II (Deux)

Critique théâtre: II (deux) à La Licorne

Le Théâtre de la Licorne présentait, dans sa petite salle lundi soir, la première de la pièce II (deux), écrite par l’Ontarien Mansel Robinson, mise en scène par Geneviève Pineault et jouée par Elkahna Talbi et Jean Marc Dalpé, qui signe également la traduction. Une pièce qui s’annonce comme étant un suspense policier, mais qui nous laisse plutôt un goût de… rien du tout.

C’est qu’on a du mal à la catégoriser, cette œuvre qui oscille entre le drame (sans être triste), la pièce de réflexion (sans qu’on ait trop envie de se questionner) et l’intrigue (sans qu’on soit assis sur le bout de notre chaise).

On nous propose une scène divisée en deux, avec comme décor une salle d’interrogatoire. D’un côté, Maha, une jeune femme musulmane à l’air coupable, qui a emménagé au pays après avoir épousé un Canadien. De l’autre, son mari, Mercier, un policier plus âgé et qui semble en colère. Tous les deux ont une faute à avouer, mais on apprendra au fil de la pièce que l’une est plus grave que l’autre.

 

Paranoïa mal placée

La trame de l’histoire est bâtie sur les préjugés raciaux de notre société, particulièrement envers les musulmans, et surtout depuis le drame du 11 septembre 2001. Alors que Mercier est taquiné quotidiennement par ses collègues à propos de la nationalité de sa femme, ce dernier commence à avoir des soupçons : que fait-elle réellement pendant ses voyages d’affaires? A-t-elle des connexions avec des terroristes? Et si son mariage était un coup monté?

En effet, Maha a quelque chose à se reprocher. Mais rien qui pourrait l’incriminer aux yeux de la loi. La jeune femme a simplement décidé de quitter son mari parce qu’elle a rencontré un autre homme en voyage. Un homme qui vient de son pays. Un homme comme elle. Mais elle a honte et n’ose pas avouer sa faute. Pendant ce temps, les soupçons ne font que grandir dans la tête de Mercier, et Maha en paiera le prix. Très cher.

Malgré le potentiel de l’histoire, on n’arrive malheureusement pas à être touché ou à se laisser porter par les personnages et leurs propos. On croit plus ou moins que Mercier peut vraiment en venir à être raciste envers sa propre femme. Et cette pièce qui est sensée transporter un suspense n’atteint jamais vraiment d’apogée. On compatit un peu avec le personnage de Maha dans sa torture entre ses origines et son envie d’être traité comme tous les Canadiens, mais pas au point de sauver notre impression finale de la pièce.

II (deux) est présentée jusqu’au 28 septembre Licorne, également avec surtitres en anglais le 21 et 28 septembre.

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