Soirées Carte Blanche (anciennement Gala Juste pour Rire)

Critique | Emmanuel Bilodeau anime un Gala Juste Pour Rire sur le chialage

Ça chialait mercredi soir à la Place des Arts. Pas les spectateurs, non. Bien au contraire ; ça se bidonnait au parterre. Mais sur scène, le comédien et nouvellement humoriste Emmanuel Bilodeau pilotait un Gala Juste pour rire ayant pour thème « le chialage », avec Martin Petit, Guillaume Wagner, Laurent Paquin, Olivier Martineau, Virginie Fortin, Peter MacLeod, le Français Vérino et un duo formé de Jérémy Demay et Billy Tellier qui se succédaient au crachoir, lors de la représentation de 18h30. 

Déjà que le fait de présenter le « chialage » comme l’une des « obsessions des Québecois » était une idée un peu tirée par les cheveux, on ne peut pas dire que la soirée a pris la forme d’un vrai bon défoulement collectif.

Photo par Vanessa Leclair

Emmanuel Bilodeau à l’animation. Photo par Vanessa Leclair.

Drôle et sympathique ? Ouais. Mais le thème laissait croire que ça allait brasser la cage. Dans les faits, aucun barreau n’a été abîmé.

Le numéro d’ouverture d’Emmanuel Bilodeau, par exemple, n’a pas ébranlé les colonnes du temple. Ah les maudits cyclistes. Mais les automobilistes, vous n’êtes pas vraiment mieux. Le sujet vire ensuite à la politique, mais, doit-on le rappeler, Bilodeau avait lui-même fait beaucoup mieux avec son mémorable numéro de 2011, qui lui avait d’ailleurs permis de mettre la main sur un prix Olivier, lui ouvrant du coup les portes vers un second métier d’humoriste.

Il faut dire qu’il est sans doute un peu tôt dans le (second) cheminement d’Emmanuel Bilodeau pour le mettre à la barre d’un aussi gros paquebot qu’un Gala Juste Pour Rire. Il a d’ailleurs semblé assez nerveux, parfois maladroit, mais toujours vif et apte à se remettre lui-même sur les rails lors des petits accrocs.

 

Chialer mais pas trop fort

En fait, la soirée a plutôt démontré une autre obsession des Québécois : celle du consensus. Car à part Guillaume Wagner (qui reprenait des éléments de son premier one-man show Cinglant), la recrue Virginie Fortin (dont la nervosité rendait l’interprétation inférieure à la qualité de ses petits one-liners tout de même assez mordants) et Olivier Martineau (qui osait prendre à partie des gens de son public), les autres numéros ont semblé plutôt bon enfant.  Ce dernier a d’ailleurs récolté la seule ovation de la soirée, grâce à son feu roulant de gags, qui se nourrit à même la réaction du public.

Le duo formé de Billy Tellier et Jérémy Demay est aussi très drôle en soi, ne serait-ce qu’au premier coup d’oeil. Mais au-delà des différences physiologiques évidentes, leur dynamique est également très intéressante. Tellier tentait de faire sortir le grand et gentil Demay de ses gonds, ce qui a fini par survenir de façon assez spectaculaire.

Peter MacLeod, lui, a opté pour un numéro sur les filles rondes, qu’il préfère aux « pétards » maintenant, apparemment. Le lien avec le chialage ?  On le cherche toujours. Mais son numéro a donné lieu à plusieurs références scatos faciles, semant tout de même l’hilarité au parterre.

Photo par Vanessa Leclair.

Billy Tellier et Jérémy Demay. Photo par Vanessa Leclair.

On se demande aussi qui de Patrick Huard ou Laurent Paquin a écrit en premier ce numéro sur la maladresse de certaines personnes lorsque vient le temps de raconter une anecdote. Dans son dernier spectacle, Huard avait un numéro pratiquement identique à cette boutade de Paquin…

L’humoriste français Vérino a dû composer avec des problèmes de micro, ce qui ne l’a pas empêché de faire preuve de charisme, à défaut de proposer un numéro vraiment mémorable. Il a toutefois souligné, avec justesse, que les Français ont un sens du « chialage » bien différent de celui des Québécois.

Défenseur du banlieusard moyen et de la génération X, Martin Petit a admis (à la farce) avoir passé à un cheveu de refuser l’invitation « parce qu’il faut être une victime ou une minorité visible pour avoir le droit de chialer au Québec ».  Les aléas de l’homme quarantenaire, qui a grandi et exploré sa sexualité dans les années 1980, lui ont servi de matériel pour ce numéro bien senti.

Emmanuel Bilodeau, lui, avait deux autres numéros de préparés. Lors du premier, la « Commission Tomato », il prenait les traits d’un mafiosi devant qui étaient convoqués le journaliste Alain Gravel, Daniel Paillé (chef et survivant du Bloc Québécois), Colette Provencher, qu’il qualifiait de sorcière en raison de son contrôle sur la météo, ainsi qu’une poule blâmée pour ses nombreux nids dans les rues de Montréal.  L’idée n’était pas mauvaise, mais l’exécution n’était pas si convaincante.

Son numéro de clôture, où il incarnait cette fois un vieil homme en fin de parcours, regorgeait de petites trouvailles bien pensées, en plus d’être touchant par moments. Ce personnage pourrait sans doute se frayer un chemin dans l’éventuel one-man show de Bilodeau.

Soirée passablement drôle, donc, mais rien de très bouleversant ou cinglant outre mesure. Après avoir vu la lecture publique de Fabien Cloutier la veille au Zoofest, disons que le niveau de « chialage » à la Place des Arts, c’était de la petite bière…

Photos en vrac
par Vanessa Leclair

 

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