Richard Desjardins

Critique | Richard Desjardins au Club Soda de Montréal

Mercredi 31 octobre 2012 – Club Soda (Montréal)

En guise de coup d’envoi de Coup de coeur francophone, Richard Desjardins débutait, mercredi soir, une série de 5 représentations (toutes à guichet fermé) de son spectacle L’Existoire, au Club Soda. Après avoir été présenté un peu partout en régions et récolté au passage un Félix, le show lié au plus récent disque de Desjardins (lui aussi primé d’une statuette: Album adulte contemporain) était finalement dévoilé au public montréalais.

Photo par Renaud Sakelaris

Au fil des ans, Richard Desjardins nous a habitués à de grands spectacles de tournée. Avec Kanasuta, notamment, il semblait avoir atteint le summum de ce qu’un artiste puisse atteindre pour un spectacle de chanson.

Or, cet exploit, il l’a répété sous différentes formules, qu’il soit seul et (très bien) accompagné. Pour L’Existoire, c’est la deuxième option.

Tommy Gauthier brille au violon et à la mandoline, Mélanie Auclair n’a rien à lui envier au violoncelle et au banjo, et Karl Surprenant soutient le tout de façon admirable à la basse électrique et à la contrebasse. Pour sa part, Jean-Denis Levasseur ajoute beaucoup de couleur à l’ensemble, au saxophone, à la clarinette, à l’harmonica et aux flûtes, alors que le réalisateur de l’album, Claude Fradette, excelle aux guitares, en plus de jouer les maestros à l’occasion. De grands musiciens accompagnateurs, qui alternent sur divers instruments – Levasseur et Gauthier jouent même de la batterie lorsque nécessaire – afin de rehausser les compositions de Richard Desjardins d’arrangements foisonnants.

Au centre de cet univers se trouve évidemment notre grand chansonnier solaire, brillant, drôle, charismatique et parfois incisif. Toujours aussi vif d’esprit et touchant aussi.

Photo par Renaud Sakelaris.

Les habitués connaissent la formule: Desjardins interprète quelques titres, puis se lance dans un monologue inspiré, poétique, percutant.  Les sujets de ceux-ci ne surprennent pas nécessairement: ses inquiétudes écologiques, sa haine envers notre premier ministre, mais aussi son exaspération à l’endroit de la religion et du capitalisme sauvage. Mais le bonhomme est pleine de verve et suscite une vaste palette d’émotions.

Son répertoire est riche et la grille de chansons offerte comporte autant du neuf que du vieux, souvent réactualisé. C’est là où les arrangements de la troupe brillent, particulièrement sur des titres comme L’homme canon, L’Existoire et sa finale tango, ou encore Les Yankees, grande pièce du répertoire, en fin de prestation.

Le rappel est classique: Tu m’aimes-tu?, Jenny et Quand j’aime une fois j’aime pour toujours. On ne peut pas se tromper.

Ce n’est pas comme si on en doutait, mais la grande première montréalaise de L’Existoire confirmait l’évidence: il aurait fallu que Les Cowboys Fringants, Misteur Valaire, Richard Séguin ou Vincent Vallières fasse des miracles pour ravir la statuette du Spectacle de l’année – Auteur-compositeur-interprète alors que le maître était en lice.

Richard Desjardins sera de retour au Club Soda jeudi, vendredi, samedi et dimanche soir, mais les billets sont déjà tous partis. Croisez les doigts pour des supplémentaires, ou attrapez-le en région.

 

Première partie: Marjolaine Beauchamp

C’est à la slammeuse performeuse Marjolaine Beauchamp que revenait le rôle d’assurer la première partie du spectacle… 4 jours après avoir accouché!

Marjolaine Beauchamp. Photo par Renaud Sakelaris.

La majorité du public semblait étrangère à la poésie brute de la dame outaouaise, ce qui semble avoir ajouté à l’effet de ses allocutions. Il faut dire qu’une première rencontre avec l’univers sans gants blancs de Marjolaine marque inévitablement l’esprit au fer rouge.

De dénoter que Marjolaine Beauchamp est une âme écorchée serait réducteur. Elle sait se montrer à la fois dure et vulnérable, pleine d’espoir et de déchirures béantes, à vif.

Ses mots frapperaient même avec une livraison moins habile, mais c’est là où les années d’expérience de la performeuse portent fruit: elle maîtrise le débit, le rythme, les intensités.

Circonstances obligent, Marjolaine Beauchamp n’était sans doute pas au sommet de sa forme physique, mais force est de constater qu’elle est néanmoins au sommet de son art, en plus d’en être une figure de proue.

À ne pas manquer si vous avez vos billets pour le spectacle de Richard Desjardins.

 

Grille de chansons
Boom Boom
Atlantique-Nord
(monologue boréal)
Trou perdu
Chaude était la nuit
Développement durable / Cancun
(monologue anti-religieux)
Avec l’amour de Jésus
Elvira
Söreen
On m’a oublié
Sur son épaule (reprise de Mario Peluso)
L’homme canon
L’Existoire
Roger Guntacker
(Monologue Provigo)
Y’a rien qu’y’arrive / Le Bon Gars
Va toujours y avoir
Lovelight
Migwetch
Elsie
Les Yankees

Rappel
(monologue anti-Harper)
Tu m’aimes-tu?
Jenny
Quand j’aime une fois j’aime pour toujours

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