Critique | Avec pas d’casque et Philippe B avec le Quatuor Molinari à l’Église Saint-Jean-Baptiste

Philippe B et le Quatuor Molinari : voilà un mélange qui a fait ses preuves depuis la toute première fois, il y a déjà un an. Ajoutez à cela une église. Et Avec pas d’casque en guise de « première partie » deluxe, interprétant d’un trait le génial Astronomie musicalement bonifié. C’est comme ça qu’on remplit une église de nos jours. Beau temps, mauvais temps.

Il faisait un froid de canard vendredi soir, mais les disciples pullulaient sur le parvis de l’Église St-Jean-Baptiste, rue Rachel. Pressés de rentrer pour la chaleur du lieu et la cérémonie musicale qui venait avec.

Au menu, rien de moins que les deux meilleurs albums de chanson québécoise des deux dernières années : Les Variations fantômes de Philippe B (2011) et Astronomie d’Avec pas d’casque (2012). Avec orchestre. Alléluia.

Un silence plein d’anticipation régnait alors que Stéphane Lafleur prononçait, de sa voix délicieusement timide et sincère, les premiers vers d’Intuition #1 sur fond de guitare acoustique. Puis, le rythme s’intègre subtilement comme sur l’album, et éventuellement, le quatuor se joint à la finale, en crescendo. La magie des arrangements de Hugo Gravel – conçus exclusivement pour l’occasion – opère.

Astronomie, joyau s’il en est un, se mérite ainsi le traitement royal, se voit ajouter une chic bordure dorée qui lui va si bien. L’énergie de La Journée qui s’en vient est flambant neuve s’en trouve gonflée. La splendeur de Deux Colleys semble encore plus prononcée, avec vibraphone et harpe, tout en délicatesse.

La pièce instrumentale éponyme brille aussi, sans que le groupe n’ait à s’en mêler. Les musiciens invités s’en chargent. Avec pas d’casque ajoute même Walkie-Talkie au milieu du set : une chanson cachée « tellement bien cachée qu’elle n’est même pas sur l’album ». On la retrouve sur le nouvel EP toutefois. Un classique en devenir, au refrain marquant.

Stéphane Lafleur prenait visiblement son pied sur scène et savourait l’aventure. « C’est comme si on était 1500 dans le Super Manège. C’est malade! », lance-t-il entre deux titres.

On devine qu’il en aurait pris plus. Comme nous tous.

 

Philippe B

Si la performance d’APC comportait quelques charmantes maladresses typiques d’une première rencontre, l’union Philippe B / Quatuor Molinari transpirait la confiance. C’est comme si Philippe B n’avait jamais chanté sans eux.

Évidemment, Les Variations fantômes ont été conçues dans cette optique : c’est une rencontre entre la chanson pop-folk et la musique de chambre, après tout.

Quoi dire de plus qui n’a pas déjà été dit au sujet de ce spectacle…  Les ambitions de l’artiste au niveau des arrangements, facette particulièrement mise de l’avant sur Les Variations fantômes, peuvent être réalisées adéquatement dans ce contexte. Et l’artiste ne rate pas chance.

Avec ou sans guitare, Philippe B paraît à l’aise dans cette formule. Peut-être un peu trop, même, lors des interventions entre les chansons, inutilement étirées. Mais rien qui n’amoindrisse l’effet général du spectacle.

C’était donc une soirée très spéciale pour la chanson folk moderne québécoise. Un happening très réussi. Un soir où les bonnes chansons à texte se mettent chics et brillent de tous leurs feux.

Photos en vrac
(par Pierre Bourgault)

Grille de chansons

Avec pas d’casque
1. Intuition #1
2. Défrichage
3. La journée qui s’en vient est flambant neuve
4. Apprivoiser les avions
5. Walkie-Talkie
6. Talent
7. Deux colleys
8. Astronomie
9. Veiller le feu
10. Les oiseaux faussent aussi

Philippe B
1. Hypnagogie
2. L’été
3. La ballerine
4. Petite leçon de ténèbres
5. Mort et transfiguration (d’un chanteur
semi-populaire)
6. Nocturne #632
7. Le tombeau de Nick Drake
8. Reprise
9. Ma photographe
10. Chanson pathétique
11. California Girl
12. Croix de chemin
13. Marie
14. L’amour est un fantôme

Rappel (Philippe B et Avec pas d’casque)
Spirographe
Les Prisonniers du lac Dufault