Critique | Mara Tremblay au Petit Outremont

Accompagnée uniquement par un violon, une guitare, une mandoline, un piano à queue et son charisme, Mara Tremblay a livré un somptueux récital jeudi soir au Théâtre Outremont. Retour sur une soirée riche en confidences, à propos de son trouble de bipolarité et son glorieux passé avec les Frères à ch’val notamment.

Ce qui frappe le plus à l’entrée de la salle : le nombre de têtes blanches qui composent l’assistance. La réputation et l’historique du Théâtre Outremont y sont sans doute pour quelque chose puisque Mara est toujours restée dans un spectre musical largement alternatif, entre folk, country, rock et électro.

Quoi qu’il en soit, Mara ne se laisse pas décourager par une foule qui manque de mordant et, surtout, de connaissance de son œuvre. Après une interprétation au piano de l’enivrante Printemps des amants, elle nous fait part de son histoire particulière avec la salle outremontaise : « J’ai eu mon premier rendez-vous galant ici. Il m’avait emmenée voir 1984… », dit-elle, avant d’entonner Tu m’intimides, en hommage à ce premier amoureux qui lui faisait perdre ses sens.

On navigue d’une relation à une autre afin de comprendre avec consistance l’inspiration des chansons à fleur de peau de Mara. Les confidences se poursuivent : « Je suis née en 1969, de parents hippies et pourtant j’ai toujours cru aux contes de fées amoureux », affirme-t-elle, en référence au premier gars qui l’a demandée en mariage. « Après ça, j’ai attendu six mois pour qu’il me rappelle… » Elle dévoile alors sa voix aiguë pour une ravissante interprétation d’Elvis, chanson phare de son deuxième album Papillons.

Deux pièces au piano viennent particulièrement toucher la foule : Sous les projectiles et D’un côté ou de l’autre, chanson écrite pour sa mère décédée. « C’était une adoratrice de la nature. Elle me disait tout le temps : ‘’Respire jusqu’attend que tu goûtes le sel’’ », dévoile la chanteuse originaire de la Côte-Nord. Avant l’entracte, elle livre un petit solo de violon pas piquée des vers, faisant taper du pied quelques membres de l’âge d’or, dont une qui profite de l’occasion pour manger un bonbon.

 

Les Frères à ch’val + bipolarité

Au retour, Mara nous remémore une époque un peu plus sombre de sa carrière : les Frères à ch’val. Lors d’une pratique, Polo et sa bande lui avaient demandé d’interpréter une de ses compositions. Prise au dépourvu, elle avait judicieusement choisi Tout nue avec toi. « Ils m’ont dit que si on allait en France, personne ne comprendrait rien… J’ai bien fait de me faire confiance et de continuer. » En effet.

On apprend ensuite les détails d’une hospitalisation de trois mois qu’elle a subie il y a une quinzaine d’années. « À l’hôpital, j’ai commencé à peindre des chihuahuas à l’acrylique », nous dévoile-t-elle, en rappelant qu’elle a remporté la catégorie Pochette de l’année au Gala de l’ADISQ 2000 pour son premier album Le Chihuahua. « C’est un animal très attachant, très féroce, mais fragile en même temps. C’est le chien le plus bipolaire. » Quelque temps plus tard, elle était diagnostiquée du trouble de bipolarité. « J’ai alors compris que les mots et les chansons répondaient à des questionnements. »

En conclusion, deux pièces douces, L’orage et Douce lueur, puis la grosse dose d’émotions mi-rock fuzz, mi-new age planante, Les Bois d’amours, en souvenir d’un décevant périple en Gaspésie raconté avec une théâtralité soutenue. À la demande de Mara, la foule s’est (un peu) réveillée en tapant des mains sur Le spaghetti à papa et en chantant avec (un peu de) gêne Les aurores.

Au rappel, Tu n’es pas libre et Le bateau, interprétées avec justesse, quiétude et vulnérabilité, comme seule Mara sait le faire.

Bravo, vraiment.

* Mara Tremblay en remettra ce soir (vendredi 31 janvier) et jeudi prochain (6 février), dans ce même Théâtre Outremont.

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