Critique album: St. Vincent – Strange Mercy

St. Vincent - Strange Mercy St. Vincent Strange Mercy

Après Marry Me (2007) et Actor (2009), on savait Annie Clark, dite St. Vincent, talentueuse et habitée d’un certain potentiel. Loin de se dissiper, ce brio atteint son paroxysme avec Strange Mercy, qui pourrait bien être l’album « art rock » de l’année…

Sublime et ambitieux, Strange Mercy rassemble tous les éléments où Clark excelle en une œuvre un peu exigeante mais ô combien grisante lorsqu’on y met le temps et l’attention nécessaire.

Dès les premières notes de Chloe In the Afternoon, on a l’impression d’assister à une collaboration entre TV on the Radio et Bjork, avec les envolées d’une voix éthérée soutenues par un duo de claviers auxquels s’imposent un fuzz de guitare à contretemps et une rythmique électronique saccadée.

Les arrangements extra-terrestres et la beauté apaisante de la voix de St. Vincent discordent et le vertige nous prend, provoquant chez l’auditeur aventureux un sentiment d’abandon que d’autres trouveront sans doute un peu déstabilisant. Annie Clark est en charge du navire et la destination du voyage importe peu.

Des détours vers le new wave, le garage rock (Northern Lights), la balade presque nouvel âge (Champagne Year), le jazz-rock (Neutered Fruit) nous sont proposés, tous polarisés par le travail de maître de John Congleton derrière la console. Les détails sont nombreux mais n’interfèrent jamais avec les mélodies fortes et distinctes de chacun des titres.

On reconnaît chez St. Vincent des influences claires de ses contemporaines : la hargne de PJ Harvey, la sensibilité pop adulte de Fiona Apple (Dilettante), l’aura de mystère de Kate Bush, la féminité et l’approche pop baroque des belles années de Tori Amos, notamment sur la chanson titre.

Tout au long du disque, Annie Clark nous chuchote d’un souffle presque maternel des propos difficiles à cerner, mais souvent teintés d’allusions sexuelles pour le moins colorés.

Aussi gratifiant sur le plan cérébral qu’au niveau de l’émotion pure, Strange Mercy démontre qu’on peut bel et bien brasser la soupe de l’indie rock et de la pop et aboutir à une œuvre totale, édifiante, transcendante.

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