Critique théâtre | Cinq visages pour Camille Brunelle à l’Espace Go

27 février 2013 – Espace Go (Montréal)

L’auteur Guillaume Corbeil s’est imaginé un instant ce que donnerait, dans un théâtre, la transmission d’un « monde » comme Facebook sur une scène. Il a ensuite pris cinq jeunes comédiens, Julie Carrier-Prévost, Laurence Dauphinais, Francis Ducharme, Mickaël Goul et Ève Pressault et les a mis sur cette même scène.

Cinq visages. Un réseau social. Une scène. Cinq visages pour Camille Brunelle. Publié.

Cinq visages pour Camille BrunelleSi chacun de nous s’imaginait une pièce de théâtre qui pouvait exprimer l’exhibition, le voyeurisme, le besoin d’avoir une vie extraordinaire, de sortir de son ennui, de se voiler de sa propre solitude comme peut le permettre Facebook, le meilleur résultat aurait probablement été ce que Claude Poissant à la mise en scène du texte de Guillaume Corbeil ont réussient à transmettre dans la pièce Cinq visages pour Camille Brunelle, présentée à l’Espace Go jusqu’au 23 mars. La question est: peut-on vraiment remplir 1h15 sur la question? Une question dont on a déjà fait le tour 100 fois depuis la popularisation mondiale du phénomène vers 2007? Une question dont tout le monde sait déjà la réponse: Facebook a un côté pervers, vrai. On l’accepte, on vit avec et, à la limite, on aime ça. « Like ».

Bref, au bout de 30 minutes de Cinq visages pour Camille Brunelle, on avait l’impression d’avoir un peu fait le tour du sujet.

Néanmoins, le concept est bon. On retrouve cinq personnages (dont aucun ne porte le nom de Camille Brunelle), cinq amis qui se décrivent, se comparent et s’exposent en verbalisant tout ce qu’on peut dévoiler sur Facebook. Et du texte, il y en a! Des énumérations sans fin, comme si on disait sans s’arrêter toutes les « pages » que l’on « aime » sur le fameux réseau pour se décrire. Pour cela, chapeau aux cinq braves visages de la pièce.

Cinq visages pour Camille BrunelleUne histoire, il n’y en a pas vraiment. On apprend à connaître les cinq amis, sans les connaître vraiment. En fait, c’est carrément comme si on était « amis » Facebook avec eux, et qu’on découvrait leur vie en visionnant leurs photos. Une soirée en particulier, un party dans un bar, nous sera exposée de cinq façons différentes. Les versions se modifieront au fil de temps, le temps qui est une notion qui perd un peu de son sens dans la vie des personnages, comme dans la « réalité » Facebookienne d’ailleurs.

On découvrira ainsi plusieurs scénarios possibles de la soirée sans jamais que l’on sache ce qui s’est vraiment passé. Au début, on a droit au meilleur de tout un chacun, puis des versions de plus en plus dégradantes, beaucoup moins jolies à exposer au monde entier.

Parce que Facebook, c’est aussi ça. Montrer sans arrêt le meilleur de nous-même, comme si notre vie était extraordinaire. Et la pièce Cinq visages pour Camille Brunelle en fait très bien la démonstration. Et on en rit. On rit de nous-même et de nos proches, parce qu’on se dit: c’est donc bien vrai que c’est comme ça. Mais le problème, c’est qu’il n’y a pas vraiment de morale à faire, et tout le monde va continuer à gérer son réseau comme bon lui semble, qu’on sache quel visage a réellement Camille Brunelle ou non.

Voilà pourquoi on sort de l’Espage Go en se disant: c’était bien. Mais c’était un peu long. Au moins j’ai pris trois photos avec des comédiens connus qui étaient sur place, je vais pouvoir les mettre sur Facebook et les « taguer ».

 

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