La coopérative du cochon

Critique théâtre | La coopérative du cochon

Pour débuter la troisième année de son cycle italien, le Théâtre de l’Opsis présente La coopérative du cochon, du roman Storie di uno scemo di guerra d’Ascanio Celestini. Traduit, adapté et mis en scène par Luce Pelletier, ce monologue aux multiples déclinaisons nous est raconté par les acteurs Luc Bourgeois, Louise Cardinal, Martin Héroux, Olivier Morin et France Parent.   

© Marie-Claude Hamel

Près de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Italiens sont rationnés, les Allemands reculés, Rome est bombardée.  Au milieu des ruines se dressent un homme et son fils, Nino, dont le seul but se résume à ramasser les mille lires nécessaires à l’achat d’un cochon volé aux Allemands.  Ne possédant pas la somme complète, ils parcourent la ville et créent la coopérative du cochon, ralliant du même coup des personnages meurtris par la guerre et inondés d’histoires surprenantes.

Au fond, le cochon est un prétexte, le centre d’une toile complexe où anecdotes fraient avec l’Histoire, où le cocasse embellit l’horreur.  Les couches temporelles se superposent aussi, si bien que l’on suit tant bien que mal les narrateurs d’aujourd’hui, tantôt petits garçons à la guerre, tantôt descendants des enfants de cette guerre, et on passe tout le spectacle à analyser et à vouloir se situer dans le temps.  Le choix de ce récit en particulier est intéressant en effet, comme le voulait Luce Pelletier, « une histoire sur la guerre, sans pathos, sans larmes ».  Mais le casse-tête reste difficile à déchiffrer.

© Marie-Claude Hamel

À l’intérieur de chaque anecdote et malgré le casse-tête, on vit des moments délicieux, grâce à la spontanéité des acteurs.  Leur participation à un laboratoire mené par la metteure en scène n’est sûrement pas étrangère avec la forme qu’a pris le spectacle ; on aurait dit des enfants qui jouent dans le garde-robe de cèdre de leur grands-parents, se cachant dans les manteaux, revêtant les habits trop grands de vécus trop lourds.

 

© Marie-Claude Hamel

Luc Bourgeois nous enchante dans son rôle de barbier aux mains hollywoodiennes, et plusieurs de ses interventions finissent de prouver son charme indéniable sur scène.  Olivier Morin est crédible sous n’importe quel chapeau, même celui d’un prince barbare à l’accent inqualifiable.  En effet, beaucoup des personnages ont fait croulé de rire l’assistance malgré le cadre dramatique dans lequel ils se retrouvaient.  Des hommes en femmes, des femmes en mouche, tout a été mis en branle pour alléger la teneur des propos.  Sur ce plan, mission accomplie.

Cette fable italienne tragi-comique qu’est La coopérative du cochon réussit à séduire malgré les coqs à l’âne narratifs qui empêchent parfois de juste profiter de l’histoire, histoire qu’il est bon de conserver en mémoire collective.

La coopérative du cochon est présenté du 9 octobre au 3 novembre, sur la scène du Prospero.

Photos en vrac © Marie-Claude Hamel:

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