Grain (s)

Critique théâtre: Grain(s) à La Licorne

Prendre une histoire vraie ultra médiatisée et en faire une pièce de théâtre à partir du procès et du verbatim d’entrevues, c’est tout un défi qu’a relevé l’auteure Annabel Soutar avec la pièce Seeds. Prendre cette même œuvre, qui a reçu de nombreux éloges dans sa version anglophone, la traduire et la présenter à La Licorne jusqu’au 22 septembre, c’est pousser le risque à son maximum.

Photo par La Licorne

Grain(s), c’est cette histoire qui a chamboulé le monde entier en questionnant, pour l’une des premières fois, l’usage de cellules modifiées dans notre alimentation. L’affrontement entre Percy Schmeiser, un fermier de la Saskatchewan cultivant le canola, et la multinationale Monsanto, firme de biotechnologie, s’est terminé devant la Cour Suprême du Canada en 2004 et a allumé les passions.

La traductrice Fanny Britt a confié sa mise en scène à Chris Abraham, qui devait relever le défi de susciter et maintenir l’intérêt du spectateur pour cette œuvre de près de 3 heures, avec un texte qui s’adresse au public et interagit avec lui.

L’utilisation de caméras, de projecteurs et de changements de costumes contribue à alléger un sujet plutôt lourd.

La tâche était également ardue pour les comédiens Christine Beaulieu, Bruce Dinsmore, Marie-Josée Gauthier, Mariah Inger, Alex Ivanovici, Cary Lawrence et Guy Thauvette. Ce n’est pas une mince affaire que de réciter les grandes lignes d’un procès, surtout quand on parle d’OGM, d’ADN et de biotechnologie.

 

Une deuxième partie qui demande beaucoup d’attention

Le spectacle débute sur une bonne lancée, qui se poursuivra jusqu’à l’entracte. Les acteurs interagissent avec le public, les questionnent et installent lentement les bases de cette pièce qui deviendra de plus en plus laborieuse au fil des heures.

C’est Christine Beaulieu qui mène le bal en interprétant Annabel Soutar, l’auteure et documentaliste qui a reconstruit cette histoire. Elle nous invite à la suivre dans ses recherches, alors qu’elle part à la rencontre de Percy Schmeiser et de la relationniste de Monsanto. On a également droit à des extraits des différentes étapes du procès opposant les deux partis. Au fil de l’histoire, s’ajoutera à cela l’opinion de scientifiques, qui tenteront d’éclairer l’auteure, de plus en plus fascinée et abasourdie, sur l’impact de la biotechnologie dans nos vies au quotidien.

Grain(s), c’est une pièce qui, au départ, est divertissante tout en étant instructive. Lors de la première partie du moins. Au retour de l’entracte, l’atmosphère est plus lourde, tout comme le contenu des textes à valeurs scientifique et juridique. En plus, ceux-ci sont prononcés pour la plupart du temps avec un accent anglais, ce qui peut faire décrocher le spectateur en fin de spectacle.

Mis à part ces longueurs qui peuvent être difficiles à gérer pour certains et des éléments de divertissement qui auraient dû être mieux répartis tout au long de la pièce plutôt que concentrés au début, Grain(s) est une réussite dans le genre théâtre-documentaire, et sèmera sans doute quelques grain(s) de réflexion.

 

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