crédit photo: Marc-Etienne Mongrain
Lady Gaga

Critique | Lady Gaga au Centre Bell de Montréal

Au lendemain d’une apparition surprise au concert de Tony Bennett qui se tenait dans le cadre du 35e Festival International de Jazz de Montréal, Lady Gaga s’installait au Centre Bell, pour y présenter son plus récent spectacle, ArtRave: The Artpop Ball.

Les premières critiques à l’égard de ce nouveau spectacle, visant à faire la promotion de son 4e album, le pas très réussi Artpop, n’ont pas été très élogieuses. Dernièrement, Gaga a beaucoup fait parler d’elle comme étant une star déchue, une has-been. Alors qu’en est-il réellement de ce « ArtRave »?

 

Le retour de la reine détrônée

Une chose est sûre: si Gaga était la reine de la provocation, Miley Cyrus lui a bel et bien dérobé le titre depuis son plus récent Bangerz Tour, faisant presque paraître la Lady comme une fille sage.

On se souviendra que lors de son dernier passage en ville, Lady Gaga n’était pas dans sa meilleure forme. Elle avait même mis fin à sa tournée au lendemain de son spectacle au Centre Bell, en raison d’une blessure sérieuse à la hanche qui l’avait clouée à une chaise roulante et au repos forcé pendant des mois. Repos duquel ARTPOP a émergé. Mercredi soir, la star n’a pas manqué de rappeler à ses « petits monstres » qu’elle souhaitait se reprendre et leur offrir la « soirée d’une vie » comme elle aurait dû le faire la dernière fois. Et c’était relativement réussi.

 

La voix à l’avant-plan

On remarque d’emblée que ses chorégraphies sont moins poussées. Même si Gaga court d’un bout à l’autre de la scène, elle se concentre davantage sur une interprétation théâtrale et sur sa voix, que sur la danse, un domaine qu’elle ne maîtrise toujours pas.

Mais la maîtrise impeccable de sa voix vient nous faire oublier son manque de vigueur au niveau de la danse. C’est lors de pièces comme Born This Way ou Gypsy, seule avec son piano, que l’on apprécie réellement tout son talent, sa facilité pour la musique et surtout sa compréhension indéniable du langage musical. C’est beau à entendre et c’est surtout triste de la voir se perdre dans des costumes abracadabrants et des mises en scène qui ne sauront jamais lui rendre justice.

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Lady Gaga refuse l’accès aux photographes. Par conséquent, voici un aperçu (approximatif) de son costume durant « Paparazzi ».

Son interprétation impromptue à la demande d’une fan de Edge of Glory, presqu’a capella, était sublime à en donner des frissons. Un véritable cadeau pour les dizaines de milliers de fans présents. Le numéro de Paparazzi était aussi bien réussi, les danseurs paradant sur la scène, rappelant un peu le Vogue de Madonna lors de sa dernière tournée.

 

À l’échelle humaine

On apprécie également lorsque la star nous emmène à l’envers du décor et effectue son changement de costume directement sur scène, presque complètement nue. Malgré la distance et la salle bondée, on a l’impression d’accéder à une Stefani Germanotta incroyablement vulnérable. Humaine.

D’ailleurs elle s’est rapidement éclipsée suite à Bad Romance, juste avant Applause, créant un genre de vide sur scène, uniquement rempli par les applaudissements de la foule. Concept, vous direz? Ou était-ce un hasard ? Son absence se prolongeant, elle est revenue sur scène en expliquant qu’elle avait du aller renvoyer son dîner backstage. 

On apprécie aussi son dévouement à ses fans, qui est louable, mais on se pose tout de même des questions quant à son authenticité et sa sincérité. Ses discours sont souvent faussement émotionnels et on ne sait plus si les segments où elle fait monter des fans sur scène sont prévus d’avance (on se doute que oui, à vrai dire).

Parlons d’ailleurs de cette Michelle Treacy, une jeune « fan » franchement talentueuse, qui est montée sur scène pour interpréter, les larmes aux yeux, les mains tremblantes, Born This Way avec son idole. Une fan qui a sa propre page officielle sur Facebook, qui chante depuis plusieurs années et qui réalisait son rêve ce soir. Ce n’était donc pas un hasard. Pourquoi faire comme si?

Le tout s’est conclu au rappel avec une jolie interprétation d’abord dépouillée puis plus rythmée de l’excellente Gypsy. On attend maintenant avec impatience l’album jazz qu’elle prépare avec Tony Bennett, où elle sera incontestablement dans son réel élément. Celui où l’on aimerait l’y voir davantage. Celui où son talent est enfin mis à sa juste valeur.

Grille de chansons

ARTPOP
G.U.Y.
Donatella
Venus
Edge of Glory
MANiCURE
Just Dance
Poker Face
Telephone
Paparazzi
Do What U Want
Born This Way
Aura
Sexxx Dreams
Mary Jane Holland
Alejandro
Bad Romance
Applause
Swine
Gypsy

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