Radio Radio

Critique concert: Radio Radio aux FrancoFolies (aussi: Eiffel et Ponctuation)

Jeudi 14 juin 2012 – Métropolis, Katacombes (FrancoFolies de Montréal)

Grosse soirée de shows intérieurs en ce jour 8 des FrancoFolies de Montréal avec des prestations de Radio Radio au Métropolis, ainsi que Ponctuation et Eiffel au Katacombes en début de nuit.

« Grousse » soirée pour les gars de Radio Radio qui renouaient avec le Métropolis. Même lieu que l’an dernier à pareille date, différente formule toutefois.

© Frédérique Ménard-Aubin

Cette fois, Jacques, Gabriel et Arthur (anciennement Alex) avaient le matériel du sous-estimé Hâvre de grâce à insérer à leur grille de chansons, mais ils ont aussi choisi de remplacer les costumes extravagants par des projections hallucinantes et de l’éclairage ingénieux.

Derrière les musiciens, un écran géant arqué permet la projection de vidéos simples et souvent légèrement psychédéliques, adaptées à chaque chanson. Ajout notable, également, de projections de motifs sur l’immense cadre de la scène du Métropolis, sous-exploité lors des concerts en général.

Que l’on apprécie ou pas Hâvre de grâce – de notre côté, on adore! – force est d’admettre que les pièces du nouveau disque ajoutent des couleurs à la palette de Radio Radio et leur permettent de construire une grille de chansons très efficace.

Le concert a débuté en force avec Galope, premier extrait du récent opus, puis Gong Hotel qui la côtoie aussi sur le disque. Le ton est donné, puis les 3 MC et leurs musiciens peuvent maintenir la cadence à coups de 9-Piece Luggage Set, de Tom Tom et d’Enfant spécial.

© Frédérique Ménard-Aubin

Entre les titres connus et appréciés de la foule enthousiaste, on insère des nouveaux titres comme On a vécu des et Chambralit. Cette dernière illustrait bien l’apport des projections et des éclairages.  Chanson « lover » s’il en est une, Chambralit donnait lieu à un immense faux-foyer en arrière-plan, alors que 6 projecteurs de lumières, disposés en demi-cercle sur la façade du balcon, transformaient le parterre en discothèque kitsch.

Autre exemple: pendant Jacuzzi, les projections de bulles sur le cadre et la vidéo aquatique nous immergeaient pratiquement dans un bain tourbillon. On se serait cru dans un vidéoclip de Patrick Zabé.

Rendu à cette partie du spectacle, on se trouvait au coeur d’une montée d’intensité parfaite pour clore le spectacle (pré-rappel):  le groupe nous balançait, coup sur coup, Kenny G. Non-Stop, Sur la galavante, Jacuzzi et Dekshoo, avant de terminer avec Comment ça va ?, choix curieux étant donné la popularité moindre de ce titre, mais une finale néanmoins appropriée et intense à souhait.

Au premier rappel, Radio Radio a fait un clin d’oeil aux Cités d’or, avant de faire plaisir à la foule avec Cliché Hot, Ej savais pas, Tout passe (sous le firmament) et bien sur, Cargué dans ma chaise.

La foule exigeait un deuxième rappel et les gars ont obtempéré en interprétant Forme Elliptique et un vieux titre intitulé Brume sous les streetlights, avec un cinquantaine de danseurs invités directement tirés de la foule.

Tout un party!

 

Remplacer les percussions par un clavier…

Autre substitution – un peu moins appréciable, celle-là: l’approche presque tribale à 4 percussionnistes que l’on avait réservée pour le Métropolis l’an dernier semble avoir été remplacée par un claviériste et un batteur (Steve Caron, qui partageait le travail avec 3 collègues l’an dernier).

© Frédérique Ménard-Aubin

Si la trompette de Josianne Rouette ajoute une petite teinte cuivrée et bien dosée à quelques compositions (dont un solo au milieu d‘Enfant spécial, du groove à Dekshoo et une intro solennelle à Cargué dans ma chaise), on cherche encore la valeur ajoutée du synthé de Samito Matsisnhe. Discret et minimaliste, le jeu de touches passe pratiquement inaperçu et se fond complètement aux trames préenregistrées.

L’idée n’est pas bête: il y aurait bien sur matière à relever la musique de Radio Radio sur scène avec quelques touches de clavier ici et là, mais ça fonctionne plus ou moins dans la formule actuelle.

C’est là un défaut bien mineur au show de Radio Radio, qui gagne en assurance et s’impose comme un happening hip-hop à ne pas manquer, en grande partie grâce au charisme indéniable des 3 MC. Particulièrement  Jacques et Gabriel qui déploient une énergie soutenue sur scène, alors que Alex – pardon, Arthur – semble opérer à demi-vitesse à comparer à ses collègues. Son rap sur Tout passe (sous le firmament) et le simple ajout d’une troisième voix pour gonfler certains punchs confirment toutefois qu’il a bien sa place aux côtés de ses potes sur scène.

 

Eiffel et Ponctuation au Katacombes

Après le show de Radio Radio, il n’était pas trop tard pour aller faire un tour au Katacombes, à deux coins de rue, afin de voir comment le populaire groupe rock français Eiffel (qui est méconnu par ici en raison de son absence sur le continent durant ses 15 premières années de carrière) allait se débrouiller dans un si petit environnement.

Expérience très singulière que de voir un groupe plus grand que nature performer sur une scène aussi exiguë, sous un éclairage cru et statique. On aurait dit Noir Désir dans un bar karaoké.

On pouvait facilement se faufiler à quelques pieds du chanteur et guitariste Romain Humeau, qui dégage un charisme à la fois magnétique et explosif, en plus de proposer un chant écorché, ardent et toujours dans le ton des compositions pop rock musclées de Eiffel.

Avec enthousiasme et intensité, Humeau et ses collègues (la bassiste Estelle Humeau, le guitariste Nicolas Bonnière et le batteur Nicolas Courret) en ont mis plein la gueule à la poignée de curieux qui s’étaient déplacés et qui ne semblaient pas s’attendre à ce niveau d’intensité.

Nous avons eu le temps d’entendre 4 titres, dont l’excellente À tout moment la rue et une Chanson trouée qui se trouvera sans doute sur le prochain album dont la parution est due pour septembre.

« À bientôt Montréal! », s’est exclamé Romain Humeau à la petite foule visiblement ébranlée.  Trouvons-leur une salle appropriée pour les ramener au plus vite. Pourquoi pas à l’automne, lorsque Foule monstre sera lancé…

Le duo garage rock indépendant Ponctuation avait la tâche ingrate de donner suite à cette démonstration de force. Les frères Guillaume et Maxime Chiasson se sont défendus dignement en proposant leurs petites bombes lo-fi percutantes.

On vous parlerait bien de leur dynamique à toute épreuve, de leur symbiose et de leur énergie contagieuse qui ajoute du tonus à une musique qui en regorge déjà, mais on se réservera plutôt une critique complète de leur show lorsqu’il nous sera présenté dans un contexte plus approprié.

Car eux aussi méritaient un meilleur sort qu’une fin de soirée dans un Katacombes désert. Mais dans leur cas, comme ils viennent de Québec, il y aura d’autres occasions de les voir à l’oeuvre dans des circonstances plus justes.

En attendant, si vous ne les connaissez pas, rendez-vous au http://ponctuationponctuation.bandcamp.com/ pour découvrir 4 de leurs titres.

Grille de chansons
(Radio Radio)

1. Roulez, commencez (intro)
2. Galope
3. Gong Hotel
4. St-Petersbourg
5. 9-Piece Luggage Set
6. On a vécu des
7. Tom Tom
8. Chambralit
9. Enfant spécial
10. Yellé
11. Lève tes mains / Guess What
13. Sunrise / All Inclusive War Tour
14. Kenny G. Non-Stop
15. Sur la galavante
16. Jacuzzi
17. Dekshoo
18. Comment ça va?

Rappel
Les Cités d’or (intro)
Cliché Hot
Ej savais pas
Tout passe (sous le firmament)
Cargué dans ma chaise

Rappel 2
Forme elliptique
Brume sous les streetlights

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