Kanye West

Critique CD: Kanye West – My Beautiful Dark Twisted Fantasy


Kanye West
My Beautiful Dark Twisted Fantasy


Cote de Jeanne:
Cote de Nicolas:


Critique de Jeanne Guèvremont:

Qu’il n’en déplaise aux détracteurs, Kanye West is back! Alors qu’il déclarait, il y a un mois, vouloir devenir le plus grand artiste pop de tous les temps, les attentes ne pouvaient qu’être très élevées en ce qui concerne ce 5e opus.

Encore loin, très loin de Michael Jackson, Mr. West a tout de même mis la barre très
haute et nous laisse croire que sa suprématie est possible… un jour. My Beautiful Dark Twisted Fantasy reprend là où 808s And Heartbreak nous avait laissé.


Une réalisation à rendre jaloux

La sortie du premier extrait Power, en juin dernier, nous donnait un avant-goût bien senti du travail de Kanye West, réinventant sans cesse le hip-hop par son avant-gardisme indéniable. Power se présente tout en voix, alors que All Of The Lights surprend par sa section de cuivres très percussive. Quant à la pièce Runaway, elle est un morceau clé de cet album. On y entend seulement un piano durant une quarantaine de secondes avant d’être renversé par un beat de batterie inattendu et particulièrement puissant.

Runayway est aussi le titre d’une bande-annonce du clip, tourné à Prague, d’une durée de 35 minutes et comportant plus de la moitié des chansons de l’album.


Abondantes collaborations

L’album offre également de nombreuses collaboration, dont une très belle de Bon Iver sur la pièce Lost in the World. Sur cette dernière on peut même y entendre « Mama-say mama-sah Mama Donda’s son » qui n’est pas sans rappeler le refrain de Wanna Be Startin’ Something de Michael Jackson.

En effet, West fait souvent référence à MJ dans son travail; sur All Of The Lights, on peut entendre « Something’s wrong, I hold my head/ MJ’s gone, our nigga dead! » Cette référence confirme une fois de plus l’obsession permanente de West envers le roi de la pop.

Autre collaborations de Kid Cudi, John Legend, Jay-Z, Rick Ross, Nicki Minaj et Pusha T, entre autres.


Avenir plus que prometteur

À 33 ans seulement et avec le chemin parcouru, il est légitime de croire qu’un jour, peut-être, Kanye West surpassera le regretté roi de la pop. Il a encore bien du travail à faire, mais My Beautiful Dark Twisted Fantasy défriche largement le chemin.

En attendant impatiemment son album avec Jay-Z, dont la sortie a été mise en veilleuse pour My Beautiful Dark Twisted Fantasy, on écoute en boucle, avec des écouteurs à pleine puissance idéalement, cet album et on regarde le court métrage Runaway.


Critique de Nicolas Tremblay:

Certainement l’un des artistes les plus controversés ces dernières années, Kanye
West peut espérer une certaine rédemption de la part de ses fidèles fans avec son
nouvel album My Beautiful Dark Twisted Fantasy.

Après s’être fait connaître grâce aux succès internationaux tels Gold Digger Love
Lockdown
et Stronger, West est devenu une star digne d’Hollywood. L’égo du
flamboyant chanteur sous la tutelle de Jay-Z peut bien faire jaser (lire ici MTV Awards 2009) mais hormis cet accro, il demeure toujours une référence dans l’industrie du hip-hop, comme le démontre son dernier album.


Grosses attentes… atteintes!

Beaucoup moins pop/électro que ses dernières créations, Kanye West a du
s’asseoir et travailler fort afin sortir un album qui allait combler les attentes des critiques.

On peut dire mission réussie. On sent que l’album est plus profond, que les paroles sont recherchées – c’est d’ailleurs la grande force de sa dernière réalisation – et que les mélodies ont été écrites avec un grand souci artistique.

Kanye West demeure, avec cet album, la référence en matière de hip-hop « intelligent ». Je m’explique : il parvient à faire passer les même messages que ses confrères dans un langage parfois tout aussi cru sans que cela paraisse.

Les sonorités plus soul et électro qui caractérisent Kanye le démarquent aussi de la concurrence, ce CD n’y échappant pas.

La deuxième chanson du recueil – qui en comporte 13 – introduit bien le style plus
travaillé que West a essayé de nous acheminer. L’opus Gorgeous, d’une sonorité
différente et très agréable, a été réalisé avec la collaboration de Kid Cudi – duquel on sent l’influence – et Raekwon.

D’ailleurs, suivant le courant de l’industrie, nombreuses sont les collaborations dans ce dernier album (Jay-Z, Rick Ross, John Ledgend…). Cela amène une richesse de voix et une variété recherchée, car celle de West, souvent retravaillée, me semble agaçante après une dizaine de pistes l’une à la suite de l’autre.

L’utilisation d’instruments tels le piano et la guitare apporte aussi une variété à cet
ensemble musical, rendant le tempo majoritairement plus lent. Hormis les chansons All of the Lights – ma préférée et certainement un futur hit mondial – et Monster, les pièces Blame Game, Lost in the World et Devil in a New Dress – plus gangsta – sont davantage mélodieuses et musicales, laissant la voix de West et des ses accompagnateurs s’harmoniser avec un piano plus présent.

Elles sont aussi plus sombres et plus lourdes.

La pièce Runaway est certainement la plus représentative de l’album. Plus sombre, d’un autre style que ce à quoi nous habitué Kanye West, on ne peut que hocher
de la tête et s’imaginer songeur, la tête appuyée contre une fenêtre de « bus »
ruisselante de pluie, lors de son écoute.

Les vrais fans vont tripper, ceux qui n’écoutaient de les « hits » vont découvrir. La dureté de ses textes n’est que renforcée mais les mélodies qui accompagnent cet album sont certainement les meilleures qu’il n’ait jamais réalisées. Un bon mélange de styles, moins de synthétiseur, plus de « vraie » musique… On aime !

On sent qu’il a évolué sans perdre sa nature, son originalité. West semble avoir compris avec cet album que son style peut être bien plus que du pop et des remixes de club…

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