Gad Elmaleh

Critique humour: Gad Elmaleh au Centre Bell – Relever un défi colossal

Jeudi 27 mai 2010 – Centre Bell (Montréal)

Le pari était risqué: offrir le Centre Bell (2 soirs plutôt qu’un) à un humoriste français, en solo et avec un décor pour le moins minimaliste.

Une immense scène vide, une immense salle pleine, un immense défi à remplir pour un visage peu familier du grand public québécois.

Gad Elmaleh a néanmoins remporté sa gageure haut la main, séduisant le public avec le contenu parfaitement ficelé de son one-man show Papa est en haut (pleinement maîtrisé après 3 ans de tournée et plus de 300 représentations), ainsi que quelques extraits inédits, des moments d’improvisation dignes d’un comique vif d’esprit et même un segment surprise…


Tout est dans la manière

Pourtant, ce n’est pas dans l’originalité des thèmes abordés ou dans la mise en scène que Gad Elmaleh se démarque: il emploie, au fond, des sujets universels tels la paternité, la famille, les femmes, les animaux domestiques; tout ça à travers une série d’observations de la vie quotidienne.

Mais ses talents d’acteurs et son magnétisme naturel lui permettent de capter un large auditoire sans laisser paraître le moindre effort.

Gad Elmaleh livre son spectacle de près de deux heures d’un seul trait et sans embûche, ponctuant ce long monologue avec quelques interactions au vol avec le public et deux moments musicaux (dont une hilarante interprétation au piano d’une balade inventée dans un français incompréhensible).

Tout au long de son exposé, l’humoriste franco-marocain (et brièvement montréalais d’adoption dans le passé) jongle aussi avec des références culturelles diverses sans en faire un numéro spécifiquement dédié à cette thématique.

Pas d’abus de son habileté à rendre l’accent québécois non plus, même s’il lance quelques courtes répliques à la manière « Belle Province » à l’occasion.


Une « excellente » surprise!

Gad Elmaleh nous préparait également une surprise de taille.

Fier d’être le premier humoriste français à remplir avec succès le Centre Bell, Gad Elmaleh s’est emporté … jusqu’à se vanter d’être le seul humoriste, toutes nationalités confondues, à l’avoir fait.

Cette  vantardise planifiée n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, et la foule ne s’est pas gênée à lui rétorquer qu’un certain Martin Matte l’avait fait avant lui… avant que Matte lui-même n’apparaisse sur scène!

Le deux comiques ont offert un long moment inspiré, semi-improvisé, qui témoignait d’une étonnante chimie digne des fameux galas Juste pour rire de Stéphane Rousseau et Franck Dubosc.

Martin Matte lui a même remis un « souvenir du Québec »: un affreux canard en pierre de savon « que Patrick Huard m’avait donné lors de mon dernier spectacle », lançait-il. Vous imaginez l’enthousiasme d’Elmaleh…

Visiblement, le cliché de l’humoriste français ennuyeux ne colle pas à Gad Elmaleh, qui pourrait bien donner quelques leçons à certains de nos humoristes d’ici dans l’art de tenir une foule dans la paume de sa main.

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