Critique | Heymoonshaker au Boquébière de Sherbrooke

En plein milieu de leur tournée éclair au Québec, le duo de beatbox-blues Heymoonshaker s’arrêtait le soir de la St-Valentin au Boquébière de Sherbrooke pour faire capoter la population estrienne. Sors-tu.ca était là, et on est allé boire quelques pintes avec les hommes à la veille de cette prestation.

Jeudi, 12 février, 17 :00. Alors qu’on entre aux Foufs, les gars de Heymoonshaker y sont déjà, en train de mener, via téléphone, leur Xième entrevue de la journée. Une très grosse journée qui aura commencé vers les 7 :00 pour eux et durant laquelle se seront enchaînées apparitions télé, apparitions radio et prestations en tout genre.

Sors-tu.ca est le dernier média à l’horaire.

D’ordinaire, ça voudrait dire qu’on aura droit à des gars pas mal fatigués qui ont déjà répété les mêmes « on s’est rencontrés en Nouvelle-Zélande » et les mêmes « notre nouvel album est ci et ça » à maintes reprises dans les dernières 12 heures.

Avec Heymoonshaker, pantoute.

Grands sourires, poignées de mains franches, pichets de blonde et au final, une entrevue qui aurait dû durer 25 minutes prend la forme d’une discussion de deux heures. Le tout se finit en accolade.

Fait intéressant, c’est dans ce même esprit que le spectacle de Sherbrooke s’est déroulé.

Ce n’est probablement pas toute la foule qui savait au départ à quoi s’attendre d’un duo de « beatbox-blues », mais après les grands sourires, le talent du groupe et quelques pichets de blonde, tout le monde tombe sous le charme.

50% grâce au rythme, au charisme et à la verve de Dave Crowe, un ancien artiste de rue qui a passé bien des hivers vêtu uniquement d’un manteau style Sgt. Pepper à se chauffer aux drogues et à faire du beatbox branché sur un ampli artisanal fait à partir d’un vieux radio de char et d’une canisse de plastique. Et qui aujourd’hui est devenu un musicien d’exception ayant un TED Talk derrière la cravate.

Et 50% grâce à la voix, au sex-appeal indéniable et au jeu de guitare d’Andy Balcon, bluesman globe-trotter aux cordes vocales d’une puissance déconcertante.

Les deux Anglais sont déjà, séparément, impressionnants, comme le prouvera le solo qu’ils se permettront l’un après l’autre dans la soirée.

Solo pendant lequel Balcon jouera une ballade folk à vous en faire lever le poil d’la face et Crowe fera un 3 minutes de beatbox dubstep inhumain. Tellement inhumain qu’il doit s’arrêter en pleine prestation parce qu’il rit.

« You should see your faces », qu’il dit pour expliquer le fou rire.

Mais ce sont leurs talents combinés qui font de Heymoonshaker la machine qu’ils sont.

 

La première fois

Heymoonshaker;2012-11-09;Collectif 12; MantesPour expliquer ce qu’on ressent à l’écoute et à la vue de la fusion de ces deux entités, Crowe nous raconte la première fois qu’il a joué avec son désormais meilleur ami : « Tsé le moment où tu découvres pour la première fois, en extase, le plaisir solitaire ? C’est comme ça que ça s’est passé. J’ai fait du beatbox pendant qu’Andy jouait et j’ai eu la même illumination. Genre BEN VOILÀ C’EST ÇA QUE J’ESSAYAIS DE FAIRE PENDANT TOUT CE TEMPS. »

C’est aussi la générosité et la proximité dont fait preuve le groupe envers son public qui frappe.

Non seulement il offrira un deuxième rappel à la foule, même après avoir fait promettre à ladite foule de ne pas demander d’autre rappel, mais en plus Crowe et Balcon ont passé le reste de la soirée à signer des autographes, à serrer des mains, à faire des câlins, à partager des bières avec quiconque se pointait au Boquébière.

Et pour remercier les couples ayant eu l’esprit assez ouvert pour délaisser une soirée cinéma-chocolats-bouquet de fleurs au profit d’un spectacle du seul groupe de beatbox-blues au monde, le band a ordonné à tous d’être sexy le temps d’une chaude reprise d’ I’m a Man de Bo Diddley.

Pour les copains montréalais, sachez que Heymoonshaker sera en 6 à 8 gratuit ce mercredi 18 février à la Casa del Popolo, et le lendemain en première partie de Steve Hill, à l’Astral.

 

Faits en rafale retenus de notre jasette :

– Pour Shakerism, leur premier long-jeu, les gars ont dû enregistrer une dizaine de chansons en une seule journée. Et ils ont improvisé une poignée d’entre elles. Tellement qu’on relisait certaines des paroles et qu’Andy n’en revenait pas d’avoir chanté ça.

– Les gars se sont déjà construit des amplis directement à l’intérieur de valises d’une compagnie aérienne. Le tout afin d’éviter de constamment se faire arrêter à l’aéroport à cause de l’ampli artisanal de Crowe qui avait trop l’air d’une bombe.

– Ils ont déjà un autre album de prêt qui aurait pu sortir l’an dernier, mais ont décidé d’en repousser la sortie pour écrire du meilleur matériel. « La meilleure décision ever », selon eux.

– Sont tous deux natifs du UK, se sont rencontrés en Nouvelle-Zélande, ont habité la Suède, puis Paris et sont présentement sans domicile fixe.

 

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