Fiona Apple

Critique concert: Fiona Apple à L’Olympia de Montréal

L’enfant folle du piano-pop enfin à Montréal!

Mardi 3 juillet 2012 – L’Olympia (Montréal)

La chanteuse newyorkaise Fiona Apple était enfin de passage à Montréal ce soir, pour la première fois de sa carrière. Après avoir esquivé le Québec pendant plus de 15 ans, elle posait donc les pieds sur les planches de L’Olympia, à l’occasion de la tournée nord-américaine soulignant la parution de son plus récent album The Idler Wheel.

Photo par Renaud Sakelaris.

C’est pourtant avec 4 vieilles chansons que la dame tourmentée a lancé le concert: Fast As You Can, On the Bound et Paper Bag tirées de When The Pawn (1999), ainsi que Shadowboxer de Tidal (1996). Les fans, manifestement familiers avec l’ensemble de son oeuvre, en raffolaient.

Pas très bavarde, Fiona Apple enchaînait d’une pièce à l’autre en gardant tout son souffle et sa salive pour ses chansons, magnifiquement interprétées avec ce mélange de contrôle et de frénésie qu’on lui connait. Les cinq musiciens qui l’accompagnent livrent la marchandise, proposant des versions pour la plupart réarrangées.  Son guitariste, en particulier, s’est illustré lors des moments plus intenses, notamment Sleep To Dream et Tymps (The Sick in the Head Song).

Un nouveau titre, Anything We Want, s’est glissé à la grille de chansons, puis 3 autres anciennes. Après 8 pièces, une seule provenait du plus récent disque de l’artiste. Visiblement, Fiona Apple n’est pas partie en tournée pour vendre The Idler Wheel, mais plutôt pour renouer avec son public, qu’elle délaisse souvent en raison de ses longues absences entre chaque album (près de 7 ans dans le plus récent cas).

 

Chansons maniaco-dépressives

Les morceaux de Fiona Apple ont toujours reflété son caractère bouillant, imprévisible. Ses chansons, en apparence simples et inoffensives, réservent toujours quelques surprises, quelques pointes d’une agressivité étonnante.

Photo par Renaud Sakelaris.

Cet aspect prend des proportions insoupçonnées sur scène.  Sa relecture bipolaire de Not About Love, en particulier, se distinguait de la version endisquée par ses multiples ruptures de ton, comme si les musiciens, à l’instar de la chanteuse, étaient pris d’une soudaine folie passagère. Les fils se touchent, la cadence s’accélère sans crier gare et le piano dérape. On reconnaît à peine l’air de la version originale, mais l’expérience en vaut le coup.

La soirée s’est terminée sur une très belle interprétation de Carrion (qui conclut l’album Tidal), une version rythmée et ludique du méga-succès Criminal ainsi qu’une jolie reprise de Only Make Believe, de Conway Twitty, que Fiona Apple réserve généralement pour le rappel.

On aurait du s’en douter: le rappel n’allait pas avoir lieu. Après avoir gentiment remercié la foule, les musiciens et la chanteuse ont retraité à l’arrière-scène et les lumières de salle de L’Olympia se sont aussitôt allumées, comme pour s’assurer que la soirée ne s’étire pas davantage.

On peut difficilement se plaindre de 90 minutes de qualité, mais la façon un peu cavalière d’y mettre fin aurait pu être plus appropriée…

Photo par Renaud Sakelaris.

Grille de chansons
1. Fast As You Can
2. On the Bound
3. Shadowboxer
4. Paper Bag
5. Anything We Want
6. Get Gone
7. Sleep To Dream
8. Extraordinary Machine
9. Werewolf
10. Tymps (The Sick In the Head Song)
11. Daredevil
12. I Know
13. Every Single Night
14. Not About Love
15. Carrion
16. Criminal
17. Only Make Believe (Reprise de Conway Twitty)

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