Critique | Contes urbains à La Licorne

Brigitte Poupart signe la mise en scène de cette 20e et dernière édition des Contes urbains à La Licorne, une production du Théâtre Urbi et Orbi. Présentée en salle du 2 au 20 décembre. 

Dans ce spectacle au décor simple et à la mise en scène sobre – parfois perturbé par des effets sonores incongrus – on voit se rassembler des récits et leurs protagonistes. Les huit personnages, toutes des femmes, se confient des histoires qu’elles semblent avoir gardées secrètes, cherchant l’appui discret des autres.

Quoiqu’elles diffèrent en âge et en classe sociale (bien que pas en groupe ethnique), le temps des Fêtes représente pour elles toutes un moment difficile de l’année.

Elles racontent pourquoi le temps des fêtes est pour elles déprimant, triste, terrifiant, difficile, beau – quoique Noël et le jour de l’An ne soient que le contexte de leurs histoires.

À travers leurs récits de névrose, d’abandon et de solitude, on apprend que plusieurs de ces personnages ont souffert de la mort d’une proche par le cancer, dont l’une est elle-même atteinte.

Ainsi, la mort et le tragique rôdent pendant la veillée, mais sont allégées par les excès d’anxiété de ces femmes, par leurs pétages de coche ou au contraire par leur candeur.

Elles sont drôles, parfois vulgaires ; touchantes, parfois carrément bouleversantes. Elles sont vraies, et aussi accessibles que surprenantes.

Chaque actrice apporte un élément de l’angoisse inhérente à la condition féminine. Elles visent et subissent la performance, la perfection, la passivité, l’acceptation, la solitude, la maternité. Le thème de la féminité n’est pas étouffant ; au contraire, il enveloppe les histoires et laisse au spectateur un large spectre d’interprétations.

 

Michelle Blanc. Photo de courtoisie. Crédit photo: Urbi et Orbi

Michelle Blanc. Photo de courtoisie. Crédit photo: Urbi et Orbi

 

Contes du présent

En ce qui a trait à la forme traditionnelle du conte, elle n’est pas très présente (mis à part la légende contemporaine du gars « que tout ce qu’y donne se brise ») ; il s’agit plutôt de confidences de femme à femme.

Il y a, dans l’édition 2014 des Contes urbains, beaucoup de drames qui sont relatés et beaucoup de solitudes exposées.

C’est le thème de l’âge qui lie les monologues par des interventions de France Arbour, qu’on interrompt constamment et à qui on tourne le dos tout au long du spectacle, jusqu’à son glorieux monologue à la toute fin. Rappel furtif du fait qu’on ignore souvent les personnes âgées alors qu’elles peuvent avoir des histoires assez captivantes, voire salaces, à raconter…

Les textes de Contes urbains sont naturels et touchants et l’interprétation très sincère. Michelle Blanc et Sandrine Bisson sont particulièrement troublantes, et France Arbour tout à fait délicieuse.

Un spectacle intelligent et drôle, cette édition féminine des Contes urbains est à ne pas manquer, surtout pour ceux n’ayant pas encore eu la chance d’assister aux précédentes.

 

 

Vos commentaires