Marillion

Critique concert: trois soirs avec Marillion à l’Olympia

Le week-end Marillion 2011 : un voyage dans le temps enchanteur

Le rock planant et musclé de Marillion a rempli les murs de l’Olympia de Montréal en fin de semaine, et ce trois soirs d’affilée, alors que la formation anglaise avait convié  – comme elle l’avait fait en 2009 – ses fans à une célébration de leur longue et étonnante carrière, leur seule série de spectacles en sol nord-américain.  Les admirateurs du groupe ont répondu à l’invitation en grand nombre et avec enthousiasme, et Sorstu.ca était sur place lors des trois spectacles. En voici un compte-rendu.

 

Photo par Louis-Philippe Alain

Vendredi 8 avril 2011 : “Welcome to your first party…”

Chaque soirée ayant sa thématique, vendredi était la soirée 20e anniversaire de l’album Holidays In Eden, qui fut interprété intégralement. Loin d’être le meilleur album du groupe, celui-ci divise plutôt les fans depuis 20 ans, et ce à cause du côté plus « pop » du disque.

Mais bien qu’il ait pris de l’âge (et pas nécessairement pour le mieux), il demeure néanmoins que Holidays contient de bonnes chansons, comme en témoigne la pièce d’ouverture, Splintering Heart, qui fut interprétée avec beaucoup d’intensité et d’émotions par le chanteur Steve Hogarth, dont la voix est plus puissante sur scène que sur disque, et qui paraissait très en forme ce week-end.

Le guitariste Steve Rothery a éprouvé quelques problèmes techniques en cours de soirée (durant The Party, entre autres), et a manqué quelques notes durant son solo de Dry Land, mais n’empêche que l’homme est l’un des grands guitaristes rock de ce monde, d’une espèce rare, capable de toucher l’âme du spectateur grâce à son jeu empreint d’une immense sensibilité.

Dès la fin de la première chanson, le groupe a eu droit à des applaudissements vigoureux pendant de nombreuses minutes. Les fans étaient heureux de revoir leurs idoles, ça se voyait sur les visages.

Après la percutante trilogie This Town / The Rakes Progress / 100 Nights qui conclut l’album, le public – composé majoritairement d’hommes – eu droit à quelques rappels, dont la troublante A Collection, une ravissante performance de la prenante Beautiful,  une version rythmée de Memory of Water, ainsi que la puissante Man of a Thousand Faces, qui souleva la foule.

Le spectacle se termina enfin avec The Invisible Man, frappante interprétation par un groupe de musiciens dont la générosité et l’énergie sont sans bornes.

 

Samedi 9 avril 2011 : “Take me to the Fantastic Place, keep the rest of my life away…”

La thématique du samedi soir étant « A-Z », le groupe avait en l’occurrence préparé près de 26 chansons, dont la première lettre du titre de chacune d’elles suivait les lettres de l’alphabet.

C’est donc à un spectacle de 2h40 auquel le public a eu droit, et quel spectacle!

Décrire cette phénoménale soirée en détail demanderait de dépasser le nombre de mots alloués pour cette critique, alors nous ne nous attarderons que sur certains moments forts.

Cannibal Surf Babe, jouée si peu souvent en concert, mais qui pourtant déménage sur scène, a fait le bonheur des fans.

L’intro de Grendel, jouée par Steve Rothery, vint titiller les fans de la première heure, dont plusieurs sont nostalgiques de la période où le chanteur écossais Fish était à la tête du groupe.  La formation enchaîna ensuite avec la rockeuse Gazpacho.

La lettre « H » fut celle où tout le monde chanta « Happy Birthday » à Mark Kelly, pour ses 50 ans.

À la lettre « J » se trouvait Jigsaw, une autre composition de Fish, que le public entonna, Steve Hogarth demeurant dans les coulisses. Le résultat fut peu concluant, puisque Mark Kelly  – dont les claviers dominent cette chanson – n’entendait pas le public dans ses écouteurs. En revanche, le solo de Rothery fut, une fois de plus, très réussi.

Il y a eu également King, qui fut totalement époustouflante; la rockeuse Quartz, qui vit la foule complètement survoltée chanter le refrain avec passion; et que dire de l’émotionnelle Sugar Mice – une autre pièce de l’époque Fish – qui fut chantée à l’unisson par Hogarth et l’audience, un moment totalement magique de communion.

Three Minute Boy, bien meilleure en concert que dans sa version studio de 1999, mit un terme à la première partie de la soirée de manière intense et réjouissante.

À la lettre « Z », le groupe joua Separated Out, qui s’ouvrit et se conclut sur des extraits de grands succès de Led Zeppelin, tels que Black Dog et Kashmir.

Une grande finale pour une  très grande soirée de musique.

 

Dimanche 10 avril : ”Listening to the pouring rain, Waiting for the world to change“

Photo par Louis-Philippe Alain

La plus longue des trois soirées, et probablement la meilleure…

Le thème était « The Glow Must Go On ». À l’aide de bâtons phosphorescents, le public allait devoir décider, pendant une bonne partie de la soirée, quelles chansons il voulait entendre, Steve Hogarth offrant un choix à chaque fois entre deux titres.

Et les choix furent, dans certains cas, difficiles.

Les fans eurent droit, entre autres, à une superbe interprétation de One Fine Day, où une fois encore Steve Rothery a offert l’un de ses plus beaux solos. Between You and Me fut l’une des plus réussies de la soirée, énergique et amusante. Pete Trewavas a brillé lors de cette pièce, avec sa basse rythmée, supportée par le jeu toujours impeccablement juste de Ian Mosley, bien pépère derrière sa batterie.

Un autre grand moment de la soirée fut Happiness Is The Road, l’une des plus récentes pièces du groupe (2008). Une chanson très appréciée du public, qui a entonné le refrain encore et encore, et continua de le faire alors que le groupe avait terminé de jouer et était sorti de scène pour une intermission. Ce n’est que lorsque les cinq hommes furent de retour que la foule s’est arrêtée de chanter, devant l’air médusé et sincèrement appréciatif des membres du groupe.

Une belle surprise fut la pièce-fleuve Ocean Cloud, de 18 minutes, épique, grandiose, et extrêmement poignante. Que de l’énergie pure provenant de la scène. Une autre grande dose de générosité de la part du groupe.  Les éclairages – tout en subtilité, mais très complexes au cours des trois spectacles – vinrent ajouter à l’ambiance de la pièce, en imitant la lumière d’un phare au bord de la mer.

Easter et The Great Escape vinrent conclure ce spectacle, deux classiques du groupe, qui furent d’autres beaux moments magiques venus s’ajouter à une longue liste de moments du genre ce week-end.

Alors que le public était sur le point de quitter, que les lumières avaient été rallumées et que la musique de fond dans la salle indiquait que le spectacle était terminé, le groupe revint jouer une dernière fois sur scène, à la surprise générale.

 

 

Une touche finale à un week-end parfait, qui combla les gens venus des quatre coins de l’Amérique du Nord (et d’ailleurs) pour assister à cet événement spécial.  La pluie à l’extérieur de l’Olympia n’a pas pu déloger le sourire sur les visages des nombreux fans comblés.  Merci Marillion!

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