Thee Oh Sees

Critique album | Thee Oh Sees – Drop

Thee Oh Sees - Drop Thee Oh Sees Drop

Après l’excellent Floating Coffin dévoilé l’an passé, la formation rock-garage américaine Thee Oh Sees revient déjà avec une huitième production studio, Drop.

Thee Oh Sees est-il le groupe rock le plus productif de ces 10 dernières années ? Certainement. Huit albums en l’espace de six ans, sans compter les nombreux EP, singles, collaborations… Force est de constater que la bande emmenée par John Dwyer incontestablement l’une des plus actives sur la scène musicale aujourd’hui, et impressionne une fois encore avec ce nouvel opus.

Tout laissait d’ailleurs à penser que le groupe exploserait après des débuts tonitruants. Aussi spontanés dans la vie que musicalement, les américains dévoilaient au début de l’année trois morceaux en l’espace de trois mois, puis annonçaient la venue d’un nouvel opus, un an seulement après la sortie de leur dernier album.

C’est fou de constater comme Thee Oh Sees parvient à amener autant de versatilité sur leurs albums. Chaque production amène toujours quelque chose de différent. Tandis que Floating Coffin plantait une ambiance plus krautrock-esque (Dwyer n’a jamais caché son engouement derrière des groupes comme Can ou Neu!), Drop est un echo à la première génération de groupes acid-rock qui ont explosé dans les années 1960 (Strawberry Alarm Clock, Cream, The Yardbirds…). Neuf compositions bouillantes, où rock’n’roll, punk, folk, s’entremêlent sur un fond psychédélique délicieusement envoûtant.

À nouveau, on retrouve un lot de titres explosifs (Penetrating Eye, Drop). Fuzz, distortion, breaks intempestifs : on ne change pas une formule qui gagne. Du garage qui prend aux tripes, administré à coups de riffs bien crasseux, comme on les aime. Thee Oh Sees distribue chaque pêche comme une décharge électrique. Et justement, ça reste très terre-à-terre, rien n’est superflu, et ça fonctionne parfaitement.

Et puis ça semble tout aussi efficace en live; à ne manquer sous aucun prétexte si le groupe passe à coté de chez vous (pas de date prévue à Montréal pour le moment…).

Fascinante, la bande de San Francisco défriche et rafraichie des ambiances presque désuètes, en nous embarquant tantôt dans un jam progressif à la Amboy Dukes (Emcrypted Bounce), ou nous plongeant dans une composition ambiant-pop planante emmenée par des sonorités caverneuse au synthétiseur (Transparent World). Ça ne sonne pas comme une tentative veine de remettre au goût du jour une époque musicalement bénie, mais bien comme un ensemble franc, neuf, plein d’entrain, à reléguer Tame Impala au rang de néophytes du rock psychédélique moderne (et nous avons beaucoup de respect pour les australiens).

On est charmé par ces ballades acid-folk, à l’image de Put Some Reverb On My Brother ou The Lens (on pense aux premiers albums de Donovan ou Jefferson Airplane), qui cassent avec les compositions plus dynamiques. Peu de groupes réussissent justement à proposer aujourd’hui des opus aussi complets et variés. On écoute Drop d’une traite, sans froncer un sourcil. En un éclair, on se retrouve inopinément enivré par ces dernières mesures au saxophone, qui viennent subtilement épiloguer cet album.

Au final, Drop n’est sans doute pas à la hauteur de son prédécesseur (qui avait mis la barre très haute) mais reste un excellent album, qui rassure quant à la pérennité du groupe.

Seul bémol, la durée. 30 minutes ? On en veut plus, mais Dwyer et sa bande nous réservent sans doute encore beaucoup de surprises…

À écouter : Put Some Reverb On My Brother, Transparent World, The Lens

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