Duchess Says

Critique concert: Duchess Says à Québec

Jeudi 10 novembre 2011 – Le Cercle (Québec)

Si un quidam avait osé s’aventurer dans la salle Le Cercle, à Québec, après le passage de Duchess Says jeudi dernier, il aurait peut-être cru être le témoin d’une scène de crime. Des traces rouges sur les murs, de la bière, de la sueur, et d’autres substances sur le sol, un public couleur hémoglobine, et surtout une chanteuse pas très vaillante dans les backstages. Duchess Says a frappé fort.

De passage à Québec pour présenter leur deuxième album, In a Fung Day T !, sorti en octobre, le groupe était très attendu. Le claviériste Ismaël Tremblay, le bassiste Phil C, le batteur Simon Says et la chanteuse Annie-Claude Deschênes ont marqué d’un fer rouge la date de leur retour.

Mélodies onomatopéiques, guitares grinçantes, synthétiseurs à la cadence nerveuse, voix distordue avec échos, batterie dopée aux amphétamines… en résulte une énergie folle qui contamine le public.

En effet, si l’écoute de l’album In a Fung Day T! a déjà des effets stimulants, le résultat en concert est des plus intenses. Le groupe a aussi interprété ce soir des morceaux phares de leur premier album, L’Anthologie des 3 Perchoirs, sorti en 2008, avec Black Flag, Tenen non neu, Ccut up, Ch.o.B, et Rabies en rappel.

La chanteuse possédée

Annie-Claude Deschênes est complètement possédée, elle gueule et miaule tout en fixant le public de ses yeux bleus révulsés. Le contraste est assez saisissant avec le stoïcisme des musiciens. Elle passe le plus clair de son temps dans le public, ou surfant sur lui, plutôt que sur scène.

La folie gagne peu à peu Le Cercle. Le public reprend en chœur le cri « chac chac cha » sur Tenen Non Neu ou alors les miaulements et gueulements caverneux sur Narcisse, dans une espèce de transe neuroleptique. Le rythme hallucinant du synthétiseur sur L’ordre des secteurs fait déborder d’adrénaline la salle.

L’intensité monte d’un cran

Au fil de la soirée, le public se divisait en deux : ceux qui, un peu anxieux et apeurés, se collaient au comptoir, en se demandant quel sort la jeune femme allait bien leur réserver, et les autres, déchaînés, qui se rentraient dedans dans un délire participatif. La chanteuse les fait danser, leur saute dessus, leur met le micro sous le nez.

Et se violente aussi elle-même. Après avoir slammé la salle de tous les côtés, elle appelle un docteur. « Je crois bien que j’ai une côte fêlée », dit-elle tout en gardant un grand sourire. Elle invite alors le public à s’asseoir autour d’elle.

Mais le répit n’est que de courte durée. Quelques instants après, elle repart en vrille, arrache la chemise d’un jeune homme visiblement dépassé par la situation, se rue sur le bar, attrape une bouteille de grenadine… avec laquelle elle asperge tout le public.

C’est à ce moment que l’on se perd un peu dans la musique de plus en plus chaotique. Le spectacle que livre Annie-Claude Deschênes fait oublier les musiciens derrière. Ambiance de plus en plus apocalyptique, jusqu’à ce que la bête de scène tombe tête la première sur le sol. Les lumières se rallument, et la jeune femme reste à terre.

Mais il semble que la scène donne plusieurs vies à Annie-Claude, qui remonte sur l’estrade pour continuer le spectacle, un peu dans les vaps. Ses musiciens mettent du temps à revenir, et ne font pas les prolongations. La chanteuse terminera à l’hôpital après le concert. Blessures mineures, nous rassure-t-on par la suite.

Chaotique, mais non pour le moins excellente prestation de Duchess Says, qui réussit avec succès l’épreuve du deuxième album.

On apprenait le lendemain que Duchess Says annulait ses prestations à Chicoutimi ainsi qu’au festival M pour Montréal.

PONCTUATION en première partie :

Les deux frères Chiasson originaires de Québec ont teinté Le Cercle d’une ambiance très rock garage, non sans rappeler le groupe Black Lips.

PONCTUATION a sorti son premier EP au début du mois, intitulé Lèche-Vitrine. Grille au chant (en français) et Max à la batterie étaient très à l’aise sur scène. Les morceaux interprétés ce soir étaient un mélange décapant de textes délirants, de riffs de guitares serrés et de batterie incisive. Entre autres, les titres La fille à la mini jupe, et Repas Repu ont fait danser le public, qui en redemandait encore.

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