Being at home with Claude

Critique théâtre | Being at home with Claude au TNM

Trente ans après sa création, le classique du théâtre québécois Being at home with Claude de René-Daniel Dubois a su conserver tout son éclat. Un sujet qui ne se démode pas, un duo d’acteurs flamboyant et une mise en scène juste à point ont su faire revivre avec brio ce bras de fer oratoire.

Enfermés depuis plus de 35 heures, les deux hommes s’affrontent. L’interrogatoire musclé auquel se livre l’inspecteur est sans merci, le laissant lui et le suspect à bout de souffle. Yves s’est lui-même dénoncé à la police, il a même alerté la presse. Le mystère reste : pourquoi a-t-il assassiné ce jeune étudiant en littérature sans histoire. L’inspecteur ne veut pas qu’un coupable, il veut savoir, il veut comprendre. Ensemble, ils remonteront les dédales de cette nuit du 1er juillet 1967.

Dans le bureau du juge – le décor est impressionnant de réalisme –, Yves refuse de révéler les raisons qui l’ont poussé à commettre ce meurtre, le jeune homme semble troublé et dévasté par son geste. L’inspecteur ne lâche pas prise, revenant constamment à la charge, questionnant à répétition l’ordre des évènements. Dans la salle aussi on désire aller au bout de cette histoire, découvrir le secret qui se cache derrière ce crime sordide. Durant presque 2 heures, nous restons accrochés aux lèvres d’Yves le suivant à travers son récit chaotique.

Performance d’acteurs remarquable

En regardant évoluer les deux acteurs sur la scène, il est indéniable que nous assistons ici à une performance remarquable. Marc Béland offre une prestation solide et tout en nuance, laissant paraitre toute l’humanité dont est capable l’inspecteur. Le comédien alterne entre la froideur propre au policier en interrogatoire et le sentiment d’impuissance qu’éprouve l’homme face à l’horreur. De son côté, Benoit McGinnis démontre avec brio toute l’étendue de son talent. Son personnage de prostitué tourmenté est, malgré le geste qu’il a posé, attachant par sa complexité et son désarroi.  Son monologue final donne la chair de poule, difficile de détacher son regard du jeune homme. Même que la musique qui accompagne cette scène est de trop, trop forcée, les mots de l’auteur ont à eux seuls la capacité de nous toucher.

Outre, ce petit moment musical moins à propos. Le metteur en scène Frédéric Blanchette – dont c’est la première mise en scène au TNM — a su démontrer que le silence a toute sa place au théâtre. Ici, rien n’est précipité. On ne craint pas les moments de réflexion. Très peu de musique d’ambiance et de bruit de fond. Ce qui donne toute la chance aux spectateurs d’apprécier à sa juste valeur ou de redécouvrir la très belle pièce de René-Daniel Dubois.

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