Critique | Gary Numan au Café Campus

L’incontournable et charismatique Gary Numan était de passage à Montréal hier soir au Café Campus à l’occasion de la tournée de son vingtième album, Splinter (Songs From a Broken Mind), dévoilé à l’automne 2013. Il était accompagné en première partie des Big Black Delta et de Roman Remains.

Une réunion multi-générationnelle attendait ce mardi l’une des figures musicales les plus influentes de ces trente dernières années. Une heure et demie de condensé électropop-rock-métal-industriel pour l’homme qui inspira tous les Trent Reznor et Marilyn Manson de ce monde. Roi incontesté du synthétiseur, Numan a amené la démocratisation de l’utilisation d’effets (reverb, flanger, phaser) en guise de lignes harmoniques depuis ses débuts avec Tubeway Army à la fin des années 1970. Il contribua ainsi à l’avènement de l’industriel à la fin des années 1980 et le développement de la musique électronique moderne.

Du neuf et du plus vieux

Un concert de Gary Numan c’est un peu comme se retrouver au milieu d’une structure métallique qui vibrerait au rythme de résonnances caverneuses et de battements tribaux. Une atmosphère sombre à première vue, mais qui est constamment apaisée par la voix poignante et l’adage déchirant du compositeur britannique.

À l’arrivée des musiciens sur scène pour le morceau d’introduction de l’album Dead Son Rising, Resurrection, on pouvait ainsi sentir les basses remonter des pieds jusqu’à la tête, et lacérer son corps de l’intérieur. Le décor est planté. Numan enchaine avec le premier titre de son dernier album, I Am Dust.

Sur l’ensemble du concert, on a retrouvé un brassage entre les deux derniers album de Numan et certains morceaux qui ont fait la renommée du compositeur anglais sur ses premières productions. On aura notamment entendu Are’ Friends’ Electric, Down in the Park (Replicas), I Die: You Die (Telekon), et les incontournables Metal, Films, et Cars (The Pleasure Principle).

Il n’y a d’ailleurs absolument rien à enlever à Splinter, l’album est bon, et c’est probablement même l’une de ses meilleures productions depuis la fin des années 1980. Cependant, il est intéressant de noter que la complicité qui lie aujourd’hui Numan avec Nine Inch Nails a, d’une certaine manière, déteint sur l’atmosphère des derniers albums du britannique. On retrouve effectivement des sonorités plus métal, et une ambiance musicale très « heavy » d’une manière générale, qui se transpose exceptionnellement bien en concert.

Une sensibilité et une passion inébranlable

Oui monsieur Numan a vieilli ; sa voix reste indétrônable mais n’est plus aussi perçante qu’à l’époque. Cependant, la passion ne semble pas vouloir le lâcher.

Du haut de ses 56 ans, le prince de la New Wave montre toujours autant d’aisance en concert. Tantôt à la guitare, au clavier, et au chant, Gary occupe la scène, élance ses bras vers le ciel, prend son envol, puis retombe, explose, remue la tête dans tous les sens et se balance comme s’il avait vingt ans de moins… La gestuelle, l’interprétation scénique, la complicité avec les musiciens, tout y est.

On a pu noter néanmoins quelques problèmes de son hier soir au Petit Campus. La guitare a effectivement tardé à se faire entendre et la voix de Numan était un peu étouffée par le grondement ambiant sur certains passages plus lourds (Here in the Black, Love Hurt Bleed).

La formule live de Numan a aujourd’hui quelque chose d’intense et très électrique, et la présence sur l’album de Robin Finck, l’inconditionnel guitariste de Nine Inch Nails, y est certainement pour quelque chose.

Néanmoins, le grand Gary parvient à véhiculer toujours autant d’émotion en concert. Saisi par la sensibilité avec laquelle il interprète des morceaux comme Lost ou My Last Days, qui clôtura la soirée, Numan nous déconnecte de toute réalité et nous transporte dans son univers bouleversant.

Dépassé par l’émotion, on en viendrait presque à lâcher une larme sur les dernières mesures du show. Gary Numan prouve une nouvelle fois qu’il a encore beaucoup à nous offrir. On ne peut que lui souhaiter de continuer à nous faire vibrer ainsi.

Grille de chansons

1. Resurrection
2. I Am Dust
3. Metal
4. Everything Comes Down to This
5. Films
6. Here in the Black
7. The Fall
8. The Calling
9. Down in the Park
10. Lost
11. Cars
12. Pure
13. Splinter
14. We’re the Unforgiven
15. Love Hurt Bleed
16. A Prayer for the Unborn

Rappel :
17. I Die: You Die
18. Are ‘Friends’ Electric?
19. My Last Day

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