maguire et Robison dont est issu un album en 2010 – vous a laissé de glace, réjouissez-vous : la voix des Dixie Chicks est de retour, et il pourrait bien s’agir de l’une des plus belles surprises de 2013.

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