Black Lips

Critique | Black Lips au Théâtre Corona

Les Black Lips étaient de retour à Montréal, lundi soir, pour donner un concert joyeusement tout croche dans un Théâtre Corona plein de bonnes gens et de sueur et de moustaches.

Ils étaient six sur scène. En premier plan, la chanteur et guitariste Cole Alexander, son pote bassiste Jared Swilley, le batteur énarvé Joe Bradley et leur guitariste discret Ian San Pé. Quatre musiciens mais aussi deux gardes de sécurité qui jouent un rôle clé dans la mise en scène : tenter d’attraper les vilains voyous qui osaient grimper sur scène pour les narguer, avant qu’ils ne sautent dans la foule pour leur échapper. Appelons-les Jack et Joe, tiens. Et comme dans un vieil épisode de Benny Hill, Jack et Joe n’attrapent personne.

C’est comme ça, maintenant, un show des Black Lips : avant c’était eux qui foutaient le bordel – on raconte qu’ils vomissaient, se dévêtaient et détruisaient tout sur scène, à leurs débuts – maintenant, ce sont leurs fans qui apportent l’élément de chaos au show.

Sur fond de musique rock garage pas tight mais diablement entraînante, les fans s’adonnent au bon vieux jeu du chat et de la souris avec l’autorité. Un à un, ils montent sur scène, exécutent une petite danse ou caressent les cheveux d’un membre du band, et tentent de rester le plus longtemps possible sur scène avant que Jack ou Joe ne les intercepte. Pour y échapper, ils sautent dans la foule et font le reste du chemin en body-surfing. Sauf quelques-uns…

Oups. Celui-là s'est fait prendre...

Oups. Celui-là s’est fait prendre…

Cette pratique rigolote est tout à fait à l’image des Black Lips : punk, mais pas vraiment. Un genre de révolte molle, débraillée, désinvolte, mais au final, passablement inoffensive. Du punk pour le plaisir plus que le principe.

Il y a un je-m’en-foutisme rafraîchissant dans la musique des Black Lips, surtout en concert. C’est explosif, imprévisible, puissant dans la dégaine et l’absence de contraintes. Rien à foutre des conventions, même si la plupart de leurs chansons sont sucrées comme de la gomme baloune et reposent sur des structures franchement conventionnelles, surtout pour des musiciens non-formés qui ont commencé à faire des shows avant d’apprendre à jouer de leur instrument…

Avec un nouvel album en main – Underneath the Rainbow, paru il y a un mois sur l’étiquette Vice Records – le quatuor a pigé un peu partout dans son vaste répertoire de chansons courtes et punchées, de Ghetto CrossRaw Meat ou Bad Kids aux plus récentes Drive-By BuddyJustice After All ou encore Make You Mine.

On dit que les textes sont simplistes, parfois idiots, mais franchement, on comprend que dalle de ce que chantent Bradley, Swilley et Alexander.

Et au fond, on s’en fout : les Black Lips offrent du gros plaisir intense, pas fait pour les puristes et les grands analystes. L’ampleur du moshpit et la sueur abondante qui en débordait témoignent que c’était une réussite.

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