Sugar Sammy

Critique | Sugar Sammy présente En français svp! à L’Olympia de Montréal

C’était soir de grande première, mardi à L’Olympia de Montréal, alors que Sugar Sammy présentait pour la première fois dans sa Métropole natale son spectacle 100% français: En français, SVP! Sans surprise, l’humoriste indo-montréalais a réussi haut la main le tour de force d’adapter son spectacle dans la langue de Molière.

Photo par Marc-André Mongrain.

En partant, les chances de réussite de Sugar Sammy étaient fortes. Son spectacle « franglais » You’re Gonna Rire était un pari beaucoup plus risqué, tant sur le plan technique (comment garder sa concentration en alternant d’une langue à l’autre?) qu’au niveau des attentes du public. Sauf erreur, personne n’avait encore tenté cette opération de rassemblement anglos-francos dans le monde de l’humour québécois. Du moins, pas à cette échelle.

Pour un indo-canadien ayant grandi dans le quartier Côte-des-neiges, ayant fréquenté la seule école secondaire publique de son voisinage multiethnique au sein d’amis africains, haitiens, italiens et quoi encore, « ça fait du sens » comme dirait celui pour qui le français est sur un pied d’égalité avec 3 autres langues.

Tout ça pour dire que le succès lui a souri avec You’re Gonna Rire: 40 représentations à L’Olympia, toutes à guichet fermé, ce qui représente près de 50 000 spectateurs. Tout un exploit.

 

Maître ès brasseur de merde

Rien de bien neuf à présenter dans En français, SVP!, à toute fin près une adaptation 100% (ok, disons 95%) francophone des mêmes gags, à quelques différences près.

Photo par Marc-André Mongrain.

Mais qu’importe: on ne peut que se réjouir du succès d’un humoriste aussi irrévérencieux dans notre Québec frileux. Parce qu’il est baveux, M. Khullar. « Shit-stirrer » auto-proclamé, il s’amuse sans retenue aux dépends des souverainistes, des ethnies (une par une), des gars, des filles, de Montréal, de Québec, des carrés rouges, des gradués de l’école privée, des régions, du hockey, des vedettes et même de quelques victimes triées sur le volet dans la foule.

Son contenu politique étonne par son audace en début de spectacle, mais c’est vraiment lorsqu’il improvise avec le public qu’il excelle. Ses influences américaines et sa vivacité d’esprit font alors surface et portent fruit.

Succès assuré donc pour Sugar Sammy dans son rôle parfaitement maîtrisé du frais-chié qui tire sur tout ce qui bouge. Il faut évidemment pardonner l’abondance d’anglicismes qui viennent avec le personnage qui, après tout, incarne le multiculturalisme montréalais. Il faut également faire preuve d’une certaine tolérance envers un degré relativement élevé de vulgarité et un machisme assumé que son auto-dérision et son sourire narquois désamorcent habilement.

Et qu’il le fasse en français, en anglais, en franglais et bientôt en hindi et punjabi, ne fait qu’élargir sa portée. À ça, on vote oui.

 

Stéphane Poirier en première partie

Photo par Marc-André Mongrain.

L’Olympia s’était donné des airs glamour pour l’occasion: tapis rouge, rideaux qui ne sont pas là d’ordinaire, DJ set en entrée de jeu… Le gratin québécois défilait et prenait place dans l’immense salle où l’on n’a pas l’habitude de voir des premières d’humoristes. Rafraîchissant.

En plus de son pote DJ Yo-C, Sugar Sammy avait aussi fait appel à un autre bon ami, Stéphane Poirier, afin « d’animer » la soirée et surtout, de réchauffer la foule avec un numéro d’une quinzaine de minutes, plutôt réussi. Les sujets abordés ne sont pas des plus originaux (sa petite taille, le service à la clientèle de Bell), mais il en va ainsi lorsqu’un humoriste adopte le stand-up de moeurs.

Bien en contrôle de son débit et habile avec la foule, Stéphane Poirier a démontré qu’il a ce qu’il faut pour se lancer bientôt dans l’arène des humoristes en tournée. Il a été à la hauteur des attentes. (oui, c’était bel et bien un gag de petit)

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